15. La fuite

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Arthur avait attendu Loreline des semaines durant avant de se rendre à l'évidence : son amie ne reviendrait jamais. Que lui était-il arrivé ? Le sort funeste qu'elle avait affirmé être réservé aux daemoniaci les plus âgés ?

Dès lors, Arthur fut habité par une froide détermination qui dictait son existence. Il devait s'enfuir avant qu'il ne soit trop tard pour lui aussi.

Le petit garçon élabora soigneusement un plan. Il passa l'essentiel de ses moments libres à surveiller les moindres faits et gestes des gardiens. Il nota dans un coin de sa tête toutes les issues possible. Et il songea à ses pouvoirs. Il devait se résoudre à les utiliser pour mettre toutes les chances de son côté. Arthur commença donc à s'entraîner. Il se cachait sous le banc qui avait été leur repaire à Loreline et lui Il y avait quelque chose d'incroyablement triste à s'y rendre tout seul. La présence de son amie lui manquait. Sa vie dans cet horrible endroit ne lui avait jamais semblé aussi désagréable.

Puis, un matin, Arthur tenta enfin sa chance. Alors que les autres enfants étaient conduits vers la réfectoire, il resta caché sous sa couverture. Il avait remarqué que les gardiens ne les comptaient qu'à partir de la première heure de classe et n'étaient pas très attentifs en début de journée.

— Dépêchons, dépêchons, répétaient les adultes d'un ton blasé.

Lorsqu'il n'entendit plus d'éclat de voix, Arthur releva sa couverture et s'extirpa de son lit. Il avait soigneusement repéré le chemin. Les gardiens empruntaient tous les matins un même couloir, interdit aux enfants. Cette voie permettait certainement de gagner l'extérieur.

Le petit garçon avança aussi silencieusement que possible jusqu'à se trouver à l'entrée de ce fameux couloir. Il prit une profonde inspiration avant de faire un pas en avant. Il s'engageait à présent en terrain inconnu et risquait certainement de gros ennuis s'il se faisait prendre. Les enfants qui subissaient des punitions ici n'étaient plus jamais les mêmes.

Le couloir menait jusqu'à ce qui semblait être une salle de repos, heureusement déserte. Elle débouchait sur une cour menant sur un portail probablement fermé à clef.

Mais Arthur avait un plan. Il arrivait à présent raisonnablement bien à faire apparaître des flammes et à les maintenir. Avec un peu de temps, il pourrait faire fondre la serrure.

En théorie, du moins. Le petit garçon n'était pas certain que cela soit réellement possible. Mais il n'avait pas d'autres choix que d'essayer.

Il traversa la cour. La liberté lui tendait les bras.

— Eh, toi ! Que fais-tu là ?

Arthur recula. Un homme vêtu de l'uniforme des gardiens du centre venait de l'interpeller.

— Je... je me suis trompé de porte..., bredouilla le petit garçon.

Le gardien s'avança vers lui.

— Cet endroit t'est interdit. Tu seras puni.

Il saisit le bras du petit garçon sans la moindre douceur et l'entraîna.

Arthur se mit à paniquer. Il y était presque. Il ne voulait pas échouer si près du but.

— Lâchez-moi, vous me faites mal !

Le petit garçon se débattit et réussit à échapper de la poigne du gardien.

L'homme lui jeta un regard mauvais.

— Tu vas te tenir tranquille, le menaça-t-il avec un sourire mauvais. Si tu savais ce que nous avons le droit de faire aux petits monstres de ton genre...

Daemoniaci. La geste d'Arthur Montnoir, livre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant