Chapitre 9

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~ Néréa ~

Toute la soirée, j'ai dû faire des efforts pour sourire. Mes amies ont essayé de me faire danser, et quelques fois, j'ai réussi à oublier l'espace d'une seconde la situation dans laquelle je me trouve.

Mais là, maintenant, alors que je suis Nikolas à travers les arbres, éclairés par une simple lanterne, je dois forcer mes poumons à respirer. La crise de panique menace de faire surface, malgré toute la volonté que je mets à la repousser.

Nous marchons depuis une dizaine de minutes quand je vois enfin des lumières. Une maison se trouve là, face à la falaise, éloignée de toute autre habitation.

Pourquoi se trouve-t-il si loin des autres ?
Cet isolement n'arrange pas mes nerfs à fleur de peau.

Je le suis à l'intérieur du chalet ; là, il pose la lampe sur une petite table en bois, juste à côté de l'entrée. Nous restons quelque secondes silencieux, à se regarder. Mes sacs sont posés près d'un canapé marron, quelqu'un a dû les amener pendant que tout le monde était occupé à dîner et s'amuser.

Nikolas se racle la gorge.

— Je vais chercher du bois pour le feu, tu as besoin de quelque chose ?

Je me contente de secouer la tête.

— D'accord... N'hésite pas à t'installer, tu es chez toi.

Puis, après un dernier regard, il sort en fermant doucement la porte derrière lui. Je lâche un profond soupir, soulagé de pouvoir souffler un peu. Son absence atténue ma panique, et je commence à observer ce qui m'entoure d'un air curieux. Un mur se trouve d'un côté de la porte, et de l'autre, le salon ouvert semble chaleureux. Un couloir lui fait face, séparant en deux ce côté-ci de la maison. Trois portes s'y trouvent. Le long du mur voisin se trouve la cuisine. Tout se trouve dans des tons de bois caramel, avec quelques touches de marron et de beige ici et là. Je m'avance vers la cuisine et observe les dessus de meuble en marbre gris foncé. L'ensemble est plutôt harmonieux, je ne m'étais pas attendu à ce que ce type ait un semblant de goût, quand il s'agit de déco. Bien sûr, l'endroit n'a rien à voir avec le Coral et ces couleurs pastels lumineuses...

Je soupire. Si mon chez-moi commence déjà à me manquer, dans quel état serai-je après plusieurs jours, semaines ou mois ?

Sentant les larmes menacer de couler, je m'appuie des deux mains sur l'îlot central. Je ne dois pas commencer avec ces pensées déprimantes. Je dois être forte. Pour ma famille, mes amies, mon peuple.

Je ne dois pas oublier que, si j'ai dû subir ça, c'est pour eux.

Et aussi parce que je me dis que, maintenant, peut-être qu'on arrêtera de me traiter comme une enfant, et qu'on me donnera les véritables informations quant à ce qu'il se passe chez notre ennemi.

La porte s'ouvre et je sursaute. Nikolas entre, les bras chargés de plusieurs morceaux de bois. Sans un mot, il se dirige vers la cheminée, et commence à préparer le feu. Quelques minutes plus tard, un foyer brûle dans l'âtre, faisant se dessiner des ombres aux endroits les moins éclairées de la pièce. Il se relève en frottant ses mains l'une contre l'autre. Tout à coup, il me remarque, clouée au sol par une force invisible.
Ou plutôt par la peur qu'il m'approche.

Lâchant un soupir, il se gratte la tête puis me regarde.

— Tu veux sûrement aller te laver, j'imagine, s'exclame-t-il. La journée a été longue.

Tout le sang quitte mon visage, alors que je reste à le fixer. Mon dieu, mais pour qui se prend-il ! Il croit que je vais gentiment aller me doucher avec lui ?!

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant