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— Allez, arrêtes de pleurer... On va te sécher les cheveux, et puis tu vas dormir un peu, d'accord ?

Geneviève ne répondit pas, et Arthur se tourna vers Nicolas.

— Sans vouloir te commander, il nous faut des vêtements pour elle. Et des sous-vêtements. Et de la bouffe.

— OK.

Le vampire se leva en reprenant la carte de crédit avant de s'arrêter et de se tourner lentement.

— Des vêtements et de la lingerie ?

— Ses affaires ne sont plus mettables.

— Mais les gens vont me prendre pour un travelo !

Arthur le dévisagea avec étonnement.

— Et depuis quand ça t'importe ?

Nicolas soupira.

— Je ne connais pas ses mensurations...

— Bien essayé sal pervers.

Le vampire dévisagea Geneviève avant de répondre.

— T'es pas du tout mon genre. Mais si je t'achète des trucs dans lesquels tu flottes, ou à l'inverse tu n'arrives pas à respirer, ça va pas aider. Il va bientôt faire nuit, c'est le moment d'y mettre du tiens...

La louve soupira avant de répondre.

— Quatre-vingt-quinze C, et trente-huit de tour de taille. Et de pointure...

— Bah tu vois... Bon, à demain.

Nicolas quitta la chambre d'hôtel alors qu'Arthur entraînait Geneviève dans la salle de bain.

— Allez, on va sécher tes cheveux, et on va même les démêler.

— Et tu vas faire comment sans brosse, gros malin ?

Arthur soupira.

— Tu n'as que des mots doux à la bouche, hein ? Viens je te dis. Et laisses-toi faire.

— Ca fait pervers dit comme ça...

— Tu es épuisante.

La jeune femme émit un petit rire, qui en entraîna un plus conséquent chez le Lurus, et ainsi de suite jusqu'au fou-rire général. Lorsqu'ils furent calmés, Arthur utilisa l'Éther pour créer un portail dans lequel il plongea le bras pour fouiller à l'aveugle sous le regard dubitatif de sa protégée.

— Tu fais quoi ?

— Je cherche ma brosse à cheveux dans ma salle de bain. J'ai créé un passage d'ici à là-bas.

— Et pourquoi tu ne l'as pas fait assez grand pour passer tout entier et te servir librement ?

Le jeune homme lui lança un regard mauvais.

— Parce que je ne sais pas faire.

— Oh...

— Je combat bien, je déborde d'Éther, ce qui m'aide au combat, mais je ne sais l'utiliser que grossièrement et majoritairement à l'instinct... Je ne maîtrise aucun sort, et que des petits tours de passe-passe...

— Pourtant, tu as extrait l'Éther de mon corps tout à l'heure... C'est une méthode perdue depuis des siècles.

— Oui, et je fais ça à l'instinct...

Arthur se raidit avant de froncer les sourcils.

— Mais attends... Comment tu sais ça toi ?

— Tu me l'as expliqué.

— Pas que la méthode était perdue, non... Qui es-tu ?

— Une personne qui a lu beaucoup de choses... J'ai toujours été attirée par le mystique et le légendaire... A croire que je me suis toujours su différente...

Arthur se saisit du sèche-cheveux peu convaincu.

— Mouais... Tu serais honnête, ce serais plus crédible...

Quand il eut fini de sécher et démêler les cheveux de Geneviève pendant plus d'une heure, il l'entraîna à sa suite dans la chambre et la fit s'assoir sur le lit.

— Là, ça fait franchement pervers.

Arthur exprima sa lassitude avec son tact si personnel.

— Oh mais tu m'emmerdes... Ne bouges pas, et ne parles plus.

Il divisa la chevelure de la jeune femme en trois part relativement égales et commença à la tresser.

— Tu n'avais pas dit que...

— Écrase ou je te laisse en plan. Et si tu en parles un jour, je nierais en bloque. J'essaies juste de prendre soin de toi et de t'apporter un semblant de réconfort.

Un sourire timide qu'Arthur ne pouvait pas voir se dessina sur le visage de la louve qui murmurait.

— Merci.

— De rien, Geneviève. Sans vouloir être méchant, parce que je comprends qu'on soit fier de son prénom, parce que c'est tout ce qu'il reste de nos parents, mais... Geneviève ? C'est faisandé comme prénom... Souvenir de tes parents ?

— Et Arthur ? C'est moderne peut-être ?

— C'est ma mère, disparue quand j'étais bébé. C'est pour ça que je te dis que je comprends.

Un silence pesant s'abattit sur la chambre avant que Geneviève ne répondre.

— Mes parents sont morts dans un accident de voiture quand j'avais cinq ans... Le demi-frère de mon père m'a récupéré et élevé comme si j'étais sa fille, et je l'en remercie. Mais eux, ce n'était pas des Lurus...

— Donc tu savais ce que tu es ?

— Bien sûr, pas toi ?

Froid et blasé, Arthur répondit.

— Non...

— C'est dommage... Tu es simplement un excellent combattant, ou tu es plus que ça chez les Lurus ?

Arthur hésita quelques secondes à répondre.

— Et bien... Je suis...

— Chérie, je suis rentré, un petit bisou !

Nicolas venait de faire irruption dans la chambre, les bras chargés de sacs d'enseignes de vêtements et de lingerie, ainsi que d'autres de fast-food, et dévisagea Arthur et Geneviève avant d'exploser de rire.

— Après, tu lui épiles les sourcils et tu lui fais une manucure ?

Arthur attrapa la brosse à cheveux et la lança au visage de son ami, puis le binôme s'insulta avec amour alors que Geneviève les regardant en rigolant doucement.

— Un vrai petit couple.

Les deux frères s'arrêtèrent pour lui faire face et répondirent à l'unisson.

— Ferme ta gueule !



La Trinité des Monstres - Tome 3 - Le Conflit des ÂmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant