Chapitre 13 : Le camp

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Quelque part dans la forêt, deux hommes équipés pour guerroyer, se tiennent non loin d'un camp. L'un des deux hommes est assez jeune et plutôt maigre, tandis que le second est plus âgé et bien portant. Ce dernier présente sur le visage et les bras plusieurs cicatrices plus ou moins anciennes :

— Mais du coup, c'est nous qui participons à l'élargissement des frontières du royaume ? Demande le plus jeune.

— Calme toi l'bleu. Si tu t'attends à ce que l'royaume de Loterrois nous récompense à la hauteur de nos accomplissements, tu t'fourres le doigt où j'pense.

— Pourtant, cette expédition à travers cette forêt de chênes ne s'ferait pas sans nous.

— Te crois pas si indispensable que ça l'bleu. Si c'était pas nous ce s'rait un d'nos concurrent. Et puis on n'est pas les seul à protéger le cul d'ce bourgeois de Pouchard, r'garde donc ces chevaliers.

— C'est donc eux qui nous vole le mérite !

— Tu as tout faux l'bleu. Qu'ce soit ces chevaliers ou nous autres mercenaires, on n'verra pas l'ombre d'une reconnaissance de la cour royale. Par contre, pour ce qui est d'ce cul brillant de bourgeois, c'est une autre histoire.

— Je vois. Dit le plus jeune, plongeant quelques instants dans le silence. Regarde donc ces esclaves, ils pourraient pas bosser plus vite ? Les coins sont pas sûr et j'ai pas envie d'me faire boulotter pour rien.

— M'en parle pas, j'ai des frissons rien que d'voir leurs peaux.

— Comment ils peuvent vivres avec cette couleur ? Non mais sérieux, tu t'imagines être comme eux ? Avec la peaux toute rouge.

— J'imagine pas non. Et puis j'préfère pas penser à ces êtres démoniaques.

— Ouai enfin j'aimerais bien qu'ils se bougent le cul. J'les trouve lent à couper ces chênes. Les pavés sont vite posés, mais pour ça, faut défricher. Que c'est long ! Tu vas voir qu'on va s'prendre autre chose qu'ces grandes oreilles de Lagopix dans le coin du nez !

— Tiens, tu les appelles par leur nom académique toi ? Mais me parle pas d'malheur l'bleu. La s'maine dernière tu n'étais pas là mais, le Michou, un gars à nous, cané qu'on l'a retrouvé, et à moitié bouffé qui plus est. Une fée qu'a fait ça, pour sûr. Mais l'cul brillant de bourgeois, "des histoires" qu'il a dit qu'c'était. "les fées n'ont jamais été vu dans cette forêt" Qu'il a dit. Pauvre Michou, bouffé vivant qu'il a été, ignoré par le cul brillant qu'il se retrouve. Il avait pas b'soin de ça.

— Merde.

— Comme tu dis.

— Plus jamais j'vais pisser trop loin du camp.

— Ouai ben viens pas pisser sur les tentes non plus.

— Pfff, ils pourraient pas au moins cacher cette peau rouge ? C'est inhumain.

— Ils devraient prendre exemple sur les bleu barbeau. Eux au moins, ils se sont tout d'suite inséré dans la société. Des bons gars ces bleu barbeau, j'te l'dis.

— Ouai !

— M'ouai !

Un long silence persiste entre les deux hommes :

— Ils arrivent quand les nouveaux esclaves ?

— Dans pas long, et avec des peaux pâles.

— Sérieux, j'en ai jamais vu !

— En même temps, tout ceux qu'on avait ont cané avant que tu n'arrives. Puis en plus, on les a déjà cramé. T'es vraiment un bleu l'bleu !

— J'ai l'impression que tu m'traite de bleu barbeau quand tu dis ça.

[abandonné] L'Entre Trois - Tome.1 - Le route à suivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant