TOUT GÂCHER

Chapitre 27 : Immaturité

« J'ai croisé ceux dans la galère qui m'auraient tout donné, dîné avec des millionnaires qui m'ont même pas payé l'café. »

Bigflo et Oli

2020, Paris, 18e arrondissement, lundi 16 mars

-Combien de temps ça a duré après cette journée ? 1 mois et demi, un mois ou deux peut être.

-On n'a pas arrêté, on a continué, jusqu'au 13 mars, jusqu'à ce matin maudit, me répondit Maddy.

-Vous faisiez quoi ? Vas-y raconte ! criai-je comme une hystérique.

-On... mettait des photos et d'autres conneries dans ton casier, nous menacions n'importe qui osant t'approcher. On s'est moquées de toi chaque fois que tu disais quelque chose. On t'a menacé nombres de fois de ne plus nous approcher, m'expliqua Mila.

-Où est-ce que cela vous a mené au final ?

-Nulle part, on était contentes sur le moment mais après on s'en foutait, on aurait dû s'en foutre.

-Après ma tentative de suicide ? Une fois que le geste était fait. Ça ne t'a rien fait, une fois que je m'étais déjà occupée de tout.

Mila ne répondit pas, Cameron la fixait lourdement et Gab le faisait aussi. Cameron et lui savaient que le prochain tour était pour leur pomme. Je me demandais bien quel était l'état d'esprit de Cameron avant cette révélation à sa famille de cœur et à sa femme.

Mais pour l'instant, c'était sa femme qui payait sa dette.

-Bon on s'excuse, d'accord ?

Mila croyait que tout était pardonné une fois les excuses faites comme une enfant qui fait une bêtise. Mais ça ne se passe pas comme tel. On ne peut faire comme si rien ne faisait mal une fois que le mal était passé.

-Je suppose que je dois dire « merci ».

Je pris le chemin vers les escaliers sans oublier de fermer la lumière et la porte les plongeant alors dans une obscurité totale.

Je devais rappeler ma fille maintenant qu'elle devait être rentré de l'école. J'allumai mon ordinateur et partis sur l'application de visio-conférence. Cela sonna, sonna et re-sonna, je crus qu'elle ne répondrait pas. Au final son visage apparut à l'écran, souriant comme d'habitude.

-Coucou maman ! Comment ça va ?

-Ça va et toi ? Comment ça s'est passé chez ta copine ?

-On s'est trop bien amusé, c'était trop trop cool.

-Et l'école ça se passe bien ?

-Oui, ça va, ma maitresse a dit qu'elle était fière de moi.

-Moi aussi, je suis fière de toi, chérie.

-Tu rentres quand ?

-Je serais là ce soir, je te le promets. J'ai encore des choses à régler.

-Est-ce que mon père est avec toi ?

Je cherchais mes mots un instant pour trouver les bons.

Je sentais que cette question la turlupinait depuis quelques semaines, qu'elle n'avait pas osé me poser avant. Louna ne savait pas qui était son père et je ne voulais pas qu'elle sache. Je lui dirais la vérité un jour quand elle serait grande. C'était ma meilleure excuse.

-Oui, chérie, il est avec moi.

-Pourquoi il est malade ? Il veut me connaitre ? Si c'est pour ça tu peux dire oui et lui faire un bisou.