Chapitre 22 : Soirée

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« Penser c'est croire, croire c'est rêver, rêver c'est espérer. Quand on casse tes espoirs on casse également tes rêves et ce en quoi tu crois. »

Jonathan Pasquier

2009, Paris, 9e arrondissement, jeudi 31 décembre

Bizarrement ces derniers mois, on n'entend plus beaucoup parler de moi au lycée. Depuis que Chloé m'a défendu en cours, plus personne n'a osé s'en prendre à moi, enfin plutôt à elle. Ce n'était pas pour moi qu'il ne se passait rien, c'était sûrement pour elle, et juste pour ce qu'elle a fait ces derniers mois, je lui en serais éternellement reconnaissante.

Il est dix-huit heures. Chloé vient me chercher d'ici une heure trente, nous allons à une soirée ensemble pour fêter la nouvelle année, nous rejoignons les autres qui apparemment ont accepté que je sois là. J'ai été un peu choquée quand Chloé me l'a annoncé il y'a quinze jours avant les vacances. Je ne voulais pas y aller au début puis elle a réussi à me convaincre en appuyant sur le fait que je m'ennuierais au diner de ce soir avec nos parents, elle n'avait pas tort.

Je passai sous la douche avant de mettre ma robe t-shirt beige du film Léon de passer un collier ras-de-cou noir, j'appliquai un rouge à lèvres rouge ainsi que des paillettes dorées sur mes yeux puis un trait d'eye liner.

Je fus finalement en avance alors je mis le nécessaire dans un sac noir, enfilai des cuissardes noires sans talon.

Je m'installai quelques temps sur mon lit, passai mon blouson en cuir sur mon dos, je fermai la porte de ma chambre et me dirigeai vers la cuisine où se trouvait mes parents en plein préparatif, ils ne firent même pas attention à ma présence.

On frappa à la porte, les Muller viennent d'arriver, je fis une bise aux Muller puis à mes parents qui m'avaient enfin remarqué. Je rejoignis Chloé et Maël en bas, on partait à pied jusqu'à chez Cameron, il habitait chez sa mère avec sa sœur Agathe depuis que sa mère avait chassé son père de chez eux deux ans plus tôt, la mère de Cameron n'a jamais pardonné à son mari la violence dont il faisait preuve envers son fils. Pourtant il n'a jamais été arrêté et est parti refaire sa vie aux Etats-Unis sans laisser d'adresse.

Cameron était très déçu que son père ne se soit jamais fait arrêter mais sa mère n'a jamais voulu porter plainte pour ne pas engrainer une mauvaise réputation et des jugements. Cameron lui en a souvent beaucoup voulu mais il n'en parle presque jamais. D'ailleurs je l'ai su, il y'a seulement quelques mois, un an peut-être lors d'une soirée bien arrosée alors que Cameron prononçait à qui voulait l'entendre : « je suis comme mon père, un violent. ». Nous en avons reparlé quelque temps plus tard, c'est comme ça que je sais ceci. Je ne suis pas sûre que quelqu'un d'autre soit au courant. Croyant sûrement que le père est parti pour le travail comme je le croyais avant comme Cameron avait voulu nous faire croire.

-Vous êtes sûrs qu'ils veulent que je vienne ? Cameron m'a bien invité ?

-Oui, ne t'inquiète pas, tout est bon, me dit Chloé en me montrant son pouce en l'air.

Maël ne me regarda pas une seule seconde, observant seulement ses pieds. Chloé quant à elle, s'amusait à nous faire le bilan de son année deux mille neuf, sans s'arrêter de parler, quelque fois elle osait nous regarder, elle voyait pourtant que nous ne l'écoutions pas du tout.

-En tout cas, vous avez l'air de bien vous entendre tous les deux, continua-t-elle et je me demandai si c'était ironique.

Maël répondit à ma place en adressant deux mots à sa sœur : « Très bien ». Et je savais que c'était ironique, il me déteste, tout le monde le sait.

TOUT GÂCHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant