Chapitre 19 : Paraître ou ne pas être

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« Tout est tellement joli près de TOI pourvu que les grains du sablier se coincent, j'ai enfin vu le vrai moi près de toi, merci pour ça ! »

Lomepal

2020, Paris, 18e arrondissement, dimanche 15 mars

Une nouvelle fois, je racontais l'histoire. Pendant ce temps, le comportement des autres, de ceux qui avaient oubliés me font rire. Ils commençaient à se tirer dans les pattes, ceux qui n'étaient pas concernés par l'histoire étaient choqués alors qu'eux-mêmes avaient fait pire. Par exemple, Maël qui avait fait bien pire n'hésitait pas à jeter des éclairs avec ses yeux, à faire maintes et maintes fois craquer ses doigts. Il n'avait aucunement le droit d'être énervé. Aucun droit. Emma ne savait pas où se mettre mais elle continuait à se tenir droite comme un piquet. Comme d'habitude. Je continuai mon récit :

-Je découvris quelques temps plus tard, grâce à Alice que ce message venait d'Emma. Je m'en doutais un peu. Mais j'ai été déçu. Au lycée, tout est question de vengeance, on ne fait jamais rien pour rien. Elena s'était vengée et toi aussi. Si je suis plus honnête, Romain et Maël, ce n'est pas ce qui m'a le plus déçu, ce fut que la menace vienne du même sexe que le mien. On aurait pu, on aurait dû être soudées.

-Tu nous reproches de nous être vengé mais si tu avais été à notre place, tu aurais fait pareil. Tu ne crois pas ? me questionna Mila.

Je ne réponds pas, je ne savais pas, je ne pensais pas. C'était eux qui l'avait fait, pas moi.

-Tu n'as aucune excuse, n'essaye pas de me dire que j'aurais fait la même chose pour me faire culpabiliser à propos de votre présence ici. Je suis en aucun cas comme vous.

-Que voulais-tu qu'on fasse ? Aller chez les flics pour dénoncer nos potes ? Personne aurait été inculpé, rien n'était illégale, continua Maddy.

-Rien n'était illégale ? Bien-sûr, vos parents étaient assez friqués pour se payer les flics, les juges et les femmes des flics. Et mes parents étaient trop parfaits pour se lancer dans une procédure qui ruinerait leur réputation.

-Nos parents n'ont pas payés les juges ou les flics parce que personne n'avait rien contre nous, reprit Maddy trop calmement à mon goût.

-Au final, vous n'avez pas payés mais moi je suis là maintenant, dix ans après et je suis là pour rendre ce que j'ai toujours crié, justice.

-Rien n'était illégale, reprit et continua Maddy.

Je commençais à faire la liste dans ma tête avant de l'énoncer :

-Prise de photos à mon insu, agression, non-assistance à personne en danger... Veux-tu que je continue ou ça va ?

La liste de leur acte était encore longue mais j'avais encore quelques cartes à jouer, je ne devais pas tout mettre sur le tapis maintenant. Au risque de tout perdre.

-Tu fais mine de tout savoir mais la vérité c'est que tu ne sais rien, me dit Logan.

-Alors explique moi ! Expliquez-moi ! criai-je à en perdre haleine.

-Je ne t'expliquerais pas, je ne te dois rien, je ne leur dois rien.

-Ou alors tu as un rapport avec ça et tu n'as pas assez de courage pour me dire ce que tu sais ? lui demandai-je énervé.

Je plantai alors mon regard dans le sien mais il ne me dit rien, il ne compléta pas, il ne rajouta rien. Et je compris alors que je n'avais pas toutes les cartes, qu'il m'en manquait une, la carte au centre, la pièce centrale.

Je repris le chemin inverse, la lumière éteinte et les escaliers montés, je poussai un souffle sonore qui résonna presque dans le salon. A l'extérieur, la pluie s'abattait sur les fenêtres en trombes d'eau. Pour un mois de mars à Paris, c'était normal.

TOUT GÂCHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant