1 .vingt euros.

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Florian Ordonez • 27/11/2017 • 15:17

"Le train en provenance de Paris Montparnasse Vaugirard et en destination de Toulouse Matabiau va entrer en gare"

Mes paupières s'entrouvrent sous l'annonce qui vient de retentir dans le haut-parleur.
Le soleil frappe le carreau du wagon, ses rayons m'agressent la rétine. Doucement, je décolle ma tête de la vitre avant de me lever en attrapant la valise que j'avais glissé sous mon siège.
Me voilà de retour de tournée, j'ai pris un train depuis Paris tandis que mon frère lui, est resté deux jours de plus que moi à la capitale pour y voir un ami. Je rejoins le quai d'une démarche lente et fatiguée essayant de me fondre dans la masse.
Les deux prochaines semaines riment pour moi avec repos, rien n'est planifié pour mon plus grand plaisir. Oli et moi avons décidé de prendre quelques vacances, histoire de nous reposer avant de reprendre la tournée.

J'inspire un grand coup et laisse l'air frais s'immiscer dans mes poumons, l'oxygène est bien plus respirable ici qu'à Paris. Mon regard balaye la voie et inspecte les gens autour de moi.
Réalisant à quel point cette gare est fréquentée, j'enfile ma capuche et avance tête baissée pour éviter de me faire reconnaître.
Les mains dans les poches, je marche en réfléchissant aux activités que je vais pouvoir faire pendant les vacances. Alors que mon esprit s'en est allé bien loin, mes pieds s'emmêlent et me font trébucher : mes lacets sont défaits.
Je m'accroupis pour régler ce soucis mais avant de me relever, je profite de cette position pour observer la foule autour de moi.

Certaines personnes ont des mallettes ou des valises de travail ; ils sont sérieux et les traits tirés, frappent du pied.
D'autres se font un câlin la larme à l'œil avant de se dire au revoir. D'autres encore sont seuls, assis sur des bancs : des bouquets de fleurs dans les mains, ils attendent peut-être quelqu'un.
Certains pleurent, certains rient, il y a deux, trois enfants qui crient, d'autres attendent, et moi je les observe...

> Moi à P'tit frère 💫
Salut frère, je suis bien arrivé à Toulouse. Passe un bon séjour chez ton pote, à plus !

J'éteins mon téléphone et le range dans la poche de ma veste. Je m'apprête à quitter les lieux lorsque mon regard tombe sur une personne différente des autres : Elle est assise en tailleur sur un bout de carton, tête baissé.
Je ne peux donc pas distinguer son visage.
À ses pieds : des bottes marrons qui semblent être assez usés. Il porte également un jean troué, un gros sweat gris clair et un bonnet noir sur le haut de sa tête.
Des longs cheveux bruns légèrement ondulés lui tombent sur les épaules.

Certains ont moins de chances que d'autres. Chacun a une histoire différente mais je me demande vraiment par quoi il faut passer pour devenir SDF. Après quelques secondes de réflexion je décide de tirer un billet de vingt euro de mon portefeuille.
J'approche doucement vers cet inconnu et lui tend le billet.
Aucune réaction de sa part.
A-t-il senti ma présence ?

- Tenez ! Dis-je doucement pour attirer son attention.

Toujours aucune réaction.

Il doit sûrement dormir...
Seulement je me sens un peu stupide d'être posté devant ce sans-abri qui dort, à tendre un billet dans le vide.
Un vieux sac marron traîne à côté de lui, il est grand ouvert et laisse déborder plusieurs cahiers. Je me penche dans l'intention d'y glisser le billet à l'intérieur mais au moment où mon bras s'approche du sac, une force frappe mon ventre et me propulse en arrière.
J'atterris au sol, les fesses sur le béton.
J'ai l'air encore plus bête que tout à l'heure.

En levant les yeux je croise ceux d'une femme qui semble me fixer durement.

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<V>

je t'attends à la gareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant