Chapitre 5 : Rick

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Quelques années ont passé depuis la venue de la gigantesque créature. Le village a une nouvelle fois été reconstruit, et les gens se sont remis sans oublier.

Kel, de son côté, continue de travailler. Il se rend de façon journalière aux champs. Là-bas, il a appris à ignorer toutes les remarques désagréables sur son éventuelle implication dans les terribles événements. Ses détracteurs se basent sur sa force bien supérieur aux autres. Sa force, qui le différencie de la masse, le désigne être comme une source potentielle de futur problème.

Tous les matins, Kel se lève et rejoint le vieux Gil dans sa forge improvisée. Il y récupère des outils grossièrement rafistolés par l'ancien fermier. Ce dernier use de ses faibles compétences dans le domaine pour se rendre utile :

— Et voilà pour toi la calamité, c'est tout ce qu'il y a à livrer pour aujourd'hui, et ça fait déjà beaucoup.

Le vieux Gil pose le dernier outil rafistolé sur le comptoir. Les deux interlocuteurs se retrouvent séparés par une pile d'instruments. Cette imposante quantité d'outil représente un poids trop élevé pour un adultes normalement constitué. Mais le vieux Gil connaît que trop bien le jeune Kel, il n'est alors pas rassuré.

Le jeune garçon, considéré au village comme étant à présent un jeune homme prend les devants :

— Ne m'appelles pas "la calamité" veux-tu. Les autres le font déjà bien assez. Et je ne te parle même pas de ceux de mon âge, car ceux-ci s'y donnent à coeur joie.

— Alors ne me traites pas de vieux !

— Mais tu es vieux.

— Ferme donc ton claque merde. Si mes guiboles me le permettaient encore je te délivrerai une bonne série de coups de pied au cul jusqu'à ce que le p'tit merdeux que t'es atteigne les champs !

Les mots du vieux Gil ne sont animés d'aucune forme de haine, et pour cela, ils n'ont qu'un faible impacte. En réalité, l'ancien fermier qu'il est, apprécie beaucoup Kel. Il est l'une des rares personnes à ne pas l'avoir abandonné et ignoré après que ses jambes aient perdu leurs forces. L'état de ces dernières ont fait qu'il ne peut plus se rendre aux champs.

Le vieux Gil s'exprime souvent sur le fait que les gens sont cruels. Au fond de lui, il en veut à tous ses anciens collègues avec qui il était si proche. Maintenant, ils se contentent de l'ignorer, et ne lui rendent pas même une seule visite. Pour palier à sa frustration de ne plus être utile, il s'est lancé dans la réparation d'outils. Cela lui permet entre autre de ne pas sombrer dans l'ennuie.

Au cours de la deuxième calamité, le forgerons du village a été dévoré. L'ancien fermier a donc ajouté une corde à son arc et a appris ce métier. Cela est la seule chose qu'il a trouvé pour se sentir de nouveau utile à la communauté. Et les visites journalières de Kel lui apportent un réconfort qu'il se refuse d'avouer :

— Sauf que t'es vieux le vioc ! Clame Kel, récupérant tous les outils en une seule étreinte. Je te laisse sinon je vais arriver en retard aux champs, à demain !

Kel quitte les lieux, laissant le vieux Gil entamer une autre de ces journées interminables teinté de solitude.

Kel empreinte, comme tous les jours, des passages désaxés et délaissés. Grandement dépeuplés, il les emprunte dans le but et l'espoir de n'y croiser personne. Dans ces ruelles il y trouve la place de circuler bien que lourdement chargé. A ceci prêt que chaque jour, juché aux fenêtres, des personnes âgées, d'un regard emplit de jugement, l'observe passer en silence. Leur nombre, au fil des années, n'a jamais diminué. Kel comprend rapidement, que malgré leurs regards, ils apprécient l'activité que son passage journalier apporte. Dans ces ruelles moroses, loin de l'activité de la rue principal, cela alimente les ragots de ces gens pour une bonne matinée.

[abandonné] L'Entre Trois - Tome.1 - Le route à suivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant