La Trinité des Monstres - Tome 3 - Le Conflit des Âmes

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Le lendemain dès l'ouverture de l'accueil du camping, Arthur paya la note tandis que dans un des véhicules Amani obtenait sans discussion de la part de Lucie que son téléphone portable soit abandonné sur place pour qu'elle ne révèle pas la localisation de la Cité Capitale. Une fois ce litige non-litigieux réglé, le convoi se mit en branle pour se diriger vers l'Ile de France, Arthur ne s'éloignant jamais de sa mère et Ygern ne quittant pas Geneviève du regard. Quand les véhicules arrivèrent enfin, la nuit était tombé depuis de longues heures sur la Vallée de Chevreuse, et Lucie, assise aux côtés de Nicolas, ne comprenait pas pourquoi ils étaient venus se perdre en forêt, quand le Voile d'Éther qui protégeait la Cité se leva, la laissant muette devant le spectacle de l'immense double porte en bois travaillé et recouvert de runes, maintenue par deux immenses colonnes de pierres surplombées d'une magistrale arche ornementée de sculptures en tête d'animaux. Nicolas la regarda en souriant avant de prendre la radio.

— C'est le moment.

Il ouvrit les fenêtres du poste de pilotage avant de klaxonner, et de puissantes cornes lui répondirent alors que le long des remparts s'allumaient de grands brasiers, et que de derrière les murs s'élevaient des cris animaliers de toute sorte. Lucie le regarda avec étonnement et il se saisit de sa main qu'il embrassa avant de répondre.

— Ils fêtent le retour triomphant des guerriers, l'arrivée de la Reine Retrouvée et la venue d'une nouvelle amie.

La jeune femme le regarda, encore plus surprise, avant de demander.

— Parce que tu parles leur langue, toi ?

Nicolas la foudroya du regard avant de lancer le même à Arthur qui rigolait derrière eux.

— Bien sûr. Mais vous croyez que je fais quoi, chez les Âmes Blanches ? Je médite à longueur de journée en lisant des cours d'histoire ?

Les deux comparses rirent de plus belle, et le vampire, vexé, passa la première vitesse tandis que le portail s'ouvrait. Lorsque le convoi commença à s'engager dans la Capitale, Lucie regarda autour d'elle comme un enfant découvrant la magie de Noël. Partout autour d'elle s'exposait la puissance de l'Éther et l'osmose avec la nature. Les Perfectifs aux allures si terrifiantes semblant pourtant si heureux de recevoir une humaine, la saluant avec enthousiasme à son passage, les champignons luminescents éclairant la ville dont les constructions se faisaient en harmonie avec la nature, et ces chants si puissants et contagieux qu'elle se sentie déborder d'allégresse.

Quand le convoi s'immobilisa, elle vit enfin le palais dont son amant lui avait tant parlé, et les larmes lui montèrent aux yeux lorsqu'elle réalisa l'erreur dans laquelle s'entretenait l'Inquisition. Jamais des monstres auraient pu construire une œuvre d'art aussi raffinée.

— Hey, ça va ?

Tournant la tête, Lucie dévisagea Nicolas comme si elle le voyait pour la première fois.

— Oui. Tu sais... Je...

Nicolas sourit en posant son index sur la bouche de la jeune femme.

— Je sais. Et il y a un truc que tu avais laissé derrière toi quand tu es partie, il y a cinq ans... Si tu la veux toujours...

Fouillant dans sa poche, il en sorti un anneau doré serti d'un petit onyx qui fit pleurer Lucie. Soudain sombre, Nicolas murmura.

— Tu n'en veux pas ?

— Oh si... Je ne pensais pas que tu l'aurais gardée, c'est tout...

Alors qu'il lui remettait sa bague de fiançailles au doigt, la chasseresse rigola.

— Et dire que j'avais insisté pour avoir de l'argent plutôt que de l'or... Tu as eu le nez creux.

Sans un mot de plus, elle l'embrassa.

— Ooooooh... Qu'ils sont choupinoux...

Se décollant en souriant, Nicolas et Lucie tournèrent la tête vers Arthur qui se tenait à dix centimètres d'eux en souriant.

— Alors c'est officiel ? On refait ménage à trois ? Comme on bon vieux temps ?

Posant sa main sur le visage de son ami, Lucie le poussa en arrière en rigolant.

— Casses-toi, comme au bon vieux temps. Touches pas à mon homme.

Souriante derrière eux, Ygern se redressa. Elle avait matérialisé le matin même une belle robe de soie couleur émeraude légère comme la brise qu'elle avait passée pendant le trajet, et descendit pieds nus du véhicule sous le silence contemplatif de son peuple pour se tenir droite devant le palais aux portes duquel l'attentaient Vortigern et Uther. Arthur vint la rejoindre et lui prit délicatement la main, avant d'avancer à ses côtés en clamant.

— Peuple Changeforme, que ce jour soit synonyme de fête ! Aujourd'hui, nous revenons triomphants de l'Inquisition ! Le Centre de Recherche et de Développement européen a été détruit ! Ses prisonniers libérés et ici, parmi nous ! Une nouvelle chasseresse de l'Inquisition a fait scission ! Une Sœur Retrouvée est des nôtres ! Et... Ma mère... Votre Reine Perdue... Notre chère Reine Perdue ne porte dorénavant plus ce titre ! Permettez-moi de vous présenter Dame Ygern Ard'Ri, Reine Retrouvée, de la Tribu Pelage Gris, anciennement Sœur Retrouvée, Mère du Roi des Lurus et du Roi des Rois !

Des hurlements de joie explosèrent autour d'eux alors que Geneviève et Sans-Nom sortaient du véhicule.

— Allez, ma petite. Ces acclamations sont aussi pour toi...

— J'ai peur, Maitre...

Sans un mot, la vieille femme lui tendit une main qu'elle saisit avant de s'avancer toutes deux derrière Arthur et sa mère. Lorsqu'ils arrivèrent devant Vortigern et Uther, ceux-ci mirent genou à terre. Ygern posa une main délicate sur le Grand Ancien qui se releva pour l'enlacer, puis elle fit de même avec son époux. Celui-ci se releva sans la quitter du regard, les yeux rouges d'émotion, avant de poser une main sur la douce joue de son épouse.

— Alors ce n'est pas un rêve ? Tu es bien présente ?

— Oui mon chéri... Tu vas enfin pouvoir couper tes cheveux et cesser de porter le deuil... Je te les couperais moi-même si tu veux.

— Avec plaisir...

Le couple s'enlaça avant de s'embrasser avec passion, tandis qu'Arthur apostrophait son grand-père.

— Les cheveux longs, c'est pour le deuil ? Moi je croyais que c'était parce que ça nous donnait la classe...

Résigné, Vortigern se contenta de soupirer en secouant lentement et négativement la tête tandis que la foule acclamait sa Reine Retrouvée.