5. Le maléfice

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Je me précipitai vers Arthur en même temps que le Prince Noir.

— Que se passe-t-il ? Que lui avez-vous encore fait encore ? demandai-je, paniquée.

— Moi ? Mais rien du tout ! protesta l'elfe qui semblait de manière tout à fait exceptionnelle être sur la même longueur d'ondes que moi.

Il saisit le jeune homme par les épaules et le secoua dans tous les sens.

— Vous êtes idiot ou quoi ? m'indignai-je en cherchant à l'écarter. Vous n'allez faire que le blesser davantage !

L'elfe me repoussa sans douceur.

— Parce que vous avez des connaissances en matière de soin, maintenant ?

— Je m'y connais visiblement bien mieux que vous, m'offusquai-je en me rapprochant à nouveau d'Arthur.

Le Prince Noir me jeta un regard mauvais.

— Je me suis occupé de cet humain pendant des années. Je sais comment m'y prendre.

Une vois faible s'éleva.

— Je sais m'occuper de moi-même tout seul, merci bien. Et pourriez-vous, s'il-vous-plaît, cessez de me crier dans les oreilles ?

— Arthur ! m'exclamai-je avec angoisse. Que s'est-il passé ?

Je me saisis de sa main droite qu'il serra doucement, entraînant un froncement de sourcils de la part du Prince Noir.

— Bon, explique-nous ce qui t'arrive! s'agaça Tassilon en le tirant par le bras pour le mettre en position assise.

Le jeune homme grogna.

— Je ne sais pas très bien. Lorsque j'ai utilisé mes pouvoirs, j'ai soudain ressenti une grande douleur dans tout le corps. Particulièrement dans ma main gauche.

Il leva le bras que je tenais pas.

J'étouffai un cri. La peau de son auriculaire était devenue verdâtre et craquante.

Arthur fit pivoter sa main sans un mot, semblant réfléchir.

— Intéressant, finit-il par murmurer. Oui, j'ai été bien imprudent...

— Quoi ? siffla Tassilon avec exaspération. De quoi parles-tu ? Pourquoi ton doigt a l'air pourri ?

Le jeune homme prit un moment avant de répondre. Puis eut une petite moue.

— Parce que je suis un idiot. Ou plutôt l'étais.

Le Prince Noir fronça encore davantage les sourcils.

— Ça on le savait déjà. Pourrais-tu être un peu plus précis ?

Arthur me lâcha et se remit sur ses pieds. Il semblait s'être remis de sa crise, même si son teint était toujours très pâle.

— Il était évident qu'Absalom allait tout faire pour m'empêcher de retrouver la mémoire. Comme il lui était impossible de détruire mes souvenirs, il a visiblement choisi d'y introduire un piège, un maléfice qui devait fatalement m'atteindre si je buvais le contenu du flacon. J'aurais dû me méfier et réfléchir un minimum avant d'agir.

Tassilon lui jeta un regard inquiet.

— Quel type de maléfice ?

Arthur observa à nouveau son doigt avec intérêt.

— Je ne saurais le dire pour le moment. Un maléfice rampant, visiblement. Il est probable qu'il risque de s'étendre au reste de mon corps jusqu'à entraîner ma destruction totale.

Daemoniaci. La geste d'Arthur Montnoir, livre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant