25. Une vieille amie

161 31 140
                                    

— Bonjour Arthur.

La femme aux boucles brunes qui l'attendait sur le seuil de la porte lui était étonnamment familière. Loreline n'avait pas beaucoup changé. Elle avait conservé ce petit air hautain qui lui faisait plisser le nez tandis qu'elle observait Arthur en silence. Le jeune homme la contempla également sans un mot, conservant avec elle une certaine distance. Il ne savait quoi lui dire.

Elle portait sous sa cape une robe pourpre de qualité. Ses bottines étaient recouvertes de neige. Des petites flaques avaient commencé à se former sous ses pieds.

Arthur referma la porte de la chambre de Charlotte et fit signe à Loreline de pénétrer dans une pièce avoisine. Il claqua des doigts pour enflammer une bûche de la cheminée, ignorant la douleur que cela lui procura à la main.

— Je te croyais morte, finit par lâcher Arthur d'un ton neutre.

Les lèvres de Loreline s'étirèrent très légèrement.

— Je te croyais mort également, répondit-elle avec aussi peu de chaleur.

— Tu t'es enfuie sans moi.

Il aurait aimé voir s'afficher sur le visage de la jeune fille ne serait-ce qu'une once de culpabilité. Loreline se contenta cependant de hausser les épaules.

— J'ai eu une opportunité. Il aurait été idiot de ne pas la saisir.

— En effet...

D'un geste courtois, Arthur proposa à son interlocutrice de s'asseoir sur une banquette double collée à la fenêtre. Il prit place face à elle.

Il avait recommencé à neiger. De gros flocons semblables à des plumes tombaient sans aucun bruit. Le vent s'engouffrait à travers les fentes des carreaux de la fenêtre. Arthur pouvait sentir son souffle glacé sur sa joue et voyait voltiger quelques cheveux de Loreline.

— Je dois avouer avoir pris un moment avant de comprendre que le féroce Athanasios n'était autre que toi, continua Loreline en rejetant en arrière sa longue chevelure.

Elle plia soigneusement sa cape et la posa à côté d'elle.

Arthur était curieux.

— Qu'est-ce qui t'a mis la puce à l'oreille ?

— Divers détails. A vrai dire, plusieurs indices m'ont fait comprendre qu'Athanasios ne pouvait être qu'un daemoniacus. Puis j'ai entendu parler d'un certain Arthur Montnoir qui avait été emprisonné dans les prisons royales.

— Je vois...

Arthur ne savait pas bien comment réagir. La perte supposée de son amie lui avait causé un immense choc, lorsqu'il était enfant. Pourtant, la voir surgir ainsi devant lui provoquait en lui une certaine indifférence.

— Comment as-tu su où je me trouvais ? voulut-il savoir.

Si Loreline avait pu le trouver aussi facilement, Absalom pourrait en faire de même.

— Je suis loin d'être une aussi bonne magicienne que toi, Arthur. Mais j'ai un certain talent pour percevoir les fluides provoqués par les pouvoirs des daemoniaci. Ta magie a une couleur très vive, perceptible à des lieues d'ici.

Le jeune homme l'écouta avec perplexité. Il ignorait tout de ces fluides. Il n'avait jamais perçu la moindre couleur, de près ou de loin.

— Souhaites-tu te joindre à moi ? demanda-t-il brusquement.

Son ancienne amie pourrait lui être utile. Elle semblait avoir des connaissances plus poussées que lui concernant l'utilisation de leurs pouvoirs.

Daemoniaci. La geste d'Arthur Montnoir, livre 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant