40. Là où tout a commencé

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Arthur était allongé sur son lit, les yeux grands ouverts malgré l'heure tardive.

S'être confié à Charlotte n'avait probablement pas été la meilleure des idées. Les relations ne reposaient-elles pas cependant sur l'honnêteté ? Il ne voulait pas passer sa vie à mentir à Charlotte. Il voulait qu'elle tombe amoureuse de lui. Qu'elle règne à ses côtés.

Le jeune homme s'efforça de se calmer. Il devait à présent rassembler toute sa concentration.

À bien y réfléchir, Arthur avait de multiples raisons de se réjouir. Il était débarrassé d'Absalom et de sa malédiction. Il avait réussi à obtenir une alliance entre les elfes blancs et noirs. Le royaume n'allait pas tarder à tomber entre ses mains. Un problème lui restait cependant sur les bras depuis maintenant bien trop longtemps : sa petite sœur. Il était grand temps de l'affronter pour l'empêcher définitivement de nuire.

Arthur avait soigneusement élaboré son plan d'action. Il avait lu et relu le manuscrit de l'oncle de Loreline qu'il avait ramené de la bibliothèque des mages jusqu'à le connaître pratiquement par cœur. Il s'était efforcé de comprendre au mieux la façon dont fonctionnaient les pouvoirs de sa sœur. Il estimait à présent en avoir une assez bonne idée. Tout reposait sur ce postulat : Rose était capable de séparer entièrement son corps de son esprit. Elle savait prendre possession d'un corps extérieur, d'une manière bien plus habile qu'Arthur l'avait fait avec les Purificateurs. Sans doute était-ce ainsi qu'elle avait évoqué les ominosi contre le jeune homme. Cette technique relevait de la magie de Mundus qu'elle n'aurait pas dû savoir pratiquer. Elle avait probablement utilisé le corps d'un mage pour arriver à ses fins. Et si Rose ne s'était jamais présentée devant lui dans le monde physique, c'était parce qu'elle n'avait tout simplement plus de corps. Ce dernier avait été détruit dans l'incendie qu'Arthur avait provoqué étant enfant et qui avait causé la mort de leurs parents. Il ignorait cependant encore comment elle avait pu faire survivre son esprit. Mais il comptait bien remédier à ce fait. Le jeune homme allait contre-attaquer pour la première fois aujourd'hui. Arthur était après tout puissant. Il était capable d'une magie bien plus impressionnante que celle que décrivait l'oncle de Loreline. Il était plus fort que la plupart des mages de Mundus. Et ses pouvoirs ne feraient que croître avec le temps. Il refusait de continuer à avoir peur d'une fillette à moitié morte.

Arthur déboucha une potion de sommeil pour calmer son esprit en ébullition. Il se recoucha alors, se concentrant autant que possible sur son objectif et sur sa sœur pour l'entraîner dans son rêve.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se trouvait dans un endroit qu'il n'aurait pas cru revoir un jour. Tout était semblable aux quelques souvenirs qu'il lui restait. Il contempla le petit meuble de l'entrée où étaient rangées les chaussures, la penderie recouverte d'autocollants et le tapis qu'Arthur avait un jour tâché en y renversant du sirop.

Le jeune homme fit quelques pas pour pénétrer dans le salon. Son père était assis sur le canapé, consultant son interface. Sa mère était à ses côté, lisant un livre de recettes de cuisine. Aucun d'entre eux ne leva la tête lorsqu'il entra. Ils n'étaient que des illusions, des souvenirs d'une époque disparue. Ou plutôt qui n'avait pas encore eu lieu.

Une voix s'éleva soudain derrière le jeune homme.

— C'est cet endroit que tu as choisi pour me parler ?

Arthur se tourna vers Rose.

— Pourquoi pas ? N'est-ce pas ici que tout a commencé ?

La petite fille haussa les épaules.

— C'est ton rêve, après tout.

Elle alla s'asseoir sur un fauteuil en face du canapé et contempla ses parents qui ne lui accordèrent pas plus d'attention qu'à leur fils aîné.

Daemoniaci. La geste d'Arthur Montnoir, livre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant