je t'attends à la gare

13 .p'tit frère.

Florian Ordonez • 01/12/2017 • 12:30

Je frappe à la porte et adresse un sourire à ma mère après qu'elle m'ait ouvert. Ce que m'a dit Lise au sujet de sa mère m'a fait réfléchir alors j'ai prévenu la mienne que je passerais ce midi. Le temps passe trop vite et je ne veux pas avoir de regret dans l'avenir...

- Coucou mon chéri ! S'exclame t-elle.

Une bonne odeur de nourriture embaume toute la maison ; comme à chaque fois que je viens ici, des images de mon enfance me reviennent.
Oli est affalé dans le canapé, rivé sur son portable.
Lorsqu'il m'aperçoit, il se redresse et m'adresse un large sourire. La dernière fois qu'on s'est vu je me suis énervé contre lui à cause de son comportement avec Lise, j'imagine qu'il a peur que je sois toujours fâché.

- Alors tu fais quoi de tes vacances ? Demandais-je calmement.

- Je profite des potes, hier on a été au cinéma.
Et toi ?

Qu'est-ce que je fais de mes vacances ? À part traîner avec une SDF pas grand chose... Mais il ne comprendrait pas...

- Rien... J'essaye de me reposer.

- Moi je ne te crois pas Florian ! Tu semble fatigué en ce moment ! Cri ma mère qui écoute notre conversation depuis la cuisine.

- T'inquiètes pas pour moi...

- Bien sûr que je m'inquiète ! D'ailleurs tu m'a oublié hier, je peux savoir ce que tu faisais ?

J'esquisse un sourire, joins mes mains entre elles puis baisse la tête.

- Je me suis balladé dans Toulouse et j'ai totalement oublié, excuse moi maman.

- Seul ou accompagné ? Questionne mon petit frère.

- Accompagné...

- Oh ! Mon fils a une vie sociale !

- M'an... commence pas...

- Quoi ? C'est vrai Florian ! Insiste t-elle en revenant dans le salon. J'ai entendu que tu voyais peu tes amis en ce moment. Tu t'isoles ! C'est très mauvais !

- Je ne m'isole pas...

- Arrête de toujours tout nier... Avec qui tu es sorti ? Une fille ? Tu as intérêt à faire attention cette fois-ci.
Ne me représente pas une Flavie...
Dès le début je t'avais dit que je ne la sentais pas.

- Bon c'est bon ? Tu ne connais pas toute l'histoire avec Flavie ! La défend mon frère.

- Oui enfin bref... Du coup qui était cette fille ? Relance ma mère.

- Laissez tomber j'étais accompagné par personne.
Vous êtes contents ?

- Moi je voulais savoir ! Se plaint Olivio.

- C'est prêt. On passe à table, allez.

Après que nous ayons pris place, ma mère soulève le couvercle de la casserole et laisse apparaître un délicieux couscous. Je me goinfre tout en me laissant divaguer dans des pensées diverses. J'ai perdu le fil de la discussion depuis au moins 10 minutes, je me contente de manger machinalement sans lâcher le vide du regard.
Oli et moi repartons en tournée le 13 décembre ; ça va être compliqué si je continue à être aussi désagréable avec tout le monde. Je ne supporte plus la vie en communauté à laquelle nous sommes exposés dans le Tourbus, pourtant avant c'était une des choses que je préférais en tournée.

- Flo, tu devrais faire une prise de sang.
Tu as peut-être des problèmes de santé. S'inquiète ma mère.

- Quoi ? Mais où est le rapport ? Riais-je l'air moqueur.

- Le rapport c'est que t'es de plus en plus fatigué et qu'on s'inquiète. Ajoute Oli.

- Je ne suis pas si fatigué... Vous n'avez aucune raison de vous inquiéter.
J'ai plus faim.

Je me lève et prends l'escalier ; ma mère me rappelle à l'ordre mais je trace ma route sans m'arrêter. J'atteins l'étage et observe le couloir avec nostalgie : ce couloir que j'ai tant traversé en courant étant enfant... J'ouvre la porte de ma chambre : la première chose que je vois c'est mon lit juste en face de la porte. Au mur, des posters sont accrochés : IAM, Booba, Eminem...
À l'époque où nous les avions scotchés, nous rêvions de la vie d'artiste. Sur le bureau est posée une photo de mon frère et moi enfants : nous dormons sur le canapé et je sers dans mes bras Oli comme si je voulais le protéger de toute la misère du monde... Les choses n'ont pas tant changés aujourd'hui, c'est toujours ma priorité.

La poignée de la porte s'abaisse ; je lève alors la tête et aperçois mon petit frère entrer dans la pièce. Au vu de son regard, je devine qu'il est lui aussi nostalgique de retrouver cette chambre.

- Tu te rappelles de tout ce qu'on a vécu ici ? Demande t-il.

- Oui je m'en rappelle très bien et ça me rends nostalgique.

Il s'assoit sur le lit et me regarde dans les yeux.

- Flo... Je sais que t'es pas bien en ce moment. Je ne te demande pas forcément de me dire pourquoi mais si t'as besoin de parler, je suis là.

Je souris et baisse la tête, ça me fait du bien d'entendre ça. Oli est la personne en qui j'ai le plus confiance.

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