Chapitre 20

419 42 17
                                    



~ Néréa ~

Aujourd'hui, Nikolas a été absent, d'après ce que Carmela m'a appris en me rendant visite, deux membres de leur clan ont disparus. Ils auraient du revenir faire leurs rapports après leur patrouille de nuit mais personne ne les a revus. Plusieurs loups sont donc partis à leur recherche.
Ayant donc toute mon après-midi pour moi, j'ai decidé d'aller voler un peu. Je ne veux pas reproduire ma dernière mésaventure, je ne suis peut-etre pas en accord avec la situation, mais je ne suis pas suicidaire ! Du coup, depuis que cela s'est produit il y a dix jours, je prends le temps d'aller voler ou nager, même si ce n'est que trente minutes dans la journée. Nikolas aussi, veille à ce que je fasse attention. Son inquiétude à mon réveil reste gravée dans ma mémoire. Les choses se sont quelque peu améliorées entre nous, j'essaye de faire des efforts, et même si nous ne sommes pas  « proches », on échange de plus en plus, les repas sont moins gênants que ceux que l'on échangeait avant l'évènement. Ça a vraiment changé quelque chose entre nous.

Il est rentré très tard. L'entendre parler avec d'autres personnes m'a réveillée, mais je suis restée dans ma chambre, entrouvrant la porte pour essayer d'apercevoir discrètement ce qu'il se passe. Tout ce que je vois, c'est l'air fatigué de Nikolas et des hommes qui l'entourent, ainsi que l'étincelle d'inquiétude dans son regard, qui commence a devenir presque familière.
Il finit par dire au revoir à ses compagnons, les raccompagne à la porte, puis rejoint sa chambre en se frottant le visage, l'air las, totalement inconscient de ma présence. Il referme doucement derrière lui et je fais de même en allant m'assoir sur mon lit.
Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la compassion pour lui. Des personnes qu'il connaît, certainement des amis, ont disparu. Que ferais-je si Calypsa, Loumeria ou Cataleya étaient introuvables ? Je n'ose même pas répondre à cette question.
Laissant échapper un soupir, je me glisse à nouveau sous les draps, espérant réussir à gagner quelques heures de sommeil de plus.

~~~

Il est quatorze heures quand Nikolas émerge enfin, il entre dans la cuisine et voit une tasse de café fumant au bout du comptoir ( que je viens de servir) et il me dévisage, alors que je suis assise à table occupée à grignoter une pomme.

— Quoi ? J'ai entendu que tu étais rentré tard, je me suis dit que tu en aurait besoin, dis-je avec un haussement d'épaules, l'air désinvolte.

Il a  l'air septique quelques instants, et je ne peux pas lui en vouloir de se méfier. Après tout, je l'ai bien menacé de lui couper les parties, donc un empoisonnement est presque anodin en comparaison. Mais, étonnamment, un sourire naît sur son visage quand il le relève vers moi.

— Merci, s'exclame-t-il après avoir bu une gorgée. C'est vrai que j'en avais envie.

Je lève un sourcil. Qu'il ne me taquine pas sur une potentielle tentative de meurtre est presque choquant de sa part, lui qui s'en amuse tellement d'habitude.

— Tu n'as pas peur de ce que j'aurai pu mettre dans cette tasse ?

Il se laisse tomber sur le canapé, posant un bras sur ses yeux.

— Honnêtement ? Je suis trop épuisé pour chercher à savoir, je vais me contenter d'espérer que tu aies pitié de moi et m'épargne, au moins aujourd'hui.

Je me lève pour m'assoir dans le fauteuil face à lui, observant ses traits. La fatigue se lit sur son visage tiré, ainsi que son inquiétude qui ne l'a visiblement pas quitté pendant son sommeil.

— Vous ne les avez pas retrouvés ? demandé-je d'une voix douce.

Il soupire en secouant la tête, posant ses avant bras sur ses genoux, et regarde la tasse entre ses mains comme si elle contenait les réponses aux questions de l'humanité. Alors que je m'attends à ce qu'il reste silencieux, il reprend la parole.

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant