Chapitre 27

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- Naesil, calme toi, respire doucement, ça va passer. Résonne la voix de Jisung dans la pièce alors que je le repousse une fois de plus.

Ma main gauche tient fermement une mèche de mes cheveux alors que la droite garde le blond éloigné. Ma vue est brouillée par mes larmes et mon esprit ne réclame qu'une chose, qu'une toute petite chose.

- Rends-les-moi ! J'en ai besoin ! Juste un, je t'en supplie. Pleuré-je de plus belle en frappant ma tête contre mes genoux.

Je suis recroquevillé dans un coin de ma chambre, je ne sais pas depuis combien de temps cela dure, mais Jisung a toujours plus de patience que moi. Il essuie mon manque d'un revers de manche à chaque fois qu'une crise fait surface et ça, depuis plus d'une semaine déjà. Je lui en veux. Je lui en veux de ne pas me laisser dormir, de ne pas me laisser calmer mes angoisses comme je l'entends. Je lui en veux d'être inquiet et de gâcher sa vie pour moi.

- Respire doucement, regarde moi. Articule-t-il calmement pour capter mon attention.

Ma tête se laisse définitivement tomber contre mes genoux et mon bras droit lui, vient se fracasser sur le sol dans sa chute. Je suis vidée, je n'ai plus aucune force. Jisung profite de ce relâchement pour venir me serrer contre lui. La vague est passée. Il veut que je sache qu'il est là, qu'il me soutient.

Je sens sa respiration lourde contre mon épaule. Lui aussi vit avec une angoisse permanente, celle de me voir comme ça. Lui, mais les autres aussi, nous sommes techniquement en vacances depuis trois jours et bien que les garçons passent la plupart de leurs journées dans les salles de répétition de la JYP, ils sont beaucoup plus présent qu'avant et peuvent assister à ma déchéance tout en restant complètement impuissant et je sais que ça les blesse. Qui n'aurais-je pas blessé dans ma vie après tout ?

Nous restons comme ça, sans bouger, durant un très long moment puis Jisung s'est relevé en me portant pour venir me déposer sur mon lit. Il a ensuite récupéré son téléphone gisant sur le sol. La source de ma crise.

En quittant le commissariat, Jisung a tout de même laissé son numéro à l'accueil, au cas où. Au cas où je ferais la morte concernant mon père et tout chose en lien avec lui.

- La cérémonie pour ton père a lieu demain. Répète-t-il.

Il sait que j'ai tendance à oublier ce qui provoque mes crises, mais pas cette fois. Cette fois, je me souviens très bien de ses mots. Je ne veux pas aller dans ce temple où repose des centaines de personnes. À cause de moi, mon père n'a pas eu le droit à son rite funéraire, je n'ai pas porté de vêtements noir durant les deux derniers jours comme je l'avais fait pour Eunji et je ne me suis pas non plus recueilli devant son portrait comme la tradition l'aurait voulu. Alors je refuse de me rendre à cette cérémonie où tout ce que je pourrais voir, c'est l'urne de mon père être entreposé derrière une vitre avec une simple plaque en argent portant son nom pour compagnie.

- Je pars demain. Murmuré-je simplement alors que j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir.

Mon regard perdu dans le vide face à moi reconnaît tout de même la silhouette de Chan dans l'entrebâillement de la porte, après les cris, il vient aux nouvelles.

- Comment ? Demande la voix interloquée de Jisung, ne semblant pas avoir entendu ma voix fatiguée par mes hurlements.

- Je pars demain. Répété-je comme un disque rayé.

- Tu ne peux pas partir. Me coupe le blond en passant sa main devant mes yeux pour capter mon attention. Tu m'entends ?

- Je ne peux pas rester.

Je ne peux pas leur faire ça, je ne peux pas continuer à être un poids, financier et moral. Ils ne me doivent rien, je peux prendre ma valise et fuir de nouveau, comme je l'ai toujours fait. Même si cette fois-ci, la seule chose que je veuille réellement quitter ne le fera jamais. Elle restera coller à ma semelle toute ma vie, même si je quitte le pays, même si je change d'identité, elle sera toujours là. La culpabilité.

- Tu dois rester Naesil, tu es en sécurité ici. Personne ne te fera de mal. S'empresse de répondre Jisung.

Sa voix faible me broie le corps et le cœur. Il défonce mes tympans et fragilise mes os. Je ne supporte pas le rendre ainsi. Il ne le mérite pas. Je suis horrible. Il faut que je le quitte.

- Tant que tu n'es pas capable de suivre une journée normale, sans crise et en dehors de cette foutue chambre, tu ne quitteras pas cette maison. Intervient la voix ferme et glaciale de Chan.

Ma vision redevient presque instantanément nette. Je tourne lentement la tête vers les deux garçons. Chan a les bras croisés, Jisung a l'air dévasté. Ses yeux sont rouges et j'ai même l'impression qu'il a maigrie. Je plonge mon regard dans celui de Chan, lui faisant une promesse silencieuse. Celle de partir, de laisser son ami en paix.

- Je partirai demain. Articulé-je une fois de plus.

- Tu partiras quand tu en seras capable, en attendant venez manger tous les deux, vous en avez besoin. Siffle le leader en laissant ses épaules retomber un peu. J'arrive presque à distinguer le pli d'inquiétude entre ses deux sourcils.

Il quitte la pièce et Jisung s'avance jusqu'à la porte, attendant que moi aussi, je le suive. Je me lève à contre cœur et lui emboîte le pas, sachant pertinemment que Chan est le plus déterminé d'entre nous, que s'il a décidé quelque chose, il est presque impossible de le contre-dire.

Nous rejoignons la table en silence, retrouvant par la même occasion l'atmosphère lourd qui règne ici depuis une semaine. Hyunjin me sert une assiette de légume et la pose face à moi alors que tout le monde commence à manger. Je fixe ce qui est devant moi, mes mains posées sous mes cuisses.

- Je suis désolée. Soufflé-je en direction de la tablée.

Les bruits de couverts et de mastications cessent directement et tous les regards convergent vers moi. L'atmosphère écrase mes épaules.

- Désolée et reconnaissante pour tout ce que vous avez fait pour moi.

D'une main tremblante, je viens attraper ma fourchette que je pique dans un brocoli avant de le porter à ma bouche. Tout le monde se remet à manger en silence alors que l'air est toujours irrespirable.

Je dois partir, je n'ai pas le choix, je ne peux pas briser leur monde comme ça et me complaire dans cette déchéance. Ce sont leurs sourires à tous ou le mien et le choix est vite fait.

Je vais faire en sorte que Chan me laisse partir. 

Fate (Stray Kids FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant