Chapitre 18: La Veillée.3

143 6 0
                                    

« T'es prête ?

-Prête ! »

Je sors de ma poche les deux brassards que j'ai créé pour nous deux. Nous sommes devant la porte de la salle où se déroule la veillée. C'est la salle des fêtes de la mairie de New York. Je jette un regard derrière moi en direction des vestiaires où j'ai dû laisser ma valise et la veste de May. J'ai eu un peu de mal à me séparer de la veste de ma tante; c'était un peu comme l'abandonner définitivement. Je me suis vite ressaisie, je ne voulais pas passer pour une enfant pleurnicharde face à la femme qui s'occupe des vestiaires. En même temps, je penses qu'elle ne s'est même pas rendue compte de notre présence. Je ne sais pas si c'est dû à sa partie de Candy Crush ou... à autre chose. Et puis, ma veste, je la récupérerais dès la fin de la veillée.

Après avoir épinglé nos brassards à nos bras, Mia et moi décidons de compter jusqu'à trois avant d'entrer. À deux, cependant, Mia m'interromps soudainement. Elle avance jusqu'à la porte pour regarder par les petites fenêtres. Je me frappe le front. Mon amie me fait signe de venir regarder avec elle. Ce que je fais. J'observe les gens de l'autre côté de la porte, tous sont habillés en tenue chics noires ou dans des teintes similaires. Quelques personnes dansent, mais la plupart sont par petits groupes immobiles sur le côté. Puis quelques chose attire mon attention sur le bras d'un adolescent. Un brassard, presque identique à ceux que Mia et moi abordons. Je regarde plus attentivement les personnes présentes dans la salle, et remarque que presque toutes ont suivi le mouvement que nous avons lancé. Mia et moi échangeons un regard en souriant, fières de notre coup. Et nous entrons.

Franchement, cette soirée craint. Bon, je sais que c'est une veillée funèbre mais le but de ce rassemblement est aussi de montrer que la vie continue. Depuis une petite heure, debout dans un coin, Mia et moi nous nous amusons à pirater l'ordinateur du DJ. C'est amusant de le voir s'énerver quand une musique qu'il n'a pas choisi se fait entendre. Quelqu'un monte sur une petite estrade placée contre un mur dans le fond de la salle. Je range mon téléphone, avec lequel nous (enfin je) pirations le DJ, et Mia et moi nous approchons de la scène. Mon amie me demande qui est sur l'estrade, je hausse les épaules pour lui signifier que je ne sais pas. Ce doit être le maire, quelqu'un de la mairie ou bien le directeur d'un des établissements à l'origine de cette veillée. Cette personne mystère s'éclaire la gorge et entame un discours:

« C'est une triste tragédie qui nous rassemble en ce lieu. Il y a un mois, la moitié de le population mondiale est partie en poussière, littéralement. Nous vous avons convié ici car le monde doit continuer à tourner. Je ne minimise pas la perte subie. Nous avons tous besoin de faire notre deuil. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut arrêter de s'instruire. C'est pour cela que tous les établissements scolaires New-yorkais et la plupart des établissements du pays rouvrirons leurs portes dès lundi. Je vois bien vos expressions mais la décision ne vient pas de moi. Maintenant, nous allons rendre hommage à tous ceux qui ne sont plus là. Vous allez pouvoir allumer des bougies et déposer des fleurs sur cette scène. »

Des applaudissements polis se font entendre et je me joins à eux sans grande conviction. Cet homme n'a, de toutes évidences, aucune expérience de discours. J'aurais pu en écrire un mieux (peut-être). Mia et moi nous glissons dans la file pour prendre des fleurs et des bougies. Une fois devant la table sur laquelle sont posées les fleurs, j'hésite. Toutes ces fleurs sont tristes. le genre de fleurs qui disent « Un catastrophe est arrivée ». En tendant la main vers un bouquet de roses je découvre une petite plante grasse cachée derrière. Je souris, repose les roses et prends cette petite plante perdue. Je prends également une bougie. Je repère un coin de l'estrade où il n'y a personne et m'y dirige. Je m'accroupis et dépose ma plante et ma bougie. En allumant cette dernière, je récite un poème que May aimait nous réciter:

« Comme les anges à l'œil fauve,

Je reviendrai dans ton alcôve

Et vers toi glisserai sans bruit

Avec les ombres de la nuit;


Et je te donnerai ma brune,

Des baisers froids comme la lune

Et des caresses de serpent

Autour d'une fosse rampant.


Quand viendra le matin livide,

Tu trouveras ma place vide,

Où jusqu'au soir il fera froid.


Comme d'autres par la tendresse,

Sur ta vie et ta jeunesse,

Moi, je veux régner pas l'effroi.


J'ai entendu ce poème à toutes les sauces, pas vrai May ? Mais je ne l'ai jamais entendu sonner plus juste qu'aujourd'hui. »

J'essuie un larme sur ma joue.


➿➿🔸➿➿

 Oui, je sais je vous avais dit qu'il y aurai de l'action dans ce chapitre, et je voulais en écrire, mais ma plume (mes touches enfaite) a dérapé  et j'ai écrit ça. J'essaierai d'en mettre dans le prochain. Ah, oui, je voulais parler du poème. Je tiens à signaler que c'est un vrai poème qui existe déjà et tout, c'est Le Revenant de Baudelaire (Les Fleurs du mal) (pour les curieux.euses). Je sais qu'il fait un peu.... peut-être pas assez.... mais j'ai trouvé qu'il correspondais plutôt bien. J'ai hésité à supprimer le deuxième paragraphe mais je me suis dit que c'était mieux de mettre le poème en entier. Bon bah au revoir.

-944-

-938- avant révision le 2/12/2022

TwinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant