DE SANG ET D'ARGENT T7 Half of a man [Terminée]

4.2 Honor

Il y avait beaucoup à dire. Je lui racontai tout ce que je savais, sans omettre le moindre détail. Je lui dis qu'il fallait qu'il pose des questions à Némésis Swanson, elle plus que quiconque savait tout. Étant donné sa position, cela ne pouvait en être autrement. Elle était restée des années avec Benjamin, qui était un puits infini de savoirs et de souvenirs.

Je lui racontai les conflits avec les humains. Avec ceux qui ne nous acceptaient pas.

Je lui parlai d'anecdotes et de potins. Il rit. Se crispa à certaines histoires, surtout lorsqu'il fut question de ses frères.

C'était comme apprendre à un enfant. Il assimilait tout en un temps record, posant des questions lorsqu'il voulait en savoir plus ou lorsqu'il ne comprenait pas.

Il revint souvent sur l'Éthérée, sur son fonctionnement et sur les Chasseurs. Je me fis la promesse de lui faire rencontrer Elijah et Amalia.

— Même d'ici tu sais tout cela, souffla-t-il, comme émerveillé.

Il était penché en avant, tout comme moi, et ce fut à cet instant que je me rendis compte qu'il me tenait la main.

Il baissa son regard en même temps que le mien et détourna la tête, gêné. Je ne comprenais pas comment tout pouvait être aussi naturel. Qu'il me touche et que cela ne me semble pas déplacer.

Était-ce normal ?

Après tout ce qu'il m'avait avoué, je n'aurais pas dû... mais je n'y réfléchissais pas. C'était... naturel.

— Je me tiens informé. Lorsque les gens viennent à moi, ils me racontent ce qui se passe partout dans le pays. Le Gardien, Benjamin, Shay, tous. Et lorsque c'est moi qui vais dans le pays, j'écoute et j'apprends.

Son sourire.

Qui me donnait envie de sourire à mon tour. Qui me rendait heureuse.

Un picotement le long de mon bras. J'écarquillai les yeux en retirant ma main de celle de Priam.

— Priam...

Il fronça les sourcils et l'instant qui suivit, Vadim était dans la cuisine. De toutes les fibres de mon être, je vis le corps de Priam se tendre.

Pas à la façon du prédateur se préparant à sauter sur sa proie pour l'égorger. Non, c'était autre chose.

Je fus prompte à réagir avant que mon corps ne le fasse de lui-même et m'empêchai de toucher Priam pour l'apaiser.

Pour lui dire que ce n'était rien, que tout cela ne... comptait pas ?

Le froid en moi. Trop dur. Trop présent. Je levais mon visage vers Vadim et souri.

— Je ne savais pas que tu avais de la visite, dit-il.

Il s'avança et se pencha pour déposer un baiser sur ma joue. Mon souffle était coupé dans ma gorge alors que Priam me fixait. Que ses prunelles m'incendiaient et me faisaient mal par toute la souffrance que je pouvais y lire.

Pourquoi ?

Il me regardait. Droit dans les yeux. Droit dans mon âme.

— Huyana.

Je m'agrippai à lui. Je le tenais si fort, si brutalement. Ne lui faisais-je pas mal ? N'allais-je pas laisser des marques sur sa peau ?

Je ne voyais pas son visage, mes yeux gorgés par mes larmes. J'avais si mal à l'intérieur. Si froid. Et même alors qu'il me touchât, ça ne changeait rien.