Chapitre 25

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- C'est Jeongin qui aurait dû te tenir compagnie aujourd'hui visiblement. Rit doucement Jisung en versant encore un peu de céréales dans mon bol avant d'augmenter le son de la télévision face à nous où les couleurs vives des dessins-animés provoquerait une crise chez n'importe quel épileptique.

Je remonte mon plaid sur mes genoux et enfourne une cuillère de mon petit déjeuné dans ma bouche. Nous n'avons pas beaucoup dormi cette nuit. À vrai dire, je n'ai pas fermé l'œil. Quand j'en ai eu assez de parler et que le sommeil est venu frapper Jisung au petit matin, je me suis contenté de lui faire le plus de place possible dans mon lit avant de le regarder dormir paisiblement alors qu'en-dehors de la pièce, la maison s'éveillait peu à peu. Jisung a dormi que deux petites heures et lorsqu'il m'a surpris à l'observer, il s'est contenté de rougir avant de me proposer un vrai petit-déjeuner devant la télévision. Les autres étaient déjà partis pour leur dernière semaine de cours.

On est mardi. Première journée dans un monde sans papa.

- Tu en veux encore ? Demande-t-il alors que je pose mon bol vide devant moi, sur la table basse accueillant déjà les restes du repas de la veille, probablement.

Je secoue la tête avant de m'enfoncer un peu plus dans le canapé, je porte la couverture jusqu'à mon nez et dirige toute mon attention vers l'écran de télévision pour ne pas pleurer. Tu as assez pleuré comme ça hier. Ne transforme pas ton chagrin en fardeau pour Jisung et les garçons. Remets-toi sur pied. Sois forte.

Jisung qui doit probablement remarquer mes sourcils froncés et mon regard éteint passe une main devant mes yeux pour attirer mon attention. Je dirige mon visage vers lui et souris légèrement face à sa tête fatigué. Désolé de te mener la vie dure.

- Que dirais-tu d'un bain ? Comme ça, tu te détends et moi, j'en profite pour prendre une douche rapide dans la salle du bain du bas. C'est plus agréable de vivre avec quelqu'un qui ne sent pas mauvais, tu en penses quoi ?

Je hoche la tête de haut en bas le mettant instantanément en action. Je le suis du regard lorsqu'il monte l'escalier en colimaçon à la vitesse de la lumière et ris en l'entendant pester contre je ne sais quel objet encombrant le couloir. J'ai le temps de finir mon épisode avant de l'entendre chantonner mon prénom. Je débarrasse mon bol et le mets dans un lave-vaisselles étrangement vide avant de rejoindre l'étage dans des gestes beaucoup plus lent. Je ne dois pas aller trop vite, j'ai l'impression qu'en ralentissant mon corps, mon cœur ralentit également et je l'empêche donc de faire une crise. Les genres de crises qui me poussent à éventrer ma boîte de cachets en temps ordinaire.

Jisung me montre fièrement le fruit de son travail et je le remercie mille fois pour toute la peine qu'il se donne.

- C'est mon job jeune fille, allez, profites-en, au moindre souci, tu hurles. Rit-il avant de quitter la pièce.

J'attends quelques secondes que ses pas disparaissent dans l'escalier et retire mon pyjama sale de ma tristesse. Je le lance sur le tas de linge qui s'accumule entre le mur et le lavabo avant de m'enfoncer dans l'eau brûlante et pleine de bulles. Mes muscles tendus au possible depuis plus de vingt-quatre heures se reposent enfin au contact de l'eau et je m'autorise à fermer les yeux, lâcher prise.

- Naesil, tout va bien ? S'inquiète une voix de l'autre côté de l'eau. 

J'ouvre un œil, puis un second et sort ma tête de l'eau. Il fait froid. Il me faut un certain temps pour reprendre mes esprits avant de lui répondre d'une voix encore un peu ensommeillé. Papa n'est pas venu me déranger, j'étais trop épuisé pour le voir, même les yeux clos.

- Oui oui, je sors.

Je passe une main sur mon visage et m'extirpe hors de la baignoire à contre-coeur. J'aurais aimé y rester encore un peu, jusqu'à ce que ma peau flétrie ne puisse plus jamais retrouver son apparence initiale. Je viens enrouler mon corps nu dans une serviette traînant dans le meuble sous le lavabo et passe une main dans mes cheveux mouillés avant d'ouvrir la porte sur Jisung. Il est assis face à la porte, son téléphone pendouillant au bout de son bras. En entendant la porte s'ouvrir, il a doucement relevé le nez en ma direction avant de détourner son regard face à ma tenue.

- Chan vient de m'appeler. Tu ferais mieux d'aller t'habiller. Bredouille-t-il en faisant mine de trouver de l'intérêt dans le mur face à lui.

Je ne pose pas plus de questions et m'enferme dans ma chambre, accordant un dernier regard aux phalanges blanchit de Jisung autour de son téléphone. J'enfile les premiers vêtements me tombants sous la main, c'est-à-dire un pantalon ample noir et une longue chemise bleu nuit et part rejoindre le blond dans le salon. Je me laisse tomber dans le canapé et m'enroule de nouveau dans mon plaid pour me protéger de ce que va me dire Jisung. Je ne suis pas bête et en vue de son expression fermée, ce que lui a dit Chan au téléphone ne lui a pas plu et ne me plaira pas non plus.

- Il se passe quoi Jisung ? Demandé-je faiblement, prête à être mise à la porte ou quelque chose dans le genre.

En analysant le fond de ma voix, ses épaules se dénouent d'elles-mêmes. Il ne veut pas m'inquiéter, il veut être fort pour nous deux alors il sourit. Un sourire lumineux et bienveillant. Un sourire qui ne colle pas à la situation mais qui réchauffe tellement mon coeur usé.

- La police est allée poser quelques questions aux élèves du lycée ce matin. Ils cherchent d'éventuelles proches du sans-abri pour l'identifier. Lâche-t-il sans prendre de gants, il sait que ça ne sert pas à grand chose quand ça me concerne.

- Les garçons n'ont rien dit, tu t'en doutes, mais si tu en as envie, on peut se rendre au poste pour lui rendre son identité, lui permettre d'avoir une urne à son nom.

En prononçant ses paroles, il se penche en avant pour venir saisir ma main, me rappelant que quelle que soit ma décision, il me soutiendrait. Je noue mes doigts aux siens et lève le nez pour éviter à mes larmes de couler sans ma permission.

- Tu pourrais aussi lui dire au revoir une dernière fois. Souffle-t-il en faisant de petits cercles avec son pouce sur ma peau.

J'avale ma salive, déchirant ma gorge sèche au possible et laisse mon visage retomber vers le sol.

- Allons-y, allons voir papa. 


Fate (Stray Kids FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant