Ma tête est aussi lourde que de la pierre.
C'est tout ce qu'à quoi je suis capable de penser lorsque j'immerge d'un court sommeil sans rêve. Le jour se lève doucement dans mon appartement et le soleil me fait un mal fou alors que je me redresse. J'ai encore une fois dormi à même le sol et ma nuque douloureuse me le fait savoir.
Je me lève et dois me retenir au plan de travail pour que mes jambes cotonneuses au possible continuent de me porter malgré tout. J'avance à petit pas jusqu'à ma cuisine où je me sers un verre d'eau.
Mon cerveau me remercie directement de ce breuvage en m'envoyant une information que je n'avais pas encore saisie. Il n'y a plus de bruit, plus rien.
Il est parti, enfin je l'espère.
Cette information réveille chaque parcelle de mon corps encore engourdie par la veille, comme lors d'un électro-choc. Je dépose mon verre sur mon évier et traverse l'appartement à grandes enjambées, j'ai retrouvé toutes mes capacités, plus aucune brume de quoique ce soit n'altère mes sens et pour cause, je dois fuir.
Lorsque je passe devant ma porte, je vérifie par le judas que la voie et libre et c'est bel et bien le cas. Un rapide coup d'œil à mon téléphone et je remarque qu'il est encore six heure. Je dois être partie avant que l'un des garçons ne vienne me chercher pour aller en cours.
Je serai incapable de revoir leurs visages avant de quitter la ville, même si mon cœur me hurle tout le contraire. Pour leur propre bien, je ne peux pas faire ça.
Je récupère ma valise dans l'un de mes placards et recommence, pour la millième fois, à rentrer toute ma courte vie à l'intérieur. Tout y passe et je ne suis pas surprise de voir que tout rentre dans ce si petit bagage.
Une demi-heure plus tard, je suis dehors, un message déjà laissé à ma propriétaire, lui disant que je partais et toute ma vie à bout de bras. Séoul m'accueille comme une vieille amie et m'accompagne jusqu'à mon lycée où je vais devoir trouver un nouveau mensonge pour justifier le fait que je quitte leur établissement.
Les adultes que je croise sur ma route me regarde étrangement, probablement tous très curieux de voir une adolescente, que dis-je, une simple enfant, se balader si tôt avec un tel paquetage alors que les cours ne commencent que dans une petite heure.
C'est pour ça que j'entre sans crainte dans mon établissement encore très calme. Seulement quelques élèves venant de loin sont présent dans le hall et je peux rejoindre, sans risque de croiser quiconque, le secrétariat.
Je pousse la porte vitrée sans hésitation, sachant pertinemment qu'une fois fait, le plus vite possible, je partirais et ne reviendrais plus jamais dans ce quartier, par peur.
Par peur, je ne verrais plus ces murs ni ces étoiles au-dessus de ma tête. Mais pire que tout, je ne reverrais plus les garçons. Je ne reverrais plus l'aura si rassurante de Minho, les bras protecteurs de Chan, les éclats de rires de Changbin et Hyunjin ni les calamités produites par Jeongin, Seungmin et Felix.Mais le pire là dedans, et je le sais au fond de moi, c'est que l'image de Jisung finira elle aussi par disparaître, elle ne restera qu'un simple souvenir à peine animé par nos quelques moments passé ensemble. Elle s'effacera, se noiera dans un tourbillon de chose plus sombre qu'elle jusqu'à ne plus jamais exister. Jisung ne sera plus qu'un souvenir, d'une personne que j'aurais probablement une fois de plus blessé et comme Eunji, il ne deviendra qu'un sourire crispé, figé sur une image ayant perdu de sa couleur.
- Puis-je vous aider ? Me lance une surveillante alors que j'abandonne ma valise près de la porte avant d'avancer vers le bureau.
- Je viens signer un certificat d'abandon d'étude, je déménage.
Elle ne dit rien de plus et commence à fouiller dans ses papiers à la recherche du dit certificat.
- Et pourquoi vous déménagez, si ce n'est pas trop indiscret ? Demande-t-elle en déposant le document face à moi avec un stylo bic bleu.
- Ma mère a été mutée à Incheon. Dis-je simplement en commençant à remplir ce document que je connais par cœur maintenant alors que dans mon dos, le bruit familier d'une porte qui se referme se fait entendre.
- C'est pour les clefs de la salle de musique les garçons ? Tenez, ramenez là moi dès que vous avez fini. Lance la surveillante aux nouveaux arrivant alors que je m'apprête à signer la feuille, rendant officiel mon départ.
- Naesil ? Articule une voix familière.
Mon stylo reste en suspends et je ferme les yeux, pestant contre moi-même et contre eux, qu'est-ce qu'ils font là ?
Quelqu'un m'arrache le stylo des mains alors que je sens la feuille m'êtres également retiré. Je me redresse et me retourne doucement, faisant face à un Chan surpris et à un Jisung, le nez plongé dans mon acte d'abandon d'étude. La pièce reste silencieuse un instant avant que Jisung ne soit illuminer par une pensée que je regretterai.
- Ah mais tu n'es pas au courant ? Commence-t-il à mentir. Ma mère a appelé la tienne, tu vas rester dans notre collocation jusqu'à la fin de l'année, comme ça, tu n'auras pas à changer d'établissement.
Je reste interdite alors que mon poing se ressert, enfonçant mes ongles dans la paume de ma main. Je dois partir.
- Oh mais c'est parfait dans ce cas ! Lance la surveillante en récupérant la feuille qu'elle déchire prestement. Dépêchez-vous d'aller chercher le matériel les garçons, vos cours commencent bientôt.
J'allais protester quand Jisung se saisit de ma main pour me tirer en dehors du secrétariat. Une fois à l'extérieur, j'arrache ma valise des mains de Chan et me tourne vers le blond, un regard furibond probablement collé à mon visage.
- Pourquoi tu as fait ça ? Je dois partir et ma décision ne vous regarde en rien. Craché-je alors que mes ongles s'enfoncent un peu plus dans ma main.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé hier ? Il est venu ? Demande-t-il en approchant d'un pas, sachant déjà pourquoi je suis en fuite permanente.
- Je suis obligé de partir maintenant qu'il sait, et ça vaut mieux pour vous tous. Dis-je un peu plus fort qu'à l'accoutumé, récoltant les regards étonnés des quelques élèves présents.
- Tu ne peux pas partir, tu ne peux pas me faire ça à moi.
Jisung plante ses yeux brillants dans les miens et j'arrive à ressentir tout son désespoir, il s'est attaché à moi plus qu'il n'aurait dû le faire et aujourd'hui, voilà ce que je récolte.
- Tu parles comme lui. Soufflé-je d'une voix rauque.
Il cligne plusieurs fois des paupières, alors que de mon côté, les paroles que mon père a prononcé hier résonne encore dans ma tête. Lui non plus ne veut pas que je parte, lui aussi me reproche de le faire sans cesse.
- Contrairement à lui. Commence-t-il faiblement. Je veux juste que tu sois heureuse. Je veux juste te voir sourire et j'ai l'impression qu'avec nous, tu l'es un peu plus chaque jour.
Il s'approche de moi et attrape ma main tenant ma valise, mais je le repousse de l'autre, tachant son tee-shirt du sang coulant de ma paume blessé. Il ne tente rien de plus alors que mes yeux retombent sur mes pieds. Je ne veux pas vous quitter, ne rendez pas la tâche plus compliquée qu'elle ne l'est déjà, s'il vous plaît.
- Viens passez la dernière semaine de cours avec nous, histoire de pouvoir retomber sur tes pattes et de préparer ton départ, je ne veux pas que tu te précipites pour te retrouver à la rue. Intervient la voix posée de Chan.
Je ne réponds rien. Il vient récupérer ma valise et je le laisse faire, sachant pertinemment que j'ai besoin de ces derniers moments avec eux avant de disparaître pour toujours.
(Petite information pour ceux ne le sachant pas, l'année scolaire en Corée commence au mois de mars et se termine en février)
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Fate (Stray Kids FF)
FanfictionÉtymologie : Naesil signifie l'arrivée de la vérité, de la réalité et de la sincérité. Passé : Tragique. Entourage : Inexistant. Présent : Compliqué. État d'esprit : Chaotique. Futur : déstabilisé par l'implication d'un certain groupe de garçon...