Chapitre 6

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Quand mon réveil sonne, j'hésite. J'hésite à rester là, passer ma journée dans mon lit à regarder les craquelures sur mon plafond. J'hésite à sortir de mes draps, à enfiler mes vêtements et un faux sourire avant de sortir affronter le monde extérieur et tous ces gens, de plus en plus nombreux. De plus en plus de vie pouvant être touchée par mon aura poisseux. 

Instantanément, l'image de Jisung quittant mon appartement vient frapper ma mémoire d'un uppercut bien placé. Et s'il lui était arrivé quelque chose en partant de chez moi ? Un accident est vite arrivé, surtout une fois que la nuit est tombée sur les rues de Séoul. 
La peur me convainc et j'envoie balader mes couvertures avant de sauter dans la douche. Je dois juste être sûr qu'il va bien, passer ma journée tranquillement en cours sans ouvrir une seule fois la bouche et aller travailler, seule. Oui, c'est ça, c'est tout ce que j'ai à faire. Mener mon chemin seule et vérifier du coin de l'œil qu'il ne lui arrive rien, à lui et à ses amis. 

Une fois propre mais surtout à l'heure, je prends mon temps pour enfiler mon uniforme avant de le faire disparaître sous un épais sweet-shirt à capuche noir. Je fourre quelques affaires dans mon sac et quitte mon appartement au pas de course, mon sang toujours glacé par l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose.
Je descends les escaliers deux à deux et cours presque jusqu'à l'extérieur. Bien évidemment, je ne sais pas courir et faire attention où mettre mes pieds et j'ai à peine descendu les quelques marches me séparant à mon hall d'entrée que je percute violemment le dos de quelqu'un. 

- Désolé. Dis-je en me frottant la tête avant de pivoter d'un quart de tour pour prendre la direction du lycée. J'avance de quelques pas avant d'être stoppé par le rire de la personne que je viens de percuter. Intrigué, je me retourne et le regarde pour la première fois. 

- Toi ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Il est arrivé quelque chose à Jisung ? Lancé-je précipitamment en revenant sur mes pas. 

Son rire redouble et il est obligé de se tenir les cotes pour garder contenance. 

- Tu t'inquiètes maintenant ? C'est mignon. 

Je siffle entre mes dents et attend qu'il se calme pour avoir des réponses à mes questions. 

- Il va très bien. Finit-il par lâcher en essuyant une larme invisible.

Mon rythme cardiaque se calme, il ne lui ait rien arrivé après avoir passé la soirée chez moi. 

- Ca ne m'explique pas ce que tu fais devant chez moi, Minho, tu n'habites pas du tout dans le coin. Soupiré-je en me remettant en route, mes mains serrant les hanses de mon sac sur mes épaules. 

- Disons qu'on s'est donné quelques missions avec les garçons. Et l'une d'entre-elles et de faire la route pour le lycée avec toi. 

- Sérieusement ?! Grogné-je en m'arrêtant. Vous allez faire ça tous les jours ?

- Tous les jours. Sourit-il en traversant la rue. 

Je me résigne à le suivre tout en pestant contre leurs bontés innées. Ce n'est pas possible d'être aussi gentil naturellement, il y a forcément un truc caché sous tout ça.

- On s'est dit que tu prendrais mieux l'information venant de moi, je suis un peu moins brusque que les autres après-tout. 

- Tu as eu tords, je l'aurais pris de la même manière venant de tous, c'est-à-dire, mal. Je déteste avoir l'impression d'être fliqué, encore plus lorsqu'il s'agit de huit adolescents un peu collant. 

Il se contente de rire tout en traversant le dernier passage clouté nous menant au lycée. Nous sommes encore assez loin des grilles d'entrée et pourtant, je distingue facilement les sept silhouettes postées sur le trottoir. Ils sont tous là et ils nous attendent. 

Mes plans pour la journée tombent tous à l'eau un à un face à leur mission commune qui semble être : "Ne laissez pas Naesil seule, jamais". Le commanditaire présumé est le premier à s'approcher de Minho et moi lorsque nous nous arrêtons à quelques pas d'eux. Jisung m'offre un sourire capable d'illuminer la ville de Séoul toute entière avant de passer un bras autour de mes épaules. 

Je me crispe directement et ouvre ma bouche pour protester quand la sonnerie résonne depuis l'intérieur de l'établissement. Je me résigne à avancer, ma vie prise en otage entre le bras de Jisung et les épaules de Minho.
Quand nous arrivons devant la salle de Culture Coréenne, je déchante encore plus, me rappelant de ce maudit exposé que je fais avec Jisung, Chan, Changbin et Hyunjin. Je les regarde installer notre poste de travail, mes bras croisés sous ma poitrine et m'installe sur ma chaise avec le plus de mauvaise volonté du monde. Contre toute attente, je me rends vite compte que je suis celle ayant le moins travaillé de mon côté ces derniers jours. Changbin me chambre gentiment en redistribuant les tâches pour la semaine prochaine alors que Hyunjin sort son ordinateur de son sac pour commencer à faire notre diaporama pour l'oral prévu dans deux semaines. 

- On n'est vraiment pas avancé. Soupire Jisung en se penchant sur l'épaule de Changbin. Et en plus, il y a le dossier écrit à rendre en même temps que notre présentation. 

- On a qu'à se faire une session de travail à la maison, peut être deux, pour boucler tout ça le plus rapidement possible. Propose Chan en sortant son agenda. 

Je déglutis face à l'idée de passer une soirée dans la fameuse "garçonnière", je serais capable d'y mettre le feu sans poser un seul pied dans la cuisine. Et alors qu'ils débattent pour trouver une date, une excuse toute trouvée vient éclairer mon esprit. 

- Ca ne va pas être possible pour moi, je travaille tous les soirs. Articulé-je en essuyant mes mains moites sur ma jupe. 

- Dans la supérette ? Vraiment tous les soirs ? Demande Chan en refermant son carnet. 

Je hoche la tête sous les regards des quatre garçons. 

- Et tu finis à quelle heure ? Peut-être qu'on peut travailler après, on a l'habitude de bosser tard. Propose Changbin.

 - Quatre heure, j'aimerais tout autant rentrer chez moi pour dormir à cette heure. Murmuré-je, ne voulant pas que cette information tombe dans l'oreille de mon enseignant. 

En effet, à dix-huit ans, je suis encore mineure aux yeux de la loi et donc, par extension, pas censée travailler aussi tard. Si l'équipe pédagogique tombe sur ce genre d'information, j'aurai le droit à un rendez-vous avec une assistance sociale qui demandera forcément à rencontrer des parents inexistants, m'entraînant dans des problèmes plus gros que ceux que je trimbale aujourd'hui.

Les garçons semblent tous chercher une solution à notre problème sans faire, et je les remercie, de remarques sur mon emploi du temps loin d'être normal pour une fille de mon âge. 

- J'ai une idée. S'exclame un peu fort Hyunjin en frappant son poing sur la table, récoltant des regards de la part de toutes les personnes présente dans la classe, mais surtout de notre professeur. 

- Très bien Monsieur Hwang Hyunjin, j'espère qu'elle sera assez bonne pour me rendre un exposé parfait. S'exclame ce dernier en passant à côté de notre table. 

Le concerné lui offre un sourire gêné avant de se pencher en avant, les garçons l'imitent et je me résigne à faire de même pour entendre sa si fabuleuse idée qui, je le sais déjà, ne va pas me plaire. 

- Il n'y a pas foule à ta supérette le soir, on a qu'à travailler là-bas entre deux clients. 

Les garçons valident sans me demander mon avis et ils ont bien raison. Puisque je suis bien évidemment contre l'idée qu'ils me suivent jusqu'à mon lieu de travail, mais visiblement, je n'ai pas le choix. 

J'espère que Jisung est heureux pour le coup, je mets tous ses amis en danger maintenant. 

Fate (Stray Kids FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant