Chapitre 11 : Départ

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— Ça va c'était pour rire, fais pas cette tête ! S'exclame Rick.

— Je ne fais pas de "cette tête" comme tu dis. Répond Kiyako, faisant la moue. Et où allons-nous comme ça ? Que je sache, la porte d'entrée n'est pas située dans cette direction. Ne somme-nous pas censés nous en aller ?

— C'est ce que nous faisons. Répond Kel, continuant sa marche. Mais pour éviter de déclencher une émeute, il est mieux pour ma tête de ne pas apparaître. Si je me ramène devant eux, alors qu'ils sont ainsi réuni, je n'imagine que trop bien ce qui s'en suivrait.

Dans un couloir très peu éclairé, le trio progresse. Une odeur de poussière prononcé vient piquer leurs narines. Cette poussière, soulevée par leur passage, démontre le peu d'activité effective dans ce couloir. Après quelques pas supplémentaires, tous trois finirent par atteindre une porte. Cette dernière, qui laisse des faisceaux de lumière traverser ses interstices prononcés, témoigne de son ancienneté :

— Si je me montre en public, ça va dégénérer. Dit Kel. Du coup, on va emprunter la porte latérale de l'orphelinat.

Kiyako, qui a cessé de faire la moue, chose dont elle a pris l'habitude auprès de sa marraine, ne cherche pas à questionner Kel. Bien qu'elle ne comprenne pas les raisons du comportement qu'abordent les villageois, elle n'est pas idiote pour autant. Elle comprend donc que ce village et ses habitants sont marqués d'un lourd passé. «Il m'est inutile de demander, d'autant plus qu'il y a un risque de raviver d'éventuelles cicatrices.» Se dit-elle. «Et puis, j'aurais certainement d'autres occasions d'aborder le sujet, alors patience... Mais j'ai envie de savoir, bon sang.»

Plongé dans le silence, le trio passe la porte latérale de l'orphelinat. Ils rejoignent une ruelle, qui pour des raisons évidentes, s'avère être vide de passage. Sans plus attendre, ils commencent alors à s'en éloigner.

Kel se dirige vers sa maison familiale pour y préparer ses affaires. Il est, dans ses déplacements, suivi de près par les deux autres :

— Attendez-moi vous deux ! S'exclame Rick. Vous marchez beaucoup trop vite, j'ai les mollets qui brûlent.

— Désolé, je me suis contenté de suivre la cadence et me suis perdu dans mes pensées. Répond Kiyako, soucieuse. Je n'ai effectivement pas pris en compte le fait que tu ne sois pas un cultivateur, désolé.

— Quoi ? Tu ramasses des baies et du coup tu marches plus vite ? Demande Rick, relevant l'idiotie de ce qui lui est dit.

Le trio marque l'arrêt. Satisfait de cette pause, Rick en profite pour se frotter les mollets de ses mains. Plongé dans la réflexion, il ne comprend pas les mots de cette jeune fille qu'il vient tout juste de rencontrer. «Une étrangère aux propos étranges.» Se dit-il.

Amusée par cette réponse, Kiyako lui apporte une banalité, qui pourtant, aux oreilles des deux compères, sonne comme une révélation sans précédent :

— Mais non voyons, je parle des particules invisibles à l'oeil que marraine appelle "carburant de culture". Elle dit que certains appellent ça "magie", ou un truc dans le genre.

Kel, grand fan de lecture fictionnelle à base de héro et de magie, se stoppe net à l'entente de ces mots :

— Donc, tu récoltes des baies invisibles nommées "carburant" pour marcher plus vite ? Kel ! Je crois qu'elle est entrain de sombrer dans la folie.

Face à quelqu'un qui remet en question ce qu'elle considère comme acquis depuis longtemps, Kiyako se met à paniquer. Dans l'incapacité de fournir des preuves matérielles, elle se sent désarmé et décontenancé. À la recherche d'une réponse acceptable, elle se met à bégayer. Puis, chose qui sonne à ses oreilles comme providentielle, elle trouve son salut dans l'intervention de Kel :

[abandonné] L'Entre Trois - Tome.1 - Le route à suivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant