Chapitre 16

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Un mouvement après l'autre, le tout orchestré par un cerveau éteint. Je me suis assise sur un banc, au beau milieu de la cour de mon lycée, regrettant amèrement d'avoir laissé Chan partir avec ma valise. Lui et Jisung sont repartis chez eux, traînant ma vie d'une main et leur futur d'une autre. Ils étaient arrivés plus tôt aujourd'hui pour emprunter du matériel pour leur audition de demain et je trouve ça cocasse. Cocasse qu'ils transportent à la fois ce qu'il peut les emmener si loin dans la vie et mes affaires, ce qui est capable de les faire tomber plus bas que terre.

Chan m'a dit de les attendre ici, alors que Jisung n'ait plus du tout ouvert la bouche, ruminant notre échange à l'intérieur de son crâne. Et bien sagement, moi, je les attends, mes mains posées à plat sur mes cuisses, mes yeux rendu humide par les rayons du soleil frappant mon visage.

Je me lève seulement lorsque la sonnerie retentit dans tous l'établissements. Ils seront en retard. Je me laisse traîner jusqu'à ma salle de cours et m'installe à ma place sans croiser aucun de mes futurs huit colocataires.

Les autres élèves de ma classe sont tous présent et échange gaiement des nouvelles qui me semblent toutes plus où moins insipide. Je me laisse choir sur ma chaise, tout au fond de la salle quand le prof fait sont entrée. Le brouhaha ambiant se calme alors que le cours débute, huit absents.

Où plutôt huit retardataires puisque à peine cinq minutes après que notre professeur nous ai proposé un film pour les deux dernier cours avant les vacances, quelqu'un frappe à la porte. Monsieur Jo les laisses entrées sans omettre une petite réprimande et les garçons s'installent en chahutant. Je capte le regard perdu de Jisung lorsque ce dernier s'installe au premier rang, à côté de Minho et alors que mon regard retombe lourdement sur ma table, Chan traîne la chaise voisine à la mienne avant de se pencher à mon oreille pour me chuchoter quelques mots alors que le prof lance son film.

- Il s'en veut pour ce qu'il a dit ce matin, il a peur de t'avoir blessé ou un truc dans le genre.

Je me souviens l'avoir comparé à mon père sur le coup de la colère et déglutit. Lui qui connaît toute mon histoire, je comprends pourquoi il prend ses distances, personne ne voudrait être comparé à mon père, personne.

Je ne regarde pas le film et me contente de fixer la nuque du blond assis à l'autre bout de la salle de classe. De temps à autre, c'est le regard de Chan qui vient chatouiller ma joue, lui ne doit pas comprendre ce qu'il s'est passé ce matin et à quel point les mots que je lui ai lancé pouvait être douloureux. Lui non plus ne doit pas avoir compris sur le coup, mais il a assisté à la scène et il est loin d'être stupide. Il sait que je vis seule, et même s'il ne sait pas pourquoi, il doit bien se douter que mes problèmes sont en lien avec mes parents.

Le cours prend fin et un autre débute sans que je ne m'en rende réellement compte, et ce, ainsi de suite jusqu'à la pause du midi. Chan se lève en traînant sa chaise alors que le bruit de fond produit par mes camarades de classe reprend.

- Tu viens manger avec nous ? Demande-t-il en plaçant son sac sur son épaule.

Mes yeux lâchent alors la nuque de Jisung pour venir se poser sur le visage bienveillant du plus vieux de la troupe. Je n'ai pas faim ni envie de me retrouver avec eux. Je veux être seule.

- J'ai pris de quoi manger et puis, je dois repasser chez moi chercher deux trois trucs pour m'installer chez vous, mais merci.

Mensonges.

Il semble accepter ma réponse que je trouve bien bancale et s'éloigne. Je ferme les yeux et laisse retomber ma tête dans mes bras jusqu'à ce que la salle soit totalement silencieuse. Lorsque c'est le cas, le sommeil vient me frapper à l'arrière du crâne. J'ai beau avoir dormi cette nuit, je suis autant fatigué que si je ne l'avais pas fait et je profite de ma solitude pour me laisser aller dans une sieste nécessaire pour assumer le reste de ma journée. 

Quand j'ouvre de nouveau les yeux, un brouillard épais englobe totalement mon cerveau. Mon premier regard est en direction de l'horloge et j'ai besoin de quelques instants avant de comprendre que j'ai dormi une bonne heure et que les cours reprenaient bientôt. Je me redresse et m'étire en silence, me permettant d'entendre ce que j'ai fais tomber. Quelque chose qui reposait sur mes épaules.

Je me retourne et remarque une veste noir traînant à même le sol. Je me penche en avant et devine sans mal le propriétaire du vêtement. Un propriétaire ayant probablement peur que je prenne froid dans mon sommeil à cause de la clim allumé à fond dans toutes les salles du lycée.

Jisung est probablement passé par là avant de partir déjeuner, peut-être pour s'excuser pour ce matin alors que ça serait à moi de le faire. C'est moi qui l'ai comparé à ce monstre alors qu'il cherche juste à m'aider.

Une chair de poule incontrôlée vient habiller mes épaules et, instinctivement, j'enfile la veste beaucoup trop grande pour moi avant de m'allonger une fois de plus sur ma table, mon visage tourné vers la fenêtre où, à l'extérieur, quelques nuages se laissent bercé sur une étendue de bleu. C'est beau l'été.

D'une oreille distraite, j'entends les premiers élèves prendre place dans la salle, puis une chaise se traîner à ma droite. Je tourne mon visage vers mon compagnon pour l'après-midi et découvre le visage de Jisung, lui aussi affalé sur sa table, me fixant de ses grands yeux sombres.

- Je suis désolé pour ce matin. Souffle-t-il si bas que je suis la seule à l'entendre. Je ne veux pas que tu te sentes obligé de quoi que se soit, ni que tu te sentes coupable de partir. Tu ne me dois rien.

Un léger sourire vient gonfler ses joues et je ressens dans son regard le regret qui l'habite. Je n'aime pas savoir qu'il est mal par ma faute, c'est un sentiment insupportable.

- C'est moi qui suis désolé. Commencé-je. Je n'aurais pas dû te comparer à lui, vous n'avez rien en commun.

Son regard change presque instantanément et son sourire devient encore plus brillant, m'éblouissant presque.

- Tu restes avec nous alors, même si ce n'est que quelques jours, je serai le plus heureux des hommes.

- Même s'il le serait encore plus si tu restais pour toujours. Lance une voix forte au-dessus de nous.

Je me redresse et rencontre le regard de Changbin. Quand Jisung comprend de qui il s'agit, il saute sur ses pieds. Binnie comprenant que son heure est proche, grimace avant de partir en courant très vite suivit par Jisung l'insultant dans toutes les langues qu'il maîtrise. Ils quittent la salle de cours sur les chapeaux de roues faisant naître un fou rire sur mes lèvres alors que les élèves présents posent tous des regards interrogatifs sur ma personne.

Il faut que je profite de ces quelques jours, je sens qu'ils vont être merveilleux même si la menace de mon père plane au-dessus de ma tête. Je ne laisserai pas son ombre gâcher les derniers jours que je vais avoir avec ces garçons.

Fate (Stray Kids FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant