11. La princesse captive

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— Cessez de m'apporter ces fanfreluches ! rugit Brunehaut en balançant les morceaux de tissu rosâtre à la tête de ses deux servantes.

Comme si elle allait accepter de se vêtir de ses vêtements ridicules.

— Mais, princesse Junie, protesta l'une des jeunes elfes en repoussant le tissu qui lui recouvrait les yeux, la reine vous a conviée à l'audience.

— Et je vous répète que je n'ai pas la moindre envie d'y aller ! Laissez-moi en paix ! Et ne m'appelez pas ainsi, sombres idiotes !

Elle adressa aux deux servantes son regard le plus mauvais jusqu'à ce que ces dernières finissent par déguerpir.

Brunehaut claqua la porte en soupirant profondément.

Voilà plusieurs mois qu'elle habitait chez les elfes blancs, étroitement surveillée. Si elle était portait le titre de princesse et était plus ou moins libre de ses mouvements, elle était bel et bien une prisonnière.

La jeune elfe avait envisagé de s'échapper, mais à quoi bon ? Où serait-elle allée ? Aux côtés de Tassilon, celui qu'elle avait toujours considéré à tort comme son cousin ? Non, c'était hors de question. Les elfes noirs l'avaient manipulée. Si Brunehaut détestait toujours autant les elfes blancs, elle haïssait à présent encore plus leurs adversaires. Personne n'avait le droit de se servir d'elle.

Après avoir jeté un nouveau regard dégoûté à la robe rose en voiles légers que ces imbéciles avaient tenté de lui faire porter, Brunehaut se saisit des quelques habits à son goût qu'elle était difficilement parvenue à se procurer et se vêtit rapidement. Elle sortit alors de sa chambre et se dirigea vers le vaste jardin qui entourait le palais. Comme toujours, la vision des plantes l'apaisa. Quelque soit leur camp, les elfes avaient besoin de vivre en harmonie avec la nature. Contrairement à ces stupides humains.

Un elfe noir à la haute carrure se tenait au pied d'un arbre, surveillé du coin de l'œil par deux guerriers très tendus.

— Te voilà, sourit le jeune homme en voyant la princesse s'avancer vers lui.

Il se leva pour l'enlacer.

— Bonjour Grégoire.

Puis, dans l'espoir d'indigner encore davantage leurs gardiens, Brunehaut embrassa langoureusement son amant.

Elle vit du coin de l'œil les gardes sursauter et accentua encore davantage son baiser.

A son grand soulagement, Grégoire ne l'avait pas repoussée en apprenant qu'elle était en réalité originaire des elfes blancs. Il avait accepté de rester auprès d'elle sans la moindre hésitation. Brunehaut avait tempêté des jours durant avant que celle qui se prétendait sa mère n'accepte à son tour la présence du jeune homme.

Grégoire finit par la repousser doucement.

— Ne tirons pas la corde plus loin, conseilla-t-il en désignant du menton les deux gardes qui ne prenaient même plus la peine de faire semblant de ne pas les observer.

Brunehaut haussa les épaules.

— Je me moque de ce qu'ils pensent. Je fais ce que je veux. Et la seule chose intéressante ici est d'être avec toi.

Elle se colla encore davantage à son amant qui soupira mais la laissa faire.

— Ne devrais-tu pas être à une audience en ce moment ? lui demanda Grégoire en posant ses mains sur sa taille.

— Hum, peut-être...Quelle importance ?

Grégoire hésita.

— J'ai entendu des rumeurs étranges. Les gardes qui font des rondes devant ma chambre en parlaient ce matin.

Daemoniaci. La geste d'Arthur Montnoir, livre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant