Après une nuit agitée, le réveil sonna à cinq heure du matin. Comme chaque matin je me rendais à la pâtisserie pour aider mon père à confectionner les gâteaux avant d'ouvrir en compagnie de ma mère. Mes journées étaient bien rythmées et je n'avais quasiment plus de vie sociale depuis plusieurs années, alors une vie amoureuse n'en parlons pas, d'ailleurs beaucoup s'y était risqué, pour finalement se rendre compte que je ne vivais que pour mon travail. Ce n'est pas vraiment ce que je souhaitais mais j'étais une passionnée et vous savez comment on est ? On vit passion, respire passion, mange passion, dors passion bref on ne vit plus que pour ça et on a du mal à se modérer. Tout en pensant au rendez-vous important que j'allais avoir aujourd'hui, je pris une douche rapide, avant d'enfiler mon tablier et de foncer vers la boutique.
La matinée se déroula sans encombre je naviguais entre les tartes au citron et les éclairs au chocolat, comme une pro. Vers huit heures j'ouvris la caisse en attendant ma mère et accueillis les premiers clients. Le visage recouvert de farine, je reconnue certains fidèles qui m'encourageaient toujours à poursuivre mes rêves. Après quelques encaissements, une dame très élégante s'approcha du comptoir. Je ne mis que quelques secondes à faire le lien entre la photo d'hier et la personne devant moi. Il s'agissait de la Duchesse d'Habsbourg en personne. Dans un mouvement de panique, j'époussetais mon visage recouvert de farine, en passant mes mains sur mes joues légèrement rosies par la gêne. Mon regard se porta sur l'horloge qui affichait neuve heures trente. Ouf, pendant un cours instant j'avais cru être en retard au rendez-vous. Mais que faisait-elle ici alors que nous avions un rendez-vous beaucoup plus tard ? Je n'eus pas le temps de m'interroger trop longtemps, que déjà la jeune femme s'impatientait.
- Bonjour ! Vous êtes la pâtissière qui a gagné le concours ? Me demanda-t-elle sèchement en me dévisageant de haut en bas.
Je me rappelais soudainement que j'étais toujours en blouse de travail avec la toque sur la tête. Je m'empressais de la retirer par respect.
- Bonjour ! Tout à fait, Léna enchantée ! Dis-je en tendant ma main avant de comprendre rapidement par son vent que ce n'était pas la bonne approche.
- Oui, oui de même ! Je n'ai pas beaucoup de temps, mon avion a été avancé d'une heure, je vais donc faire court. J'ai besoin de vos talents pour réaliser ma pièce montée de Mariage mais je suppose que votre mère vous en a parlé ? Me questionna t-elle avec se ton hautain et cette condescendance qu'arbore les personnes de son rang.
- Oui, tout à fait mais un problème se pose et ...
- A tout problème sa solution, parlez et faites vite ! Je suis très pressée. S'empressa t-elle d'ajouté, agacée par le fait qu'on ne lui réponde pas oui immédiatement.
- Mes parents auront besoin de quelqu'un pour me remplacer mais ils n'ont pas les moyens pour cela. Et je refuse de les laisser sans aide pendant trois semaines...
- Bien, Je leur ferais un chèque du montant du salaire qu'ils souhaitent verser à la personne qui vous remplacera. Je ne veux pas m'encombrer de détails futiles. Voici vos billets d'avion, vous partirez demain à la première heure et serait logé dans les appartements du personnel. M'imposa-t-elle sans me laissais le temps de parler.
Décidément cela semblait être une manie chez elle de couper les gens. Cette femme n'avait assurément pas l'habitude qu'on lui dise non. Prise de cours, je pris les billets qu'elle me tendait et les observait un peu surprise.
- Je...Mais...
- Je vous donne rendez-vous demain en Elleore, dans le salon royal pour onze heure, afin que je vous explique ce que je souhaite pour mon mariage. Vous aurez à votre disposition tout ce dont vous aurez besoin pour réaliser mon chef-d'œuvre, nous signerons le contrat à ce moment là. C'est entendu ?
Décidément, étais-ce vraiment nécessaire que je lui réponde ? Elle connaissait déjà la réponse non ?
- Bien ! J'imagine que je n'ai plus vraiment le choix. Dis-je de manière plus douce en priant pour qu'elle n'est pas entendu la fin de la phrase.
- Parfait ! A demain ! Dit-elle avant de partir en claquant la porte.
Les clients me souriaient gênés. Elle s'était imposée sans me laisser parler, me laissant perplexe sans vraiment pouvoir prendre de recul sur ce qu'il m'arrivait. Ma mère qui était arrivée à ce moment-là, n'avait pas osée venir en surface de vente, de peur de perturber notre échange. Elle entra finalement un grand sourire dessiné sur son visage.
- Ma princesse va réaliser ses rêves ! Enfin ! Il était temps que tu penses un peu à toi. Je suis contente que tu es accepté ! Dit-elle tout en servant les clients qui approuvaient avec bienveillance les paroles de ma mère.
Si tous le monde s'y mettait alors je n'avais plus qu'à me lancer. C'est vrai, j'aimais cette ville, ses habitants, sa chaleur, j'y étais née, j'y avais grandi et je connaissais chaque rue, chaque recoin et trésors cachés. Pourtant demain à cette heure-là je ne serais plus là mais dans l'avion direction l'Elleore, un pays que je ne connaissais même pas. C'était à la fois excitant mais terriblement angoissant.
- On ne m'a pas vraiment laissé le choix, elle vous enverra un chèque pour payer la personne qui me remplacera. Vous êtes sûr que ça va aller ? Demandais-je inquiète.
- Mais oui ma chérie ! Ah ces jeunes qui se croient indispensables ! Dit-elle en caressant le haut de ma tête, enfin en m'ébouriffant les cheveux serait plus précis.
- Maman, sa suffit ! M'exclamais-je amusée mais aussi gênée par son comportement.
- J'en profite après je ne pourrais plus le faire avant un moment. Ce soir tu partiras plus tôt pour faire ta valise. M'ordonna t-elle sur un ton qui se voulait sans appel.
- Oui, oui ! En fait tu ne me veux plus dans tes pattes avoue ? Pouffais-je en souriant.
- Allez zou ! File voire ton père pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Je ne me fis pas prier et en profita pour prendre une pause et envoyer un SMS à ma meilleure amie. Bien sûr, elle m'ordonna de tous lui raconter une fois sur place et de lui décrire le Prince. Elle ne perd vraiment pas le nord. Mon père lui m'enlaça et me souhaita bonne chance. Mon avenir était en marche. L'importance était de réussir et de faire plaisir aux mariés, voilà mon objectif. La Duchesse avait l'air de savoir ce qu'elle voulait, et cela me faisait un peu peur, car j'aimais bien avoir un peu de liberté pour m'exprimer sur mes gâteaux. Nous n'en n'étions pas encore là et comme prévu vers seize heures, ma mère me renvoya chez moi pour que je puisse préparer mes valises.
Je ne réalisais pas encore ce qui m'arrivais. Tout ça allait bien trop vite pour que je puisse prendre du recul et je détestais ça. Moi qui était quelqu'un de dynamique mais réservé, je n'aimais pas être prise de court. Ne pas pouvoir anticiper, préparer, organiser, planifier me rendait hystérique et nerveuse. Et si la crise de panique n'était pas loin, je n'avais pas le temps de penser à demain. Je mis des vêtements chauds, des robes et des sous-vêtements presque en vrac dans ma valise pour calmer mon angoisse grandissante. Je savais que je ne réaliserai ce qui m'arrive qu'une fois sur place, enfin je l'espérai car je n'étais moi-même pas convaincu d'être la personne qui leur fallait. Confiance en moi quand tu me fuis. Moi la fille du Wisconsin, j'allais être repoussée dans mes retranchements pour enfin sortir de ma zone de confort. Ma valise terminée, je pris une douche, vérifia mon passeport et ma pièce d'identité, puis rangea mes billets d'avions dans mon sac à dos. Heureusement je n'avais pas eu besoin de visa pour aller jusqu'en Elleore, les privilèges de la royauté.
Fatiguée, je me glissais sous les draps après avoir programmer mon réveil. Il ne manquerait plus que je rate l'avion. Le sommeil ne se fit pas prier et m'emporta rapidement dans les bras de Morphée.
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Le Prince et la Pâtissière [Terminée]
RomanceLéna, jeune pâtissière n'a de cesse de se battre pour réaliser son rêve. Après des années de dur labeur et de rigueur, elle voit sa vie basculer le jour où, la Duchesse d'Habsbourg entre dans sa pâtisserie pour lui demander de réaliser le gâteau de...