Un mois et demi plus tard,
Le marché de Newberry n'était pas très grand, ni même étendu, mais il demeurait convivial pour quiconque venait y flâner, moi la première. Les étales se voulaient épurées pour certaines et engorgées pour d'autres, offrant pléthore de fruits et légumes en tout genre, mais aussi de babioles ou de vêtements pour qui en avait besoin. Pendant de nombreuses années, nous avions eu notre propre stand pour y proposer nos récoltes, mais aussi quelques objets façonnés par les plus débrouillards des enfants. Mais au fur et à mesure, nous avions tous préféré venir ici pour slalomer entre les badauds, tenant fermement les mains des plus petits qui n'atteignaient pas encore tout à fait trois pommes de hauteur. Alors une fois par mois, le samedi matin, c'était jour de marché et à la maison, le branle-bas de combat pour préparer tout le monde et fourrer tout ce joyeux cirque dans les voitures. Nous ne pouvions atteindre la ville à pieds, pas avec les enfants en tout cas.
Plus loin devant moi, Jashue souleva Eamon pour le mettre sur ses épaules et ce dernier éclata de rire en tapant dans ses mains, dépassant soudain tout le monde, pouvant ainsi observer à loisir et tout voir. Je baissai les yeux sur Bijan, sa main dans la mienne, qui se collait parfois à mes jambes quand quelqu'un passait trop près. À sept ans, il allait à l'école depuis quelques années et venait donc tous les jours de la semaine en ville, pour aller à l'école avant de rentrer le soir. Bijan était un petit garçon très intelligent qui adorait la lecture et apprendre toujours plus. Parfois, il déboulait dans la cuisine, un livre à la main et nous interrogeait sur tout et rien. Ces derniers temps c'était les calmars qui faisaient la part belle à tout le reste. Ce n'était même pas pour un travail avec la maîtresse, seulement ces mollusques l'intéressaient et il ne cessait d'apprendre aux autres qu'ils s'agissaient de céphalopodes, qui en gros signifiaient que leur tête était munie de tentacules, aussi appelés bras.
Avec lui, nous en apprenions tous les jours et parfois, il nous fallait feindre de ne pas savoir, ce qui le rendait d'autant plus heureux. Enfant très calme, il avait ce côté un peu solitaire qui le poussait à se mettre dans un coin pour être tranquille et il n'était pas rare que je le retrouve endormi dans la baignoire, son dernier livre en date sur les jambes.
Voyant que la plus grande s'était arrêtée devant un stand de bijoux fait main, je tirai Bijan à ma suite pour me retrouver auprès de Macey. Elle avait seize ans et ne cherchait pas à ressembler à une femme, comme certaines filles de cette époque. Visage encore arrondi par l'enfance, des yeux clairs et limpides, son visage était parsemé de taches de rousseurs et elle avait une bouche fine qui, lorsqu'elle pinçait les lèvres, semblait disparaître, ne formant à peine qu'une mince ligne. Macey était ronde et jolie, avec des formes qui se développaient encore, la faisant lentement sortir de l'adolescence pour l'amener à la prochaine étape de sa vie. Caractère farouche, mais très doux, Macey avait un côté apaisant pour les petits qui recherchaient souvent sa présence, son attention. Quand elle en avait envie, elle s'occupait d'eux, mais lorsque ce n'était pas le cas... et bien disons qu'il n'était pas facile d'avoir une ado en crise à la maison. Je connaissais son géniteur et soupçonnais sa génitrice d'avoir été l'Eranthe de la meute. Il y avait cette sensation qui se dégageait d'elle, me poussant à me poser des questions, à m'interroger sur sa nature profonde comme je me devais de le faire.
— Quelque chose te fait envie ? demandai-je après avoir salué la femme de l'autre côté de l'étale.
— J'aime beaucoup ce collier, souffla la jeune louve, se penchant pour observer une pierre finement taillée, entourée de fils de fer.
— C'est vrai que c'est joli, admis-je, regardant le reste d'un simple coup d'œil. Prends-le.
— Je peux ?
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DE SANG ET D'ARGENT T7 Half of a man [Terminée]
Hombres LoboDE SANG ET D'ARGENT TOME 7. « - Tu reviendras ? La peur. Là, dans mon ventre. La terreur. Celle d'être abandonnée. D'être laissée derrière. Il ne se retourna pas, ne m'offrant que son dos. - Tu reviendras, Raj ? » Honor est une Obedentier ; branche...