Le Prince et la Pâtissière [Terminée]

Chapitre 5 : Révélation

Trente minutes plus tard, j'étais prête, fatiguée mais prête. Je pris mon bloc de dessin, mes crayons de couleurs et tout ce dont j'avais besoin pour prendre des notes pendant notre entrevue, avant de me diriger vers le salon royal comme convenue la veille avec la Duchesse.

Seule Hic, il était dix heures cinquante, le château était immense et je ne savais pas où se trouvait ce fameux salon. Je regardais autour de moi, en espérant trouver quelqu'un qui pourrait m'aider jusqu'à ce que la chance me sourît. Une jeune femme qui faisait le ménage dans les couloirs m'indiqua la direction à prendre. Je marchais d'un pas assuré vers cet incroyable pièce lorsqu'un tableau attira mon attention.

Il représentait sans doute la famille royale, le roi, la reine et leurs enfants. Le roi était représenté debout derrière sa femme, la reine, elle était assise et portait l'un de ses fils certainement le plus jeune, sur ses genoux. L'autre se tenait debout fière au côté de ses parents.  Ils semblaient si chaleureux, si aimants et souriants, loin de l'image que pouvait renvoyer la Duchesse. Je me perdis dans mes pensées lorsqu'une voix masculine me ramena à la réalité...

- Il vous plait ? M'interrogea la douce voix dans mon dos.

- Le tableau ? Oui c'est une belle famille, ils ont beaucoup de chance. Quand on les regarde on est submergé par l'amour qui les unit c'est incroyable et tellement précieux. Répondis-je en continuant ma contemplation.

- Je suis d'accord avec vous. Dit-il simplement.

Je me retournais pour saluer la personne qui venait de m'adresser la parole et alors que je pivotais, mon regard se posa dans celui de l'homme qui se trouvait devant moi. Grand, brun, les yeux d'un bleu-gris intense, vêtu d'un costume digne des plus haut dignitaire. J'eu un mouvement de surprise, que faisait-il ici, à plusieurs kilomètres du lieu où nous nous étions rencontrés ?

- Colin ?! M'exclamais-je surprise.

- Léna !? Renchérit Colin avec la même surprise et des yeux ébahis.

Pendant un cours instant nos regards se croisèrent et le temps se figea, mon cœur partit en vrille, car devant moi se trouvait l'homme avec qui j'avais passé la plus belle heure de toute ma vie, lorsqu'il était de passage dans le Wisconsin pour les vacances, il y a de cela plusieurs jours.

Pendant cette heure, il m'avait fait oublier mes problèmes, nous avions parlé de tout, de rien mais surtout de nos rêves et c'était la première fois qu'un homme s'intéressait vraiment à moi. Alors oui je l'avais trouvé charmant et nous avions passé un moment magique mais je ne m'attendais pas à le revoir. Même si je devais me l'avouer, repenser à ce moment continuait de me donner des papillons dans le ventre.

Il était entré dans la boulangerie pour acheter un gâteau, indécis. Alors je lui avais demandé quel était son plus beau souvenir d'enfance et quand il m'avait répondu que c'était les jeux qu'il partageait avec ses amis, dans les vergers de sa propriété et dans les champs de blé, je lui avais offert un muffin à la pêche, avant de lui recommander une tarte amandine aux abricots. Tous ça, sans savoir qui il était vraiment. Pour me remercier d'avoir ravis ses papilles en dégustant mon muffin, il avait demandé à ma mère si je pouvais prendre ma pause pour m'inviter à déjeuner. Finalement n'ayant pas faim, nous nous étions promenés pendant une heure dans le parc près de chez moi. Et puis nos chemins s'étaient séparés, il disait savoir où me trouver, s'il avait besoin d'un gâteau et j'avais répondu avec humour, que je répondrais présente si ça devait arriver.

La voix d'un autre homme vêtu à la manière des valets, interrompis notre échange de regard.

- Votre altesse, Madame la Duchesse de Habsbourg vous attend dans le salon royal pour votre entretien avec la jeune dame qui doit réaliser votre pièce montée. Elle s'impatiente ! Expliqua l'homme gêné d'interrompre notre conversation.

- Merci Marc, nous nous rendons justement là-bas, prévenez là de notre arrivée imminente. Puis il se tourna vers moi son sourire radieux laissant place à de l'inquiétude. Pardonnez mes manières, je n'ai pas eu le temps de vous dire qui j'étais réellement la dernière fois qu'on s'est vu.

- Oh ! Pardonnez-moi votre Altesse ! M'exclamais-je en faisant une révérence. Je l'ignorais.

Mais quelle andouille je faisais, j'aurais dû faire des recherches sur google comme tous le monde. Bien sûr c'est le genre de chose qui n'arrivait qu'à moi. Colin était le prince d'Elleore, devant cette évidence mon coeur se serra. Comment avais-je pu croire un seul instant que je pouvais plaire à cet homme ?

Redescend sur terre, tu n'es pas cendrillon, tu es juste la pâtissière qui réalisera son gâteau de mariage. Pensais-je pour moi-même.

- Oui, j'aime bien garder mon anonymat quand je suis en voyage. Est-ce que tout va bien ? Me demanda-t-il sincèrement en essayant de lire dans mon regard pour tenter d'y voir ce que je ressentais.

J'avais le sentiment qu'il s'en voulait et il le pouvait en effet. Comment pouvait-on omettre ce genre de détail ?

- Tout va bien, je comprends ne vous en faites pas. Rendons-nous au salon, j'ai du travail et je n'ai que trois semaines. Dis-je fermement, légèrement bon d'accord fortement contrarié par cette omission.

Alors que j'allais repartir, Colin attrapa mes mains. Un geste d'affection inattendu et inapproprié pour un futur roi en passe de se marier.

- Attendez, je vous fais la promesse que je ne savais pas qu'elle vous choisirait. M'expliqua t-il visiblement sincèrement peiné par ma froideur.

- Elle ne m'a pas vraiment laissé le choix en réalité, allons-y ! Dis-je de manière plus neutre après avoir retiré doucement mes mains pour ne pas laisser transparaître mon désarroi face à la situation.

Qu'elle était la probabilité pour que l'homme qui faisait vibrer mon cœur soit celui pour lequel j'allais devoir réaliser ce gâteau de mariage ?