Personnalités disparues : leurs messages de l'au-delà

Charles Dickens

Dans la nuit du 6 août 2016 : un jeune homme, silhouette longiligne, cheveux courts frisés blonds, des yeux bleus un peu ronds, habillé dans un style anglais d'un siècle reculé. Sa bouche s'articule, sans sons, cela veut dire qu'il veut me parler. Je demande qui c'est, j'entends : « Dickens ». Puis tout s'évapore, plus d'image ni de son.

Le lendemain, j'ai regardé dans Le Robert (toujours utile lorsque je suis dans le doute à tous points de vue!) Il y a le portrait de Charles Dickens, qui ressemble à celui que j'ai vu au cours de la nuit en beaucoup plus jeune. Dans le dico, il paraît avoir 45/50 ans. Né en 1812, décédé en 1870 à 58 ans. Je me dis que j'irai en médiathèque pour découvrir sa littérature tant de fois citée, dont je n'ai rien lu.

Occupée par diverses occupations quotidiennes, ce n'est qu'en mars 2018 que je vais au rayon Dickens de la médiathèque près de chez moi. Il y a des gros livres de cet auteur en petits caractères, cela me rebute un peu ; je choisis un petit livre dans lequel je lirai un conte intitulé : Un chant de Noël. Dès le début de cette lecture, je remarque la façon dont fonctionne cet écrivain sur le plan spirituel ; je note que nous sommes sur la même longueur d'ondes. Tout en lisant les pages suivantes, je pense : il avait tout compris... Arrivant à la fin, j'ai le regret de n'avoir pu entendre ses mots lors du premier contact, et j'ai cette pensée qui m'habite plusieurs jours : reviendra-t-il me parler avec le temps qui a passé...

Trois ans après la vision du jeune homme Dickens, une agréable surprise m'est parvenue dans la matinée du 14 septembre 2019.

« Charles Dickens... Je suis déjà venu, il y a un certain temps, mais la connexion n'avait pas été durable, je n'avais pas eu le temps de passer mes mots pour un message. Même si je sais que vous traversez une épreuve dans votre corps à cause d'un accident récent, je pense que vous pouvez par ailleurs prendre note de ce que j'ai à dire par l'intermédiaire de votre bras valide et surtout avec votre main autonome. Je sais que vous avez lu mon histoire de chant de Noël et que vous avez compris alors que j'avais saisi les répercussions dans notre vie en rapport avec nos actions et nos pensées. Cela me touche d'avoir été compris dans le sens de la réalité, de la vérité, dans ce qui est réellement. Beaucoup de mes lecteurs de mon époque prenaient mes écrits au premier degré, sans réflexion, et je ne pouvais leur expliquer cette vérité qui ne leur était pas accessible. C'est comme ça, il faut garder espoir et croire qu'un jour, plus tard, les mêmes lecteurs ou d'autres saisiront d'emblée la vérité immédiate. Le temps participe de beaucoup dans cette compréhension, on laisse des traces avec des livres comme jadis on transmettait les contes ou histoires par la voix orale. Et chacun au fil du temps avançait dans cette compréhension transmise. Nous faisons partie d'une chaîne qui se prolonge afin d'avancer et de s'entraider. Et les temps sont longs pour que chacun parvienne à cette vérité, en prenne conscience réellement. En prenne conscience dans sa réalité quotidienne et ainsi partage cette compréhension. C'est de cette façon que l'Humanité progresse au mieux, s'affine, se détache de ses oripeaux de violence, de brutalité et de mauvais sentiments. Même si le processus est lent à émerger, l'époque actuelle est en plein dedans et peut se dégager d'un passé très ancien de barbarie, pour passer vers un temps plus apaisé, plus constructif avec des idées et des mains qui se tendent vers l'autre pour avancer ensemble. Madame, je vous remercie de m'avoir écouté, et je vous souhaite une prompte guérison. »

Ici je dois faire une mise au point par rapport à une partie du contenu de ce message pour qu'il soit compréhensible à ceux qui le liront. Huit jours avant ce contact, j'ai eu un accident dans la rue. Une chute : mon pied droit a buté dans un trottoir. Résultat : une épaule fracturée et un traumatisme... Un traumatisme causé par la violence du choc sur le bitume, la douleur fulgurante, la rage de ne pouvoir me relever et la peur de mourir là sur place comme un chien renversé par un véhicule. Allongée sur le trottoir, seule, je voyais les voitures défiler en fin d'après-midi, sans qu'aucune ne s'arrête. Et j'entendais un hurlement qui sortait de ma gorge et qui se prolongeait avec une énergie dont j'ignore la source. (Pendant plusieurs jours, j'ai gardé des acouphènes puissants créés par ce cri surprenant.) Bien sûr j'ai fini par avoir du secours : deux jeunes filles sur un scooter qui ont fait demi-tour alertées par mes cris ; une femme, qui avait assisté à ma chute, avait garé sa voiture plus loin avant de venir près de moi avec son portable pour appeler les pompiers ; une autre femme a stoppé sa voiture, ambulancière hors service, qui a pratiqué les premiers gestes de secours après avoir posé des questions précises : elle a eu le réflexe de m'attacher le bras replié sur la poitrine avec le foulard que je portais autour du cou, afin de soulager un peu l'épaule blessée. Puis les pompiers sont arrivés, je me suis laissée prendre en charge, avec confiance, jusqu'aux urgences. Ensuite j'ai vécu un bouleversement dans mon autonomie ; j'ai dû m'abandonner à d'autres mains qui ont fait les choses et les actes de mon quotidien que je ne pouvais plus faire seule ; entravée par une attelle, des sangles enserraient mes bras et ma poitrine jour et nuit, avec une souffrance pas facile à calmer... Aujourd'hui, un mois et demi plus tard, je commence peu à peu une rééducation personnelle que je pratique seule ; je sens ainsi jusqu'où je peux aller pour retrouver une nouvelle autonomie, jour après jour...

Par son message, Charles Dickens m'a en quelque sorte forcé à parler d'un imprévu concernant mon état personnel perturbé. J'ai fortement ressenti son âme chaleureuse, tellement bienveillante. Dans le temps où il m'a passé ses mots il m'a offert un apaisement, une quiétude partagée.