Chapitre 21 : M'aimes-tu encore ?

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« Dis-moi la vérité, rien que la vérité, est-ce que t'aimes vraiment la meuf avec qui t'es ou par habitude, tu n'oses plus la quitter. »

Damso

2020, Paris, 18e arrondissement, lundi 16 mars

Je me suis réveillée de bon pied ce matin, après m'être préparée de manière simple (un jean noir, un débardeur blanc et une veste beige), j'ai déjeuné et j'ai apporté le déjeuner au sous-sol et j'ai commencé à raconter l'histoire avec Alice.

-Quand tu m'as traité de « traître » et de « salope ». Je me suis sentie comme tout le monde, comme les autres. Je me suis tout de suite demandée si se sentir comme les autres c'est se sentir seul parce que moi je me sentais incroyablement seule quand tu m'as planté pour « eux », dis-je en les montrant du doigt de façon impolie.

-Désolé mais moi j'ai pensé à moi, à ma réputation, je ne pouvais pas te soutenir à chacun de tes faux-pas.

-Bien-sûr, tu es une parfaite amie, jamais là pour les autres mais nous devons toujours être là pour toi.

-Je ne suis pas égoïste !

-Tu es autocentrée, encore maintenant. Tu es indifférente à tout ce qui touche les autres, le monde autour de toi. Tu es profondément incapable de t'imaginer pauvre un jour, incapable de donner ne serait-ce qu'une pièce de 1€ à un SDF. Ose me dire que c'n'est pas vrai ?

-Oui, c'est pas vrai, je suis très altruiste. D'ailleurs j'étais pauvre avant.

Je me mis à rigoler, « pauvre », elle n'avait jamais été « pauvre ».

-Tu n'étais pas pauvre, tu étais juste moins riche que maintenant. Ce qui fait toute la différence.

-C'est faux ! dit-elle de plus en plus énerver et à cran, elle continuait juste à défendre une cause indéfendable.

-Tu veux savoir quelque chose, tu n'es pauvre que d'une chose, d'humanité.

Ce fut les derniers mots que l'on s'adressa avant qu'Alice plonge son regard dans celui de son mari.

-Et toi, tu ne me soutiens pas ?! s'écria-t-elle

Il tourna à son tour son regard vers elle.

-Quoi ? Toi non plus tu ne m'as pas soutenu quand c'était à mon tour. Pourquoi moi je devrais le faire ?

Voilà, c'était comme ça, tout le temps, entre Alice et Romain. Œil pour œil, dent pour dent. Ce que tu ne fais pas, je ne le ferais pas non plus. À les entendre si l'un ne fait pas la vaisselle l'autre ne la fait pas non plus.

-Mais bien-sûr que je t'ai soutenue.

Je m'assis dans un coin de la pièce, là où une chaise trônait.

-Non, toi aussi, tu la voulais la vérité. Tu as adoré en fait, que l'on soit là, tu retrouves ta meilleure amie, tu apprends la vérité, sans jamais t'en vouloir, ni te remettre en question.

Romain était bien plus fort que moi pour lui faire des leçons de morale. Ses leçons de morale l'a touché bien plus que si c'était moi qui les lui faisaient.

-Ce n'est pas parce qu'on est mariés que je vais accepter un manque de respect de ta part, dit-elle mais je sentais qu'elle était blessée et que s'il continuait ainsi Alice s'écroulerait devant nos yeux.

-On est mariés ce n'est pas pour ça que je dois rien te dire, je connais tes défauts et je les aime pas.

-Pourtant tu as juré de m'aimer pour le meilleur et pour le pire.

-À présent, jurer ne veut plus rien dire.

-Parles-tu de divorce ?

-Je n'ai jamais prononcé le mot « divorce », ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, continua-il en jouant sur les mots.

-Tu y as déjà pensé ?

Je le vis hésiter et bizarrement je m'inquiétais pour sa femme. Après quelques secondes, sans aucune réponse de Romain, Alice lui dit :

-Tu ne réponds pas, puis en se tournant vers moi et les autres, il ne répond pas, il veut divorcer, et Matéo dans tout ça ! Matéo, tu y as pensé ! cria-t-elle à travers la pièce.

-Non ! Je ne veux pas divorcer ! répondit-il en criant à son tour mais pour Alice c'était déjà trop tard.

Installée, non loin de Gab, je lui demandai en chuchotant :

-Toi aussi, t'aimes quand ils s'embrouillent ?

Il me jeta un coup d'œil détournant pendant un moment le regard de la scène qui se jouait devant nous mais l'homme devant moi ne me répondit pas se contentant juste de m'observer comme il le faisait il n'y a pas si longtemps.

Pendant ce temps, Romain et Alice continuaient de se déchirer. Et moi, je me demandais s'ils étaient aussi comme tels quand leur fils était là.

-Votre fils vous entend vous engueuler comme ça ? demandai-je

Ils arrêtèrent leur engueulade quelques minutes pour se concentrer sur ma question pour finir par se regarder en chien de faïence et hocher les épaules. Néanmoins la dispute ne reprit pas.

À force de vouloir jouer à la famille parfaite, ils s'étaient perdus. Moi-même, je savais ce que ça faisait de jouer un rôle, de jouer un rôle dans sa propre vie.

J'adressai un simple « merci » à Chloé, pour avoir été là quand Alice ne l'était pas, je ne sais pas si elle avait compris mais tout ce qui comptait c'était de l'avoir fait. Je la remerciai pour quelques temps mais son tour viendra.

-Jordan, qu'en penses-tu ? demanda Gab ce qui m'étonna quelque peu, lui qui habituellement ne parlait jamais, se contentant juste d'écouter. Avant la réponse de Jordan, Gab en profita pour me faire un clin d'œil. Bizarre...

-Vous êtes de mèches ? demanda Jordan en me montrant du doigt avec Gab.

Je voulus lui répondre mais Gab s'en chargea à ma place de manière plus détendue que ce que j'aurais pu faire :

-On ne t'a jamais dit que c'était malpoli de répondre à une question par une autre question.

-Et toi, on ne t'a jamais dit que c'était malpoli de partir sans dire « au revoir ».

-Vieille rancœur, n'est-ce pas ? Mais si tu voulais me suivre, tu aurais dû le faire plutôt que de rester ici sous la botte de Romain.

-Romain est mon meilleur ami et toi tu es...

-Le sage, le silencieux, le loup solitaire, l'outsider. Je sais. Mais tu ne m'as toujours pas répondu. Alors ?

Il ne répondrait pas, enfin pas totalement, je le savais mais je vis que le doute commençait à s'immiscer. Mais Gab insista :

-Alors t'en penses quoi ?

-Il n'y a rien à penser, Ambre n'était pas mon ami, tu ne l'es pas non plus. Tout ce que les autres auraient pu faire ne changera rien à mon avis sur eux, ce sont mes amis, rien ne pourra changer ça.

Même lui ne croyait pas en ce qu'il disait.

Ici, le mensonge était d'amitié. Gab s'arrêta alors de parler, je pensais alors qu'il était satisfait des réponses de Jordan ou qu'il s'en contentait. Il était temps pour moi de reprendre le cours de mon récit.

TOUT GÂCHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant