Chapitre 29

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C'est encore un cauchemar qui me réveille de ma nuit, ou alors est-ce une sieste ? La fin d'une crise peut-être ? J'en sais rien, j'ai perdu la notion de beaucoup de choses. Le monde semble différent et pourtant, j'ai l'impression de ne pas avoir changé. Comme si j'avais été rajouté là au hasard. Je passe une main sur mon front moite de sueur et attrape le verre d'eau posé au pied de mon lit. Il fait jour dehors. J'ai vu quatre levés de soleil depuis l'enterrement. Tous les quatre en direct de ma couche, les yeux morts et la gorge sèche.

Je sens mes muscles s'atrophier et un jour, avec un peu de chance, je ferai peut-être qu'un avec le clic-clac. Je disparaîtrai définitivement de ce monde si étrange. Je me redresse sur mes coudes et laisse mon regard se perdre dans la vue de dehors, un morceau ciel, quelques branches d'un arbres probablement centenaire et du béton. C'est long cent ans, cet arbre a vu tant de chose et pourtant, il reste fièrement dresser vers le ciel alors que moi, dix-sept années ont suffit pour me faire tomber.

Je passe une main sur mes oreilles, jusqu'à ce que le bruit blanc les habitant s'évapore. Et puis je me rends compte qu'il n'y a pas que mon cauchemar qui m'a sortie de mon sommeil. Il y a aussi ces voix de l'autre côté de la porte. Des voix fortes et animées que je connais très bien.

Je me permet alors de tendre l'oreille, mes yeux fixant le mouvement des branches avec la brise estivale.

- Elle a besoin d'être soigné, par des gens compétant et surtout des adultes. Tu n'es ni l'un ni l'autre Jisung.

C'est Chan et il parle de moi. Il ne faut pas être plus futé que la moyenne pour comprendre ça. Ma bouche se pince face à ces paroles remplies de vérité pure. Jisung fait tout ce qu'il peut, mais j'ai quand même passé les dernière 96 heures dans cette pièce à enchaîner les crises liées au manque et à cette haine contre ma personne grandissant au fond de mon estomac.

-Tu ne sors plus, ne danses plus et je ne parle même pas du chant et du rap. Tu n'es pas médecin, tu es son ami. Peut-être plus, j'en sais rien, mais tu ne peux pas l'aider complètement. Elle a besoin de plus que ce que tu peux lui offrir.

J'essuie rageusement mes joues face à tout ce que je fais endurer à la personne qui compte le plus pour moi. Je ne peux pas lui infliger ça plus longtemps. Comme d'habitude, Chan a terriblement raison. Mais en même temps, je sais qu'il ne me laissera partir sous aucun prétexte. Parce qu'il sait que personne ne m'attend dehors, que personne ne sera là pour s'assurer que je suis toujours en vie.

Personne sauf quelqu'un.

Dois-je réellement faire ça ? Oui. Pas pour moi. Pour eux, pour enfin les soulager, les laisser reprendre une vie normale. Une vie sans moi.

Bien décidé, je sèche mes dernières larmes et me lève. Mes jambes tremblent sous mon poids, mais j'arrive à me hisser jusqu'à la porte à la seule force de ma conviction, celle de les libérer. J'ouvre la porte sans attendre, parce que si j'attends, je me dégonflerai. Au cliquetis de la poignée, Jisung et Chan ont directement tourné la tête en ma direction et pour la première fois, j'ai vu Jisung pleurer. 

Nous sommes resté comme ça quelques instants, nous regardant tous les trois en silence. Et puis j'ai ouvert la bouche, j'ai scellé la fin de cette histoire.

- Jisung, il faut appeler ma mère maintenant, il faut que ça s'arrête.

Il est d'accord avec moi, il est fatigué de tout ça, ils le sont tous. Alors il a appelé ma mère sans protester et les garçons ont réuni toutes mes affaires. Ils savent tous que c'est la seule solution, que nous sommes face à un mur infranchissable et que sans moi, ils arriveront à le surmonter. En seulement quelques dizaines de minutes, je me suis retrouvé dans le salon, ma valise à mes pieds et neuf têtes tristes autour de moi.

- Encore merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, et surtout désolé. J'aurai dû prendre cette décision bien avant.

À ma droite, Jisung se saisit de ma main et la serre de toutes ses forces pendant que, un a un les garçons contestent. D'après eux, c'était leur devoir de me protéger et de prendre soin de moi.

- Donne-nous des nouvelles ! S'exclame Minho, le premier à comprendre qu'il était temps de faire nos adieux.

- Et pense un peu à nous quand même ! Rit Hyunjin.

- N'oublie pas que notre dessin animé préféré passe à 10 h 30. Me rappelle Jeongin.

- Et que l'eau de coco, c'est très efficace pour les gueules de bois ! Enchaîne Felix.

- Lui dis pas ça, elle est insupportable quand elle boit. Réplique Changbin en frappant l'épaule de l'Australien.

- Tu peux parler toi ! Rit Seugmin.

Alors que j'assiste à cette joute verbale avec le plus d'attention possible, mon regard rencontre les yeux de Woojin, me fixant depuis l'autre côté de la pièce. Il me fait promettre silencieusement de prendre soin de moi ce que je fais d'un sourire. J'ai besoin d'enregistrer ces derniers moments. Leurs regards, leurs voix et leurs rires à tous. Je ne dois pas oublier la douce mélodie qui résonne dans mes oreilles quand ils sont près de moi.

- Reviens en forme et guéris. On n'en a pas fini avec toi. Conclut Chan en voyant l'heure tournée.

- C'est promis. Dis-je simplement en me levant.

Jisung, ne me lâchant pas la main, me suit jusqu'à l'entrée en tirant ma valise. Là, seulement, il me laisse mes deux mains pour enfiler mes chaussures et ma veste. Plus aucune trace de moi ne reste dans cette maison pleine de vie, et c'est ce qu'il y avait de mieux à faire. Le silence prend alors doucement sa place dans la demeure. Plus personne ne parle dans le salon et l'entrée est le théâtre de nos adieux, à Jisung et à moi.

- Désolé d'avoir fait de ta vie un enfer. Rié-je nerveusement.

- Tais-toi. Souffle-t-il en attrapant mes épaules pour venir me serrer contre lui. Arrête de dire ça, s'il te plaît. Arrête de dire du mal à propos de toi, tu es une personne merveilleuse a qui il est arrivé de très mauvaises choses et tu mérites qu'on prenne soin de toi.

Je laisse mes larmes s'échouer contre son tee-shirt alors que sa main commence à caresser lentement mon dos.

- Alors merci Jisung. Merci d'avoir accepté de me prendre sous ton aile. Reniflé-je.

- Si c'était à faire, je le referais sans problème Naesil, encore et encore.

Un léger sourire vient habiter mes lèvres alors qu'on entend quelqu'un frapper à la porte. C'est elle. Il est l'heure.

Je m'écarte du garçon qui me lâche à regret et attrape mon sac de voyage à mes pieds. Ma main libre se pose sur la poignée de la porte et avant de l'ouvrir, je me tourne une ultime fois, afin de mémoriser pour toujours le visage de la personne qui compte le plus pour moi dans ce monde.

- Adieu Jisung.

- Au revoir Naesil, à bientôt.

Je secoue doucement ma tête et ouvre la porte. J'avance de deux pas, quittant définitivement la vie avec les "Stray kids" et lorsque je ferme le battant derrière moi, un poids tombe lourdement dans mon estomac. C'est fini.

- On y va, Naesil. Lance la voix appartenant à la personne dressée devant moi. Elle attrape ma valise et me sourit.

- On y va maman. 

Fate (Stray Kids FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant