Florian Ordonez • 29/11/2017 • 10:26
Mes mains serrées sur le volant, je regarde droit devant moi pendant qu'Oli, qui est du côté passager, et Yanis qui est à l'arrière, rient ensemble.
Yanis est le meilleur ami d'enfance d'Oli et s'occupe aussi du merch sur la tournée, ça me saoule de les entendre rigoler derrière : ils sont bruyants et j'ai mal à la tête.Tout à l'heure Oli m'a reparlé du bad buzz que j'ai créé en refusant une photo avec un fan et m'a demandé de m'excuser en story. J'en ai aucune envie...
En plus il m'a mis en colère : je lui est présenté Lise et il a été mal à l'aise quand je lui ai confié qu'elle était SDF.
Sa réaction était vraiment blessante pour elle...Plus j'entends leurs rires, plus ma mâchoire se serre. Pourquoi entendre des gens s'amuser m'agace t-il autant ? Il faut reconnaître qu'en ce moment je suis pas mal à fleur de peau.
Arrivé devant chez Yanis, celui-ci attrape ses affaires avant de nous dire au revoir.
Je ne répond pas et accélère aussitôt.- Oh Flo ! Ralentis, qu'est-ce que t'as !? T'es désagréable. S'irite mon petit frère.
Je soupire et obéis, me rendant compte de mon erreur.
- Je peux savoir ce que t'as en ce moment ? C'est la vidéo Insta qui te met comme ça ?
- Mais lâche moi avec cette vidéo ! J'en ai rien à faire !
- Bon, c'est quoi alors ?!
- Mais rien ! Déjà t'as été irrespectueux avec Lise.
- Désolé, j'ai été surpris et j'ai un peu perdu mes moyens...
- Ouais c'est ça...
Je me stop devant son immeuble et attends qu'il sorte sans lui lancer un seul regard. Oli me fixe quelques instants puis se résigne et quitte le véhicule.
Je reste environ cinq minutes devant le bâtiment, le regard dans le vide.
Après cette courte méditation, je cherche mon portable au fond de mes poches pour vérifier mes messages. Mais... Plus je tâte mon pantalon, plus mon cœur s'accélère.
Mon portable ?
Je cherche dans mes poches, dans mon sac à dos, sous mon siège... Je ne peux pas le perdre j'ai trop de choses importantes dessus : des numéros, des notes, des textes...
Si il n'est pas dans la voiture il est forcément à la gare.•11:00•
En arrivant sur le parking, je scrute le sol avec attention dans l'espoir d'y trouver un portable égaré. Je doute qu'un iPhone récent et intacte reste très longtemps par terre à la gare, surtout dans un jour avec autant de fréquentation.
Je retrace mon parcours le cœur battant mais une fois sur le quai je perds tout espoir et me résigne...
La foule m'étouffe, il y a tellement de passage ici que si quelqu'un avait trouvé mon téléphone, il l'aurait sûrement gardé pour lui.- C'est ça que tu cherches ?
Je me retourne en sursaut et aperçois Lise debout tenant mon bel IPhone entre ses mains bleutées par le froid.
- Oh merci ! M'exclamais-je. Tu me sauves la vie.
Je m'empresse de le récupérer et l'inspecte dans tous les recoins pour vérifier qu'il ne soit pas abîmé.
- Comment tu l'a retrouvé ?
- Quand t'es parti tu l'a fait tomber, tout simplement... Je t'ai appelé mais tu ne m'a pas entendu alors je me suis dis que de toute façon tu reviendrais.
- C'est gentil de me l'avoir rendu alors que t'aurais pu le revendre.
- C'est pas parce que j'en manque, que je suis obsédée par l'argent. Et puis je ne te ferais pas ça...
Tu n'es pas si méchant...Un sourire prends place sur mes lèvres.
- Es-tu en train de sous-entendre que tu m'apprécies ?
- Je ne sous-entends rien du tout.
- Je t'avais jamais vu debout d'ailleurs.
- Ah oui... Grande nouvelle je ne suis pas paraplégique.
- Je t'imaginais pas si petite.
- Je n'ai qu'une dizaine de centimètres de moins que toi, qu'est-ce que tu racontes ?
- J'ai pas dis non plus que j'étais grand.
- Ouais bref, profite bien de ton téléphone... Je retourne à mon bout de carton.
J'observe la brune s'en aller tout en souriant légèrement ; elle est jolie, même un peu trop pour être SDF.
C'est si étrange qu'elle soit dans une telle situation.
Pourtant j'ai l'impression que je n'oserais jamais lui demander pourquoi.
Sur le chemin quelqu'un la bouscule, elle manque de tomber mais se rattrape au mur. Aussitôt elle s'affale sur son bout de sol et rabat ses jambes contre sa poitrine. Sa manière de s'asseoir était si misérable...
Elle semblait à bout d'énergie, plus capable de gérer ses mouvements.
Et c'est en observant sa posture que je réalise à quel point ça doit être humiliant pour elle : assise en boule comme si elle s'excusait d'être là, comme si elle voulait prendre le moins de place possible pour ne déranger personne.
Ma gorge se sert légèrement, je ne connais pas bien cette fille mais je suis sur qu'elle mérite mieux. Personne ne devrait avoir à vivre une telle chose.
Si je reste ici, des larmes vont couler sur mes joues, la faute à mon hypersensibilité. Il faut que je parte.Mais c'est lâche.
Je me ravise et m'avance vers elle avant de m'accroupir à son niveau. Elle est intriguée et me fixe sans comprendre pourquoi je suis revenu.
Sa lèvre inférieur tremble légèrement à cause du froid et le vent envoie valser des mèches de cheveux sur son visage.- Tu... Tu veux venir avec moi ? Proposais-je timidement.
- Comment ça ?
- T'as prévu quelque chose cet après-midi ?
- Compter les trains...
- Dans ce cas tu ne va rien louper si tu me suis.
- Pourquoi je te suivrai ? Je ne te connais pas.
- C'est vrai... Mais la dernière fois que tu m'a suivi, je t'ai payé à manger.
- Et tu veux me payer à manger ?
- Je peux te payer à manger oui, mais j'avais prévu autre chose aussi.
- Et quoi donc ?
- C'est une surprise.
Son regard se rempli de méfiance, elle se replie légèrement et s'éloigne de moi.
Je crois la mettre mal à l'aise. Est-ce que je m'y prends mal ? J'ai juste envie de lui faire plaisir, d'apporter un peu de piment dans sa vie.- Lise libre à toi de venir ou non mais je te promet que mes intentions ne sont pas mauvaises. Si tu refuses de me suivre alors je vais rentrer chez moi et je vais déprimer seul tout l'aprèm. Et toi... Tu va compter les trains ? J'imagine que c'est également une activité plutôt déprimante.
Autant qu'on reste ensemble, non ?- D'accord... Souffle t-elle pas très convaincue.
Elle se relève difficilement, je pose alors mes mains sur sa taille pour l'aider mais aussitôt elle me repousse et s'aide du mur.
- J'aime pas qu'on me touche. Déclare t-elle.
- Très bien, je recommencerai pas.
-----
Vote ou commente si t'as aimé lire ce chapitre 🫶🏻
<V>
VOUS LISEZ
je t'attends à la gare
FanfictionIl a la gloire et l'argent, elle n'a même pas de maison. « -Tu n'es pas heureux ? -Nan, je ne le suis pas plus que toi. Et c'est pas ma montre en or qui atténue mes peines Lise. -Je m'en doute. Mais pleurer pour une femme, pour de la fatigue ou pour...