Chapitre 30

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- Il est bientôt 8 heures et le soleil brille en cette belle matinée de début octobre, nous espérons, Cher Auditeurs, que vous profitez bien de ces derniers jours de beaux temps avant le début de...

- Tu vas être en retard pour ton retour à l'école Naesil. Lance la voix de ma mère depuis le bas de l'escalier alors que je viens tout juste d'éteindre ma radio.

- J'arrive ! Crié-je à travers la maison.

Je remonte mes chaussettes jusqu'à mes genoux et passe un dernier coup de brosse dans mes cheveux m'arrivant maintenant au menton. Après tout ce temps, c'est étrange de porter un uniforme et il n'y a pas si longtemps que ça, c'est porter autre chose que ma blouse d'hôpital que je trouvais dérangeant. Je fais encore un pas en avant.

Je m'observe quelques secondes dans le miroir face à mon lit, vérifiant que tout est parfait pour ce retour à la civilisation avant de quitter ma chambre et de dévaler les marches de l'escalier en trombe. Je m'arrête dans la cuisine pour récupérer mon repas du midi et saluer Lee Jihoo, le nouveau mari de ma mère et celui qui a bien voulu m'accueillir sous son toit alors que j'étais au plus mal.

- Naesil, n'oublie pas ton nouveau badge ! Me rappelle ma mère alors que je suis en train d'enfiler mes chaussures dans l'entrée, prête à partir.

Je secoue ma tête dans tous les sens et peste contre moi-même de ne pas y avoir pensé plus tôt. Je décroche l'ancien encore sur le haut de mon uniforme et épingle le nouveau. Kwang Naesil vient se perdre au fond de mon sac alors que Lee Naesil brille sur ma poitrine.* Une fois complètement prête, je salue une dernière fois les habitants de la maison avant de me retrouver dehors. Je prends une grande bouffée d'air, prête à reprendre une vie d'adolescente normale sans craintes ni envies malsaines.

Ma mère n'était pas pour que je reprenne les cours maintenant, après tout, j'ai été hospitalisé durant tout l'été et une bonne partie du mois de septembre. Quand je lui ai dit que je me sentais prête à regoûter aux petites joies du quotidien, elle était triste de ne pas pouvoir profiter plus de moi. Nous avons beaucoup de temps à rattraper, mais nous avons toute la vie devant nous maintenant, plus rien ne me sépara de mes proches.

Je m'arrête au dernier feu avant mon établissement et jette un coup d'œil à ma montre. Je suis en retard, quelle merveilleuse impression je vais faire. En comptant le nombre de voitures passant devant moi, je vérifie que mon nœud de cravate est bien fait tout en me dandinant d'un pied à l'autre. Ca serait mentir que d'affirmer que je ne suis pas stressé de reprendre les cours. Au moins, maman habite dans le secteur de mon lycée. Je n'ai pas besoin d'en rechanger. Je peux reprendre certaines habitudes et arpenter des rues que j'ai fini par connaître par cœur.

Et je vais les revoir. Après tout ce temps, je vais revoir son sourire.

Je me précipite dès que le feu passe au vert et parcours les derniers mètres me séparant de l'entrée de mon établissement à petites foulées. Je ne ralentis qu'une fois devant la grille. Mon regard se pose instinctivement à l'endroit où j'ai aperçu mon père ce jour-là. Je ferme les yeux et prends quelques respirations pour calmer mon rythme cardiaque. Une fois fait, j'ouvre mon sac pour en sortir une rose blanche et un ruban que je viens nouer contre la grille.

 - Bonjour papa. Dis-je simplement d'une voix faible.

Lorsque le vent me fait parvenir sa réponse, je me décide à entrer. Je trouve sans grand mal la salle des surveillants et me présente comme étant mademoiselle Lee, l'élève qui aujourd'hui, doit rejoindre sa classe de terminal. Lorsque qu'on me guide dans les couloirs, mon regard s'attarde partout. Rien a changé et pourtant, j'ai l'impression de ne pas avoir mis les pieds ici depuis un demi-siècle, ou alors ce n'était pas vraiment moi qui arpentais ces couloirs. Je ne voyais pas aussi bien les couleurs. Nous finissons par nous arrêter devant une salle que je reconnais immédiatement, notre salle d'histoire.

Mon accompagnant toque à la porte et entre, me laissant dans le couloir à attendre patiemment que l'on m'annonce.

- Je vous amène votre nouvelle élève, mademoiselle Lee. Lance-t-il avant de sortir, me laissant la voie complètement libre.

Je prends une grande inspiration, compte dans ma tête jusqu'à trois et entre. Je prends le temps de fermer la porte avant de venir me placer devant le tableau, face à la classe. Le premier regard que je capte est celui de Chan, c'est le premier à comprendre qui est la demoiselle Lee. Il frappe dans le bras de son voisin, Woojin, avant de me lancer, tout deux un immense sourire. Je leur réponds, les yeux brillants de les revoir enfin.

Je continue d'arpenter la classe, recouvrant tous ces visages connus, qui n'ont pas changer d'un pouce, jusqu'à le trouver. Il est assis au fond, à côté de ma place déserte. Il n'a pas fait attention à moi, son regard est perdu dans le paysage qu'offre la fenêtre face à lui. Ce même paysage que je pouvais observer des heures ces jours où, la fatigue était trop présente pour que je puisse travailler convenablement.

Une rumeur commence à monter dans toute la classe, mais il n'y fait pas attention, le prof, lui, si.

- Mademoiselle Lee, voulez-vous bien vous présentez brièvement avant de rejoindre votre place.

- Oui monsieur.

Dès que j'ai ouvert la bouche, j'ai vu ses épaules tressaillir. Moi aussi, je pourrais reconnaître sa voix parmi mille autres.

- Je suis Lee Naesil et je suis vraiment très heureuse de pouvoir étudier de nouveau avec vous.

Je fais une longue révérence et quand je me redresse, son regard s'accroche au mien. Je ne suis pas un mirage Jisung, je suis vraiment là. J'avance d'un pas pour rejoindre le fond de la salle lorsque qu'il fait traîner sa chaise dans un mouvement sonore. Quand j'arrive à sa hauteur, il est débout et tout le monde nous regarde.

Ses yeux humides me scrutent de longues secondes, voulant s'assurer que j'étais bien là devant lui. Moi aussi, je le détaille. Ses cheveux ne sont plus blonds mais aussi sombres que les miens et il semble avoir repris le poids que ma bêtise lui avait fait perdre. Il a l'air en pleine forme et c'est tout ce qui compte.

- Je vais bien Jisung, merveilleusement bien. Dis-je simplement en me jetant à son cou, ma voix lourde d'émotion.

Instantanément, ses bras viennent me serrer contre lui et j'ai le plus grand mal à retenir mes larmes. Il est là, je peux enfin être près de lui et profiter du moment présent, grâce à lui.

- Merci Jisung, merci de m'avoir sauvé. Soufflé-je à son oreille.

Je sens ses larmes couler contre ma joue et ses mains s'agripper à ma taille et pour rien au monde, je briserai cette étreinte. Il m'a tant manqué.

- Tu vas bien. Murmure-t-il pour lui-même.

Je hoche la tête alors que des larmes de joie éclatent sur mes joues. Et alors que tous les regards doivent converger vers nous, je m'autorise une chose qui me hante depuis des mois. Je laisse mes lèvres fondre sur les siennes, réalisant enfin ce rêve interdit depuis toujours, celui d'aimer quelqu'un.

Plus rien ne pourra m'empêcher d'être heureuse aujourd'hui. 


**

*Fact : 

Il arrive que les enfants prennent le nom de remariage de leurs mères quand ces dernières ont la charge de leurs enfants (où alors c'est systématique, je ne suis ps sûr).

Fate (Stray Kids FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant