Chapitre 14

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Nikita  éclata en sanglots. Matt resta un peu silencieux puis repris.

- Anya a besoin de sa maman... c'est pour cela que je vous balance tout ça... Anya vous aime sinon, elle ne vous aurait pas laissée lui faire tout cela... elle avait très peur que votre mari apprenne ce que vous lui faisiez et vous quitte... elle vous aime... je pense qu'elle pourra vous pardonner...

- je l'espère... je l'espère de tout mon cœur...

Matt se rassit et le dévisagea en silence, les bras croisés. Elle se calma et croisa son regard. Il attendait en silence.

-  quoi? Demanda t elle mal à l'aise.

- la cadre du service nous a dit ce que vous avez fait ce matin.

- oh...

- pourquoi cacher votre intervention?

- il fallait que je le fasse... mais je ne veux pas qu'Anya se sente obligée de quoi que ce soit... j'aurais préféré qu'elle ne le sache pas... que si un jour elle me pardonne, ce ne soit pas en réaction à... mon intervention comme tu dis... parce que je suis intervenue, trois ans trop tard...

- c'est vrai. Mais, vous savez ça lui a fait du bien d'entendre que son talent avait été reconnu devant tout le monde... enfin, elle aurait sûrement préféré que vous le disiez vous, mais bon...

- tu as raison...

A l'étage, Martin avait regardé la porte se refermer sur ce grand gaillard et sa femme, son cœur battait la chamade, en panique.

- papa... commença Anya.

- oui...

- Anne Meite a dit que tu pleurais quand tu as entendu ce qu'on disait...

- oui...

- ce n'est pas le but...

- je m'en doute...

- je ne veux pas que tu sois malheureux à cause de moi...

- la plupart du temps, je suis heureux et fier de t'avoir... mais... j'ai mesuré tout le mal que je t'ai fait... et je me sens vraiment mal... en fait, je crois bien que tu as raison de vouloir t'enfuir... et ça me rend malade... mon boulot, c'est de vous... de te protéger pas de t'enfoncer dans la misère... ne pleures pas, je te prie...

- alors, ne pleures pas toi non plus...

- ...

- papa... prends moi dans tes bras... si tu n'as pas trop honte de moi...

Doucement, il s'accroupit devant le fauteuil.

- je n'ai jamais eu honte de toi, Anya... à aucun moment...

Il passa, avec délicatesse, ses bras sous ses cuisses et derrière son dos et la souleva.

- menteur... ta fille qui emménage avec un petit mécano sans le sou, salement traumatisé...

Il la posa sur la table de repas et se plaça bien en face d'elle.

- si tu étais venue en parler... je reconnais que j'aurais sûrement dit des tas de conneries dans le style de ce que tu viens de dire... crier aussi, certainement... mais, depuis que tu es sur terre, tu as toujours le dernier mot quand on n'est pas d'accord... ils se foutent tous de moi parce que tu me mènes par le bout du nez... comment as tu pu imaginer que tu n'y arriverais pas cette fois... je voudrais vraiment comprendre...

- ça fait beaucoup, un gars minable pour toi et pas d'ambition professionnelle... rien que là, en le disant, je me sens tellement pas à la hauteur...

- tu penses vraiment ça de Matt?

- oh non... oh non, papa... il est si fort... si gentil, si bosseur, si courageux... il déplacerait des montagnes, tu sais... personne d'autre que lui, sort seul au monde d'un enfer pareil et s'en sort propriétaire de son affaire, avec une voiture de rallye qui rivalise avec celles des grosses teams... et puis, au mental, ils les pile tous... oh non, papa... j'ai tellement d'amour et d'admiration pour lui...

- il ne mérite pas les conneries que j'aurais dit sur lui...

- mais il n'aurait pas pu gérer ça... s'il avait vrillé et t'avait frappé... ça aurait été... la fin de tout... à chaque fois que je faisais une crise d'angoisse, il voulait venir vous mettre devant vos responsabilités maman et toi... mais... il n'était pas en capacité de le faire... sereinement...

- je te demande pardon... c'est moi qui ne suis pas à la hauteur... si tu es bien avec lui, je n'ai rien à ajouter...

- est ce que le fait que je sois brisée, ça change quelque chose?

- comment ça?

- genre, elle est handicapée, n'importe quel gars qui la voudra même un garagiste, c'est mieux que personne...

- Anya... comment peux tu penser ça?

- répond moi.

- jamais je n'ai pensé ça... pas une seconde, je ne t'ai envisagée brisée... j'ai été moi aussi en fauteuil... et jamais, je ne me suis pensé comme une épave à caser... tu es une magnifique jeune femme intelligente, vive, jolie comme un cœur, têtue comme une bourrique... affublée d'un coté obscur aussi passionnant qu'elle. Cet accident ne change rien à la personne que tu es, ni à la façon dont je te vois... et si tu ne remarches jamais... ça ne changera jamais mon amour et mon respect pour toi... je t'aime Anya, et je suis tellement, tellement fier d'être ton papa...

Elle ouvrit les bras et il la serra fort contre lui sans retenir ses larmes.

- papa... tu es d'accord pour que je m'installe chez Matt? Tu es d'accord pour que je laisse tomber vos rêves de grandeur pour moi? Moi, je veux juste être sa compagne, vivre avec lui, l'aider en lui faisant tranquillement ses factures et sa compta... je veux une vie tranquille avec lui... je veux une vie simple et pleine de son amour...

- tu rayonnes en le disant... bien sur que je suis d'accord, je suis heureux que tu aies trouvé ton bonheur sur terre... et toi? Tu pourras me pardonner un jour?

- je sais pas, sourit elle, un jour tu dis? Aujourd'hui, ça ira?

- parfaitement!! s'écria t il en la reprenant dans ses bras pour la faire tourner comme quand elle était petite, puis finalement, il la posa sur son épaule en sac à patate et, comme toujours, se mit à courir dans la pièce en sautant partout, heureux de  l'entendre rire.

Matt et Nikita qui remontaient du bar entendirent leurs rires à travers la porte. Nikita s'immobilisa et s'évanouit. Matt la rattrapa au vol. Il la  souleva maladroitement et, du pied, frappa à la porte.

- hey!! Nikita est dans les pommes! Ouvrez!

- quoi? Oh merde, entres...

- Matt, fit Anya, les joues toutes roses, tu lui as fait boire quoi?

- un café, princesse, rien de plus...

- hey... fit Martin en secouant sa femme.

- oh pardon...

- ça va?

- oui... oui...

Anya arriva avec un verre d'eau en luttant pour ne pas le renverser tout en manipulant son fauteuil. Matt le prit et le tendit.

- merci...

- ça va maman?

- oui... c'est idiot, vous rigoliez, j'ai eu un genre de trop plein d'émotion... rien de grave...

SE RECONSTRUIRE ENSEMBLE M.A.P.L.V. Tome 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant