Chapitre 15 : Amour sans retour

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« C'est impossible, dit la fierté

C'est risqué, dit l'Expérience

C'est sans issue, dit la Raison

Essayons, murmure le Cœur »

William Arthur Ward

2020, Paris, 18e arrondissement, dimanche 15 mars

-Logan et Alice vous étiez ceux en qui j'avais le plus confiance, j'avais foi en vous....

-Et on avait foi en toi, me coupa Alice

-Ça ne s'est pas vu.

-Alice, tu étais ma meilleure amie, si tu avais été à ma place, je t'aurais défendu corps et âme et Logan toi j'aurais aimé que tu me défendes, je pensais valoir un peu plus à tes yeux qu'un pauvre morceau de viande, continuai-je

Mais alors qu'Alice encaissait les coups sans parler, Logan, lui n'était pas prêt à se laisser bouffer, ce qui m'étonna quelque peu.

-J'étais amoureux mais...

-Stop, arrête ton charabia, moi j'étais amoureuse, toi tu m'aimais, ce n'est pas la même chose.

-N'essaye pas de décrire mes sentiments, tu ne peux pas savoir ce que je ressentais, même mon psy en 1 an de consultation n'a pas été capable de le faire, alors ce n'est pas toi qui va le faire. J'ai fait une dépression après ta tentative de suicide parce que j'avais été incapable de te retenir, parce que j'avais été incapable de te défendre. Je sais que je t'ai détruite mais tu ne peux pas me dire que je ne t'aimais pas, tu ne peux pas dire ce que je ressens, dit-il une pointe d'énervement dans la voix

-Là je peux te dire que tu es un brin énervé et que tu n'as pas fini ta phrase alors que tu détestes le faire.

-Si tu m'avais laissé finir, j'aurais dit « j'étais amoureux mais je n'étais pas prêt à faire une croix sur mes amis pour toi ».

-Tu me voulais moi, tes amis en prime et surtout ne pas te mouiller. Le beurre, l'argent du beurre et la crémière. Tu m'as abandonné pour ne pas perdre ta dignité et tes amis. Mais tu m'as perdu, moi, et ça n'avait pas l'air de t'affecter plus que ça.

-J'ai fait une dépression après ton départ et toi, tu me parles encore d'affect. Tu me reproches de ne pas tout avoir donné pour toi, peut-être que tu as raison. Mais au final j'aurais fini par tout perdre après ton départ. Mes amis, ma dignité, ma santé et toi...

-Tu m'avais perdu bien avant mon départ. Tu m'avais perdu le jour où tu m'as laissé sur le côté. Sur le bas-côté.

Il ne répondit pas et au fond de moi j'avais l'impression d'avoir gagné la partie sans même y avoir jouer. Pouvait-on gagner un jeu sans l'avoir commencé ?

Sans un mot en plus, je me levai de ma place, passai un rapide coup d'œil à Gabriel imprima son physique pour m'en souvenir quand j'allais partir.

*

Installé dans mon salon, au calme pour la première fois depuis trois jours, je lisais le livre habituellement placé sur ma table de chevet. Mon petit moment de détente. Une envie irrépressible et soudaine d'appeler mon petit soleil comme j'aimais l'appeler, ma fille, me prit.

Elle était restée avec ma tante dans le sud depuis que j'étais partie soit environ 9 mois même si j'étais passée la voir quand un week-end de libre se présentait à moi, autrement dit pas souvent, pas assez souvent pour moi. Elle me manquait affreusement. Mais Louna devait rester chez ma tante, c'était là qu'était ses amies et sa famille.

Ne perdant pas une minute de plus, j'allumai mon ordinateur et ouvrit l'application de vidéoconférence. Quelques secondes plus tard, je vis le visage de ma fille apparaître.

-Maman !!

-Oui, c'est moi, ma chérie, comment ça va ?

-Bien, tata m'emmène à un anniversaire. Tu reviens quand ?

-Je sais pas ma chérie mais il ne me reste plus longtemps une journée ou deux je pense.

-Tu me manques, me chuchota-t-elle à travers l'écran

-Je sais ma chérie, toi aussi tu me manques, mais après je serais là, je ne partirais plus. Quand je vais revenir, on va partir à Londres. C'est toujours ton rêve.

-Cool maman !!! Tata ! Tata ! T'as entendu, maman va m'emmener à Londres.

Elle me faisait tellement penser à son père, son caractère, sa façon de parler, son nez mince et allongée, ainsi que sa bouche rieuse. Je ne voulais pas de garçon quand j'ai appris que j'étais enceinte de peur de voir le portrait caché de son père mais finalement Louna est le pur mélange de lui et moi. Ce que je remarque chaque jour.

-Coucou tata ! lui dis-je quand je vis son visage apparaître à l'écran.

-Salut, Ambre ! Comment vas-tu ?

-Ça va et toi ?

-On va très bien, quand reviens-tu ?

Quand je fus sûre que Louna était loin, je pus parler sans aucune peur.

-Je ne sais pas, j'ai encore quelques petites choses à régler ici.

-S'il te plaît, Ambre, fais-moi plaisir, va fleurir la tombe de tes parents avant de partir.

-Tu sais très bien que je déteste les cimetières et encore plus quand j'y vais pour aller voir mes parents.

-S'il te plaît, Ambre, tu sais combien cela compte pour moi. Vas-y, fais-le pour moi et pour toi aussi. Tu le sais au fond de toi que tu en as besoin.

-Ouais peut être que tu as raison. J'ai besoin de leur dire leurs 4 vérités.

-Arrête de détester tout le monde, Ambre, Dieu voudrait que tu pardonnes.

Désolé j'avais oublié de le mentionner, ma tante est très pieuse. Le pardon, les péchés et les cimetières...

-Je vais bientôt devoir y aller, tu peux me passer Louna une dernière fois, je t'embrasse tata, occupe-toi bien de mon petit soleil pendant mon absence.

-Louna, ma petite puce, je reviens bientôt, d'accord ?

-Oui, maman, mais quand tu reviendras, promets-moi de ne plus me parler comme à une enfant.

-D'accord chérie, lui confiai-je en rigolant

-Dès que je reviens, on réserve pour Londres. Mais en attendant tu es sage avec tata ?

-Oui, maman, bisous.

-Bisous, je t'aime ! lui répondis-je avant que la conversation coupe.

La conversation coupa sans que je puisse lui dire que l'on allait devoir déménager. Loin de ma tante et des amis de ma fille. On m'aurait retrouvé si facilement si je restais chez ma tante. Et s'il y'avait une chose que je ne voulais pas c'était que l'on me retrouve ou tout simplement que l'on me cherche.

Je fermai l'ordinateur et redescendis les escaliers, je retrouvai alors les 12 membres de mon sous-sol. Leur tête était baissée comme sonnée après un match de boxe.

-Gab, tu vas me suivre, lui dis-je plus comme une demande que comme un ordre.

Je lui détachai les pieds et les mains.

-Pourquoi tu le détaches ? Tu ne veux pas qu'il entende la fin de l'histoire, la fin de ton histoire, me demanda Mila

Dans ses yeux, je vis que Mila commençait à se prendre au jeu et qu'elle voulait savoir la vérité, je ne pense pas qu'elle soit prête à l'entendre Je savais aussi qu'ils mourraient tous d'envie de me poser cette question : « Qui est le père de ton enfant ? ». Deux d'entre eux avaient la réponse.

TOUT GÂCHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant