8. Honor

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— Tu peux m'attendre ici ?

Elijah pencha légèrement la tête sur le côté. Ses longs et magnifiques cheveux glissèrent sur son épaule et l'espace d'un instant, je me fis force pour ne pas tendre le bras et passer ma main à travers sa chevelure. Oh, il ne s'en serait pas formalisé le moins du monde, mais tout de même. Je savais me tenir. Enfin ; un tant soit peu tout de même. Elijah avait le don de pousser les gens à être sur leur garde.

— Rien ne me vient de cet endroit, souffla-t-il. Aucun son.

Pour autant, il ne bougea pas. Je tendis l'oreille à mon tour, mais l'absence de bruit ne voulait pas dire grand-chose. En tout cas, pas pour moi. Nombre de louves cherchaient à se cacher jusqu'à ce que je les trouve et emporte l'enfant dont elle ne voulait pas. Je connaissais ça.

Tout de suite, le visage d'Aleksey m'apparut. Allait-il revenir ? Allais-je pouvoir... tenter d'être quelqu'un pour lui ?

Ma main se retrouva sur le biceps d'Elijah. Aucune réaction de sa part. Pas même un sursaut.

— La note date de ce matin ; tout ira bien.

Elijah n'était pas rassuré. Surtout pas avec sa dernière visite. Néanmoins, je savais ce que j'avais à faire et malgré sa présence, ça ne changerait rien pour moi.

Un nouveau-né avait besoin de moi. Elijah hocha la tête.

— Je ne bouge pas.

Je souris et le laissais là pour grimper la volée de marches en direction de l'appartement où je devais retrouver la louve. L'escalier grinçait sous chacun de mes pas et j'avais cette impression que l'immeuble en son entier était vide. Ce qui n'était pas très rassurant. Mais qu'est-ce que ça voulait dire ? Nous étions dans une ville où le travail était rare et où beaucoup de gens ne vivaient pas ; ils survivaient.

Ce n'était pas la première fois que je venais ici. Et sans doute pas la dernière.

Je me retrouvai devant une porte. Elle était fermée. Je frappai une fois. Attendis avant de recommencer. Il ne semblait y avoir personne.

Le doute aurait dû s'insinuer en moi à cet instant. Il aurait dû me pousser à appeler Elijah. Même si je doutais en avoir ne serait-ce que besoin. À la moindre bizarrerie, il rappliquerait ni une ni deux. Ce n'était pas la première fois que je bougeais avec lui. C'était un homme de confiance et un ami. J'aimais sa compagnie et son silence. Elijah ne parlait que lorsqu'il en éprouvait un réel besoin. Le reste du temps, il n'était que présence bienveillante. Ce qui me suffisait.

J'abaissai la poignée et repoussai la porte.

— Anita ?

Même si je n'avais jamais vu la louve, son prénom ne m'était pas inconnu. Personne ne me répondit. L'appartement était vide.

Aucun meuble, hormis un matelas posé à même le sol dans une des pièces, quelques couvertures jetées à la hâte dessus. Je regardais partout, tentant de déceler quoi que ce soit. Mais c'est comme si personne n'était jamais venu.

Comme si Anita n'avait jamais été là.

Aucune odeur dans l'air. Rien qui prouvait que quiconque ne soit jamais entré ici. Pourtant, c'était forcément le cas.

Je m'avançai dans ce qui aurait pu être le salon ou la chambre. La fenêtre donnait sur une ruelle sans issue.

Pourquoi n'y avait-il personne ?

La note avait été aussi concise que d'habitude. Pas besoin de plus quand il s'agissait de récupérer un enfant, nouveau-né ou pas.

Les raisons de cet abandon m'apparaissaient bien souvent une fois que je me retrouvais face à la génitrice. De là, je pouvais apprendre énormément. Ou me retrouver devant une impasse.

DE SANG ET D'ARGENT T7 Half of a man [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant