« La provocation est un signe de faiblesse, autant que l'injure injustifiée celui d'infériorité »
Esther Jonhson
2020, Paris, 18e arrondissement, dimanche 15 mars
Aujourd'hui la tempête se fait rude à l'extérieur, le vent souffle et la pluie tombe en averses. Malgré cela, mon réveil se fait doux et sans cris pour aujourd'hui, je sais que cela va empirer au fil de la journée. Je pris une douche et enfilai un jean clair et un débardeur blanc à dentelle, signe de paix apparemment. Paix, tout ce qui n'habitai pas cette maison en ce moment et qui ne l'habitai plus depuis longtemps.
Ma vengeance n'est pas née comme tel dans mon esprit. Elle a eu tout son temps pour germer comme une fleur. Je l'ai arrosé et quand il fut pour moi le temps de la cueillir c'est ce que j'ai fait. Littéralement c'est moi la fleur.
Dans la cuisine, je pris quelques gâteaux et jetai un coup d'œil à l'écran plat du salon qui affichait les infos puis sur mes mails sur l'ordinateur. Rien de nouveau.
Je descendis les escaliers sans avoir oublier les gâteaux pour le petit déjeuner. J'ouvris la porte et fus surprise de les voir tous endormis. Je posai un paquet de gâteaux et une bouteille d'eau devant eux. Avant de faire sonner une alarme sur mon téléphone pour les réveiller.
-Hein ? cria Maël provoquant l'hilarité des femmes de ses potes : Alice et Mila.
Seules, elles s'arrêtèrent très vite.
-Ambre, ça va faire 3 jours qu'on est là, j'ai compris que tu veux ta vengeance mais s'il te plaît, libère les filles, elles n'ont pas à être là. Elles n'ont rien fait, me dit Cameron.
-Elles n'ont rien fait ? Elles n'ont rien fait ! Te fous-tu de ma gueule ? J'ai fait une tentative de suicide à cause de vos conneries. À cause de vous ! Tous ! Alors non, Cameron, elles vont rester, jusqu'au bout, elles vont tout entendre.
Il comprit que c'était cuit pour espérer une quelconque libération alors il ne répondit pas.
Romain me jeta un coup d'œil mais ne dit rien. L'air de me dire « t'exagères » sans rien dire.
Ouais j'exagère mais tu n'as rien à dire. C'est moi qui mène la danse pour une fois.
-Logan, à toi !
La partie intéressante de l'histoire allait commencer. Logan était le seul que je n'avais pas revu avant de venir. J'étais venue dans son cabinet afin de l'endormir pour mieux le transporter bien aidée par un médicament injecté par voies intraveineuse, anesthésique général pour quelques heures utilisé par les vétérinaires qui m'avait permis de les ramener jusqu'ici.
Il y'a dix ans, Logan et moi ont été amoureux, pas en couple mais amoureux. Tout le monde le savait, cela n'a jamais abouti dû à ma réputation. C'est peut-être mieux ainsi.
-Je ne veux pas en parler et tu ne peux pas m'y contraindre.
-Non, c'est vrai, le silence est le meilleur des mépris et toi tu me méprises. J'irais même jusqu'à dire que tu me détestes, même si ça serait plus à moi de te détester. Tu penses que cela va me rendre triste de ne pas savoir ce qu'il se passe dans ta vie. À vrai dire, je n'en ai plutôt rien à foutre, je voulais juste savoir à quel point vos vies étaient parfaites. En vous écoutant c'est ce que l'on comprend. Pour que tu ne veuilles pas en parler, la tienne ne doit pas être si parfaite. Si tu ne veux pas en parler, tu vas laisser notre imagination divaguer. Et cela peut partir très loin.
-Qu'est-ce que j'en ai à foutre de ce que tu penses ?
-Sûrement rien tu as raison, pourtant que je sois là c'est une bonne façon de te faire pardonner. Pour ce que tu as fait ou plutôt pas fait. N'est-ce pas ?
Un soufflement très audible se fit entendre.
-Je n'ai pas fini mon année de première quand tu es partie mais j'ai repris dès l'année d'après mes études, j'ai eu mon BAC mention bien. En juillet 2013, j'ai déménagé plus près de mon école. Pendant 5 ans, j'ai fait une école de psy praticiens de l'institut catholique de Paris pour finalement obtenir mon master. Grâce à mes économies, j'ai pu ouvrir mon cabinet dans le 10e depuis juillet 2018. Je me concentre surtout sur des enfants et des adolescents.
-Pourquoi ne pas avoir fini ton année après mon départ ?
-J'ai fait une dépression. C'est bon, tu es contente, tu as eu ce que tu voulais. Tu as tout gâché.
-Tu as raison, j'ai tout gâché, parce que deux d'entre vous étaient amoureux de moi, parce que vous aviez décidé de me faire chier tu as raison, c'est vrai, J'AI tout gâché.
-Je ne vais pas vous d.... Continuai-je
-Et toi ? Tu avais dit que si on te racontait, tu le faisais aussi, me dit Alice de manière incertaine.
-Alice, qu'est-ce qu'on en a à foutre de ce qu'elle est devenue ! Dit Maël.
-Je suis partie chez ma tante dans le sud après ma tentative de suicide et mon coma. Mes parents m'ont tout de suite fait reprendre les cours comme si de rien n'était. Pour eux, il fallait oublier, le plus vite serait le mieux. Eux ont oublié, pas moi. Pendant un an, ma tante qui elle me comprenait m'a fait consulter des psys, tous avaient le même diagnostic, choc posttraumatique. Bien sûr. J'ai eu mon BAC avec une mention, j'étais majeur donc j'ai arrêté de voir le psy, mes parents sont descendus dans le sud pour fêter ma réussite au BAC mais ils n'avaient qu'une seule idée en tête : me faire revenir à Paris. J'ai tout de suite refusé, il en était hors de question.
-Tu avais peur de nous revoir ? Me coupa Maddy.
-La peur, ça m'a rongé pendant 7 ans, j'ai toujours eu peur de vous revoir.
-Pendant 2 ans, j'ai fait des études de droit à Aix, c'est là-bas que j'ai rencontré Sarah, ma meilleure amie. Mais j'ai abandonné au bout de 2 ans, je n'ai pas aimé, pas réussi. Comme d'habitude, mes parents étaient là pour m'engueuler. La bonne famille parfaite se devait d'avoir une fille parfaite. Leur fille qui arrêtait les études de droit, ça faisait tâche. Ce qui se devait être des vacances chez ma tante c'est transformer en une cohabitation. Je me suis lancée dans le journalisme pendant 5 ans dans une école à Aix, ce qui a une nouvelle fois provoquer la rage de mes parents mais j'étais majeure, j'ai coupé le contact, j'en avais marre de leur emprise sur moi. Ma mère est morte quelques temps après, mon père, lui, trois mois après elle, j'avais une nouvelle fois tout gâché. J'ai fini mes études, j'ai décroché mon master. Il était temps pour moi de partir, de laisser ma tante seule. J'ai déménagé de chez elle et j'ai acheté une maison à Sanary sur mer. C'est là que je suis tombée sur un article de journal, ironique non, j'avais enfin réussi à oublier, à vous oublier, j'avais fini mes études. J'étais heureuse. Mais cet article, cet article sur toi Romain, lui dis-je en le fixant.
-Il vantait tes mérites. « Le grand Romain Da Silva, PDG de la grande chaîne d'hôtel Amiris, vient de devenir papa ! », je ne savais même pas que tu t'étais marié, avec Alice qui plus est. Tout s'est écroulé. Et j'ai replongé comme une alcoolique en manque. Je n'y pensais même plus à vrai dire. Ça a été comme un saut dans le vide mais pas le saut dans le vide quand on regarde ses photos et que l'on se dit « qu'est-ce qu'on était mignon », non, c'était le saut dans le vide qui replonge, les souvenirs qui hante, surtout les mauvais. J'ai fait des recherches, j'ai lu des articles sur vous, pour ceux qui en avait. Penser que vous étiez heureux, que vous étiez devenus parents. Dans mon cerveau, cela n'a fait qu'un tour. Pour moi, vous n'aviez pas le droit au bonheur. J'ai cogité et tout est revenu, je suis revenue, dis-je en faisant les cents pas.
-Cette soirée, avant, tout.... Comme un flash-back, violent. J'ai longuement réfléchi, fait des plans, comme une droguée. J'ai changé d'identité passant d'Ambre Robert à Jade Lopez puis j'ai changé physiquement, j'ai refait mes seins, j'ai fait une abdominoplastie pour perdre une dizaine de kilos. J'ai refait mes pommettes aussi. Mon plan a pris place dans ma tête et je suis revenue.
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TOUT GÂCHER
RomanceAmbre s'appelle Jade depuis qu'elle a tenté de se suicider après des mois de harcèlement. Elle avait 16 ans. Maintenant, elle en a 26, et elle n'a pas oublié, elle se réveille chaque nuit par des cauchemars. Elle est revenue pour se venger, se venge...