Chapitre 24 : Fraternité

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« Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge. »

Winston Churchill

2010, Paris, 9e arrondissement, vendredi 22 janvier

Je déteste Maël, je déteste Alice, et plus que tout je me déteste. Je n'arrive pas à regarder Chloé en face sans voir le visage de son frère et ce qu'il a voulu me faire. Pourquoi est-ce que l'on m'en voulait ? Je n'avais rien fait pourtant.

Je sais que Maël était bourré et qu'il ne tenait presque plus debout mais l'alcool n'excuse pas tout. J'aurais tellement aimé porter plainte mais les flics ne m'auraient jamais cru et je ne connaissais pas Simon pour qu'il témoigne en ma faveur.

En plus, je ne pouvais pas faire ça à mes parents et à Chloé.

En parlant de Chloé, la voilà qui arrive, toujours souriante, sans même se rendre compte que moi je suis en sursis depuis moins d'un mois.

-Ça va ? dit-elle en me faisant la bise.

-Oui ça va et toi ?

Faux, ça ne va pas du tout. Ton frère est un connard.

Elle me répondit par l'affirmative puis on se dirigea vers l'intérieur du bâtiment passant ainsi devant « nos amis » qui nous fixèrent en rigolant, comme d'habitude.

Chloé me raconte sur le chemin ses histoires de cœur et ses problèmes à la maison. Elle me raconte aussi que son frère va sûrement se remettre avec Emma ce qui provoquera sûrement la colère des parents Muller qui déteste cette « pétasse égocentrée ». Je rigole légèrement en imaginant les Muller en train de partager un diner avec cette « pétasse égocentrée » comme ils disent. Rien qu'y penser j'en rigole déjà.

Chloé commence à faire la bise à toutes les personnes qu'elle croise tandis que moi je reste derrière à l'attendre. Le secret que je gardais devenait impossible à garder. Cela faisait deux jours déjà que je voulais lui en parler sans jamais trouver le bon moment. Quand elle revint, je lui demandai même si je savais que ce n'était ni le bon moment ni le bon endroit, y'a-t-il un bon endroit pour annoncer ce genre de chose ?

-Je peux te dire un truc ? Mais tu promets de ne rien dire à personne.

-Tu sais très bien que tu peux tout me dire.

Je savais qu'elle disait vrai, mais son frère...

-Le soir du 31, on a tenté de me violer...

-Attends quoi ... ? Mais qui ? Pourquoi ? T'as porté plainte ?

Comment je pouvais dire que c'était son frère ? Comment on annonce que son frère est un violeur à sa meilleure amie ?

-Je ne peux pas te le dire. Je ne peux pas te le dire, répétai-je accentuant ma détresse et mon mal-être.

-Mais si, bien-sûr, tu peux tout me dire, je pourrais t'aider, à porter plainte par exemple, et puis tu te souviens, meilleure amie envers et contre tout, dit-elle en me tendant son petit doigt pour que je lui tende le mien comme pour lui faire la promesse de ne rien dire et de me défendre.

Je ne sais pas pourquoi mais je la crus alors je décidai de faire le bon choix et de dire la vérité.

-C'est ton frère.

-Mon frère ? Qu'est-ce qu'il a ?

J'hésitai à nouveau mais je continuai ma phrase :

-C'est ton frère qui m'a violé.

-Mon frère ? Mon frère est incapable de commettre un viol surtout avec toi. Il ne m'a quitté de la soirée. T'es qu'une menteuse ! Une putain de menteuse ! cria-t-elle à travers le couloir.

-Chloé, je te jure que c'est vrai ! C'est ton frère. Calme-toi, s'il te plait !

-Arrête de mentir ! En fait, les autres avaient raison, tu es qu'une mytho. Va te faire soigner !

Elle partit en courant vers son frère me laissant planter au milieu de la cour. Pourquoi je lui ai raconté moi ? Qu'est-ce qu'il m'a pris ? Fallait se douter qu'elle ne me croirait pas. Son frère. C'était le deuxième homme de sa vie après son père. Pourquoi n'avais-je pas tenu ma langue ? Encore une fois, je me retrouvais seule entourée par des personnes qui me regardaient moqueurs.

Pourquoi je foirais tout ? Toujours ?

TOUT GÂCHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant