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Arthur et son équipe arrivèrent à une allure modérée au centre commerciale pour ne pas attirer l'attention, et le Lurus prit la parole dès qu'il eut retiré son casque.

— On se sépare. Pas la peine d'essayer de se faire passer pour des flics, puisqu'ils arrivent. On aurait des problèmes, mais essayez de glaner des informations partout, et n'hésitez pas à jouer le curieux de base à la pharmacie, ou à visiter les toilettes, surtout extérieurs au centre... Elle devrait logiquement chercher un peu d'intimité...

Biôrn se matérialise de nouveau.

— Tu vas encore suivre ton instinct animal ?

Arthur sembla réfléchir quelques instants avant de répondre.

— J'y pense, oui... J'ai le sentiment... Non, j'ai la conviction que c'est un Lurus qui pourra l'approcher. Et... Essayez de vous rappeler que c'est une traque, mais pas une chasse. On veut l'aider, pas la tuer.

Hyppolite renchérit.

— Je crois que jusqu'ici nous avons eu un comportement trop agressif envers elle. La pauvre doit être terrorisée, et nous, nous la traquons comme du bête gibier. Nous devons changer notre approche.

Sans-Nom frappa le sol de sa canne.

— Oui. Il ne faut plus se dire que nous allons la capturer. Il faut vraiment que tout le monde comprenne que nous souhaitons l'emmener en sécurité.

Amani râla avant de raccrocher une sacoche à sa moto sous le regard étonné d'Alphonse.

— Il y avait quoi là-dedans ?

— Des bolas.

Arthur soupira tandis qu'Ananse rigolait, puis le groupe commença à se séparer en enfilant des oreillettes, et ils se répartirent le secteur de surveillance, jusqu'à ce que Maribel ne souligne un détail important.

— Mon Roi, je n'ai pas entendu le secteur que tu contrôlais.

— C'est normal, je n'en ai pas donné.

Devant l'entrée principale de centre commercial, le Lurus retira son oreillette avant de faire le vide en lui et d'ouvrir son esprit, tandis que sur le réseau le Maître d'Armes insultait son apprenti de Roi. Sans-Nom finit par le couper durement dans sa diatribe.

— Il ne t'écoute plus, et ne nous écoutais déjà pas avant, alors lâches-nous les tympans. Tu le battras comme plâtre quand il sera revenu. En attendant, reprenez vos fouilles, et faites-lui confiance. N'oubliez pas qu'il est... Différent de nous.

Alphonse gloussa.

— Dit comme ça, ça a un côté attardé mental.

La voix froide et chargée de colère d'Amani monta sur le réseau.

— Pour moi, c'est exactement ce qu'il est à l'instant.

— Je reconnais que son comportement est très... Surprenant... Pour un Lurus. Son éducation humaine se sent encore un peu trop malgré ces années passées au sein de la meute... Mais il semblerait que ce soit au final une bonne chose, vu ce qu'il a apporté à vos trois peuples, à commencer par cette alliance.

— Hey, t'es dans quel camp toi ?

— Maître Amani, je ne pense pas que le terme de camp soit approprié... Nous parlons plutôt de stratégie.

— OK, le fantôme me gonfle.

Quelques rires montèrent sur les ondes avant que Brutus ne reprenne.

— On va quand même rencontrer un problème. Je veux bien aller inspecter les WC, mais comment on justifie la présence des hommes dans les sanitaires féminins ?

— Les mecs, arrêtez d'être con...

Ilphras s'insurgea.

— Hyppolite, c'est Brutus qui a parlé, pas tous les hommes !

La chasseresse reprit.

— Les femmes vont inspecter les sanitaires, et les hommes fouilleront le reste, ça coule de source...

Rigolant doucement, Alphonse se permit d'ajouter sa touche personnelle.

— Les gars, la chose la plus stupide que vous puissiez faire est d'emmerder ma femme. Elle ouvrira les portes de l'enfer et vous y escortera avec un sourire sur le visage.

Un silence pesant s'abatti sur le réseau, avant que Biôrn ne reprenne.

Je crois que c'est valable pour presque toutes les femmes en fait... Allez, commencez plutôt à chercher.

Sur le parvis du centre commercial, Arthur ouvrit enfin les yeux. Ses pupilles étaient aussi dilatées que ses narines, et il humait l'air en tournant lentement sur lui-même. Après avoir fait un demi-tour, il prit son téléphone portable.

— Nico ?

— Le soleil se couche bientôt. On devrait rouler librement d'ici trente minutes.

— Je t'en donne dix.

— Quoi ?

— Écoutes moi s'il te plaît. Malgré les évènements du jour, tu me fais toujours confiance ?

Un court silence fit craindre le pire au Lurus avant que Nicolas ne réponde.

— On s'est juré la vie et la mort, tu te souviens ?

— Bien. Alors je vais avoir besoin de toi... Prends un véhicule différent de celui de l'Ancienne, je t'enverrais des coordonnées dès que je les aurais, OK ?

— Pourquoi j'ai le sentiment que ça va encore être la galère ?

— Parce que c'est dans les galères qu'on est les meilleurs. A tout à l'heure.

Raccrochant son téléphone, le jeune homme couru dans une ruelle déjà sombre avant de fixer le toit des immeubles avoisinants. Se recroquevillant sur lui-même, il concentra son énergie dans ses jambes comme Viviane le lui avait appris et bondit de plusieurs étages pour saisir un rebord de fenêtre, avant de sauter de façade en façade jusqu'à avoir atteint le toit. Il s'avança alors vers le rebord et regarda en contrebas. Derrière une benne à ordures, une jeune femme couverte de crasses remettait son pantalon. Se saisissant de son téléphone en souriant, Arthur envoya les coordonnées à son frère.



La Trinité des Monstres - Tome 3 - Le Conflit des ÂmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant