Chapitre 21

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- Naesil tu as fini avec la salle de bain ? On est à la bourre ! Lance une voix étouffée de l'autre côté de la porte alors que je sors de la douche, à peine enroulé dans ma serviette de bain.

- Changbin a libéré la pièce il y a 7 minutes, laisse moi un peu de temps quand même Chan. Râlé-je en m'essuyant énergiquement.

J'entends Chan soupirer alors que je saute littéralement dans mon uniforme, pour ne pas retarder plus la maison qu'elle ne l'est déjà, j'ouvre la porte au suivant alors que ma chemise n'est qu'à moitié boutonné et que de mes cheveux, coule encore de grosses gouttes d'eau froides.

- Merci p'tite tête. Me lance le garçon avant de s'enfermer à son tour.

Je secoue la tête désabusé en entendant toute l'agitation dans la maison. Les cours commencent dans une petite demi-heure, autant dire qu'on ne sera jamais à l'heure. Surtout que je viens de croiser Jeongin dans le couloir, encore en pyjama et l'air totalement endormie.

- Comment vous avez fait pour être à l'heure de temps en temps, c'est impossible ? Demandé-je en m'asseyant à la table du petit déjeuné, entre Félix et Jisung. Je noue ma cravate alors que ce dernier me sert un bol de céréales.

- Ça n'arrive jamais sauf les jours d'examens, tu sais. Répond Changbin assit en face de moi. On est pas du genre du matin, si tu vois ce que je veux dire.

Il ponctue sa phrase d'un coup de menton en direction du plus jeune, assit en bout de table, tartinant sa tranche de pain pour la sixième fois.

- Jeongin, tu ferais mieux d'aller te préparer. Râle Félix.

- J'ai juste à m'habiller. Baille le concerné en enfournant son petit-déjeuner dans sa bouche.

J'étouffe un rire de manière très peu discrète et avale le contenue de mon bol en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Ma bouche est encore à moitié pleine et Jeongin toujours endormie en bout de table que Félix me donne un coup de coude bien placé, me signifiant qu'il était temps de partir.

- On y va ! Crie Changbin dans le hall d'entrée alors que je saute dans mes chaussures.

- Préviens les profs qu'on aura du retard ! Résonne la voix de Chan alors que j'aperçois le plus jeune se traîner jusqu'à l'étage.

- Oue oue. Ronchonne Félix en ouvrant la porte.

J'attrape mon sac et le lance sur l'une de mes épaules alors que les garçons me pressent toujours plus. Jisung m'explique qu'ils essayaient toujours d'être au moins un ou deux à l'heure pour ne pas trop attirer l'attention sur le groupe même si, de toute évidence, tout le corps enseignant sait que les neuf colocataires sont toujours en retard au premier cours de la journée.

- Dis Naesil, tu vas rester un peu avec nous pendant les vacances hein ? Ca serait bête de ne pas profiter pleinement de toi encore quelques jours. Demande gaiement Félix en se mettant dos à la route pour continuer à avancer tout en me regardant.

Je reste silencieuse une demi-seconde alors que les trois paires d'yeux me collent à la peau. Mes joues se teintent de rouge peu à peu et je dois poser mes mains sur ses dernières pour cacher ma gêne.

- Je ne suis plus à deux jours près après tout. Lancé-je d'une petite voix, presque imperceptiblement.

La réaction des garçons ne se fait pas attendre et nous faisons le reste du chemin jusqu'au lycée sous leurs cris, leurs chants étranges et leurs bonnes humeurs. Cette semaine ne peut qu'être parfaite.

Ils se calment légèrement lorsque nous devons nous arrêter au dernier passage piéton avant la rue de notre établissement. Je suis souriante quand le petit bonhomme passe au vert, m'autorisant, moi et mes amis, à aller passer une bonne journée à rire sous le soleil de Séoul. 


Et puis quelque chose est venu tombé au fond de mon estomac. D'un coup, je me suis mise à entendre des murmures venant des gens autour de nous. Des élèves du lycée allant dans le sens inverse au nôtre. Inconsciemment, j'ai compris qu'il y avait un problème. Quelqu'un a attrapé la manche de Jisung alors qu'on allait prendre le dernier tournant. Il lui a dit que les cours étaient annulé. Que ce n'était pas beau à voir.

J'ai froncé les sourcils et les garçons aussi. Jisung a remercié le garçon et a attrapé ma main. Sa curiosité était piquée et la mienne également, j'avais besoin de savoir ce qu'il se passait pour calmer l'anxiété dans mon ventre.

Certaines personnes disent que notre esprit est capable de savoir quand tout va basculer, et aujourd'hui, je pense qu'ils ont raison ces gens-là. Terriblement raison.

Nous avons avancé jusqu'au tournant. Il y avait beaucoup de gens agglutiné à quelques pas de l'entrée du lycée, quelque chose bouclé l'accès depuis la route. Mon cœur s'est mis à battre plus vite, comme si je savais déjà ce que regardaient tous ces adolescents. Je n'ai remarqué que Jisung me tenait la main que lorsque je l'ai forcé à me lâcher pour m'enfoncer dans la foule.

- Naesil ! Attends !

Sa voix résonne dans mon crâne alors que je joue des coudes pour pouvoir enfin voir ce qui me tord l'estomac. Elle résonne jusqu'à ce que le bruit ambiant ne soit remplacé que par un simple sifflement sans fin. Jusqu'à ce que je rejoigne le cordon de sécurité jaune et noir.

Mes mains s'y agrippent instinctivement, comme pour empêcher le sol de trembler sous mes pieds. Il y a des gens en uniformes. Des policiers, comme ceux m'ayant prévenu pour la mort de Mme. Park. Des pompiers, comme ceux ayant réanimé mon frère dans notre chambre d'enfant. Et il y a un corps, recouvert jusqu'au cou par un drap blanc, taché de rouge. C'est un père, un père ayant été renversé par la voiture situé à côté. Un père s'étant aventuré jusqu'au lycée de sa fille pour la retrouver.

C'est mon père. C'est papa.

Le cordon ne suffit plus, le sol s'enfonce sous mes pieds et mes genoux viennent se fracasser contre le bitume. Le goût de la bile dans ma bouche m'écœure tout autant que la fille au-dessus de moi, son téléphone braqué sur le corps. Mes mains ancrées dans le sol, se mettent elles aussi à trembler alors que le portable vol en éclat sur le sol irrégulier. Mes yeux ne quittent pas papa.

Un pompier plonge son regard dans le mien, il a compris, il recouvre le visage. Des mains se posent sur mes épaules, des mains glacées face à ma fièvre. Sa voix répète inlassablement des mots dénués de sens. C'est Jisung, il m'a retrouvé et il a compris.

Il a compris que papa est mort, et que moi aussi, je suis morte. 




Fate (Stray Kids FF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant