Chapitre 12

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~ Calypsa ~

L'après-midi a été long, et trop court à la fois.

Avec Néréa, on a beaucoup parlé, on a aussi profité du fait que Nikolas et Zacharya n'étaient pas là pour aller nager, sans prise de tête. Ça nous a fait du bien, on n'avait pas eu un moment simple comme celui-ci depuis longtemps, à seulement rire et profiter des merveilles de l'océan. Avant toute cette histoire, en fait. Et je pense que ça nous a fait le plus grand bien. Mon amie a eu l'air heureuse pour la première fois depuis longtemps. Je crois que, jusqu'ici, elle ne s'autorisait pas à être joyeuse compte tenu des circonstances. Mais là, elle m'a donné l'impression d'être libérée.

Ça m'a étonné comme elle a été rapidement d'accord avec ce que je disais. Je sais qu'elle n'en fera qu'à sa tête malgré ce qu'elle a dit, je la connais trop pour ça. Faire confiance, ce n'est pas son truc.

J'entre dans la maison à la suite de Zacharya, toujours perdue dans mes pensées. Ce n'est qu'en le voyant dans la cuisine à me regarder avec un petit sourire, que je réalise qu'il me parlait.

— Pardon, j'étais ailleurs, dis-je, confuse.
Il rit doucement.
— J'ai vu ça. Un problème ? Tu veux en parler ?

Je soupire en me laissant tomber sur le canapé.

— Il n'y a rien de grave, ne t'inquiète pas. Je suis juste anxieuse pour Néréa. J'ai peur qu'elle ne réussisse pas à se faire à la situation, ou, comme je la connais, qu'elle fasse une bêtise.

Venant s'asseoir à côté de moi, il pose ses coudes sur ses genoux, se frottant la joue d'une main.

— Quel genre de bêtise ? Je peux comprendre qu'elle a du mal avec tout ça, il y a de quoi, quand on y réfléchit. Mais j'espère qu'elle ne fera rien de grave.

Comprenant où il veut en venir, je secoue la tête pour dissiper son début d'inquiétude.

— Je ne pense pas qu'elle ira jusqu'à se faire du mal, rassure-toi. Mais elle serait capable de prendre la fuite, ou tout un tas de choses dans le genre. Avec elle, il faut s'attendre à tout.

Nous restons silencieux quelques instants, puis une ébauche de sourire naît sur ses lèvres, et son expression s'adoucit.

— Tu es vraiment protectrice envers elle, n'est-ce pas ?

Mes lèvres esquissent un sourire à leur tour. Je me doutais qu'il finirait par remarquer ce côté de moi.

— C'est vrai. Comme je l'ai dit, nos mères ne sont pas un modèle de tendresse et de compréhension. Moi, j'ai ma petite sœur avec qui partager ce genre de moment de bonheur, mais elle, elle a été seule. Du coup, j'ai toujours tout fait pour qu'elle ne se sente pas à part de nous. Pour qu'elle aussi, elle se sente aimée.

J'avais du mal à décrire ce que je ressentais. Cet élan protecteur qui me prenait quand il s'agissait de ma meilleure amie. Je ne savais même pas quand ça avait commencé. Peut-être avant l'adolescence, quand nous avons dû commencer à se préparer pour diriger le clan ? Ou avant ça, enfants, quand sa mère la laissait seule après un énième cauchemar et que ses pleurs s'entendaient dans tout le Coral ?

— Je trouve ça touchant et émouvant que tu te sois occupée d'elle.

Je lui souris, et il me le rendit. Lui trouvait tout ça beau, mais moi, j'étais heureuse qu'il ne trouve pas ça étrange. Qu'il ne pense pas que c'était « trop » comme beaucoup ont pu me le faire remarquer au fil des années.

Combien de fois m'avait-on fait remarquer que je n'étais pas sa mère ? Ou répéter que j'en faisais trop, que je la couvais ?

Mais, hormis Cataleya et Loumeria, personne ne comprenait. Ils ne la connaissaient pas comme nous. Sous ses apparences farouches, Néréa n'était rien d'autre qu'une petite fille ayant toujours cherché l'approbation de sa mère, jusqu'au jour où elle a compris qu'elle ne l'obtiendra qu'en oubliant qui elle est. Alors elle a laissé tomber, même si je sais que cela la fait souffrir.

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant