Chapitre 21 : Vaincu d'un seul coup par un nabot

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Jean s'apprête à saisir une occasion en or pour se bâtir une porte de sortie. Mais il est pris de court par une voix qui se fait inopinément entendre :

— Mais je te reconnais, t'es le cocher du Pouchard ! Alors, il devient quoi le maître du pavé, hein ? Ha, ha, ha ! Dit un homme d'une imposante stature, d'une grande taille et d'un ventre bedonnant. Alors, ça travaille encore avec les démons ? Il t'ait pas poussé une paire de cornes ? Ha, ha !

Cet homme rejoint leur table, y amène son tabouret et prend place :

— Ou alors, ils ont fini par t'assigner à un cul de neige de Guorou. Ha, ha !

Le cocher, appelé "maître du pavé" par cet homme, se retrouve dans une position qui lui fait perdre toute capacité de réflexion. Son regard habituellement emplit de défi, est à présent remplacé par de la détresse. Il se met à regarder Jean avec insistance et garde le silence, de peur de dire une bêtise :

— Ben alors, t'as perdu ta langue ?

Puisque ce qu'il avait prévu tombe à l'eau, Jean se retrouve à devoir réfléchir à la situation. L'apparition de cet homme à la stature imposante, vient alors chambouler ses plans. Utiliser les moqueries proférées envers Kel pour prétexter un départ sous le coup de la honte, lui semble ne plus suffire.

Les propos de cet homme pris en compte, l'attaque verbale envers les Guoroux lui semble problématique. Cela a, de par la présence du jeune trio, le potentielle de créer des problèmes. Jean se doit de prendre toutes les composantes de la situation en compte. De la plus simple à la plus imprévisible.

Rapidement, un léger sourire se dessine fugacement sur le coin de ses lèvres. Jean voit là, une opportunité qu'il décide de saisir :

— Laissez-le je vous pris. Et par la même occasion, profitez en pour cesser d'être aussi désobligeant envers les Guoroux. Après tout, vous ne savez rien d'eux. Vous vous comportez comme des animaux face à un homme de paille. La différence et l'inconnu vous fait sombrer dans un niveau de réflexion pas plus haut que celui d'un animal.

— Tsk ! Encore un de ces escorteurs défenseurs d'abomination.

— Ils ne vous ont rien fait mais vous les appelez abomination. Remettez-vous un peu en question, cela vous ferait le plus grand bien.

Kel et Kiyako, surpris par le fait que Jean ai réagit et défendu Pierre, restent calmes. Kel remarque aussi certaines choses dans l'échange des deux hommes, mais préfère garder le silence pour le moment.

Le mercenaire à leur table reprend la parole :

— Ne parlez pas sans savoir escorteur. Dit l'homme, buvant avidement cul sec sa choppe.

Son action laisse échapper quelques filins d'alcool qui viennent couler le long de ses joues grasses. Et à l'aide de ses manches toutes tachées, il s'essuie grossièrement avant de reprendre :

— Tu sais ? Demande-t-il, éructant vulgairement. Vous autres les escorteurs, vous semblez ne pas avoir eu droit à votre dose de démons. À les protéger comme vous le faites, c'est évident. Vous ne savez pas ce que ça fait de perdre toute son équipe sous l'attaque sanguinaire de l'un de ces démons. Toi qui joues au petit chef, tu fais mine d'en savoir suffisamment, mais en réalité, t'es comme un enfant, aveuglé par l'innocence. J'ai pas de problème avec ton inexpérience, mais dans ce cas, ne la ramène pas.

— Je me demande qui est vraiment l'enfant. Celui qui cherche à comprendre l'inconnu, ou celui qui s'enferme sur lui même quand il ne comprend pas quelques chose ? À vous braquer comme vous le faites en permanence, vous ignorez volontairement le fait que toutes choses dans la vie ne soit pas binaire. Tout ce qui compose la vie n'est pas soit bonne soit mauvaise. Tout est toujours beaucoup plus compliqué et complexe que cela. Que ce soit pour nous autres humains, mais aussi pour les démons, et de même pour les Guoroux.

[abandonné] L'Entre Trois - Tome.1 - Le route à suivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant