je t'attends à la gare

51 .si éphémère.

Florian Ordonez • 17/01/2018 • 19:55

Je me prépare à monter sur scène, une boule dans le ventre. Ma journée était horrible.
Après l'incident de ce midi, Lise n'a plus voulu me regarder. J'ai détesté la voir pleurer à table et j'ai voulu aller la consoler mais Oli est parti avant moi.
En même temps j'ai trouvé sa remarque très déplacée, je ne comprends pas pourquoi elle s'en est prise à Flavie.
Mon ex a été gentille avec Lise et je commence moi aussi à mieux m'entendre avec elle, cette attaque était gratuite et c'est en parti pour ça que je ne suis pas intervenu mais j'ai conscience que j'aurai sûrement dû.
Il faut avouer que depuis que j'ai appris qu'elle s'intéressait à Luc j'ai du mal à ne pas lui en vouloir.
J'ai la sensation d'avoir été pris pour un idiot.

Nous montons sur scène sous les cris de la foule.
Tous ce qui s'est passé me rends anxieux et m'empêche de me concentrer sur le show : je rate le début de mes couplets, bafouille, m'essouffle...
Une soirée de plus, je termine le concert déçu de moi même.

Lise Garcia • 18/01/2018 • 04:43

Je me redresse en sursaut et frappe mon crâne contre la couchette du dessus de la mienne.
Mon visage transpire, j'ai chaud...
Encore un cauchemar, le même que d'habitude :
Moi dans une gare immobilisé sur les rails.
Mais cette fois-ci quelque chose a changé, cette fois-ci ça n'était pas Mathias sur le quai, c'était Florian.
C'est Florian qui est parti en ignorant mes appels à l'aide...

Étouffante, je quitte ma couchette et descend à l'étage inférieur. J'aimerai prendre l'air mais le bus roule encore.
Je m'assois donc dans le canapé, essayant de retrouver ma respiration tandis que des larmes continuent de couler le long de mes joues.
Mes yeux sont usés à force de pleurer.

- Tu ne dors pas ? Demande Audrey d'une voix fatiguée.

- Qu'est-ce que tu fais là ? M'étonnais-je.

- C'est moi la couchette au dessus de toi, j'ai senti un truc frapper mon matelas et ça m'a réveillé.

- C'était ma tête.

- Je m'en suis douté. Qu'est-ce que t'as ?

- Les couchettes sont trop étroites, j'arrivais plus à respirer.

- J'avoue que c'est pas les plus confortables mais je me doute qu'elles ne sont pas ton plus gros problème. Je me trompe ?

- Non... J'ai pris une décision.

- Et c'est quoi cette décision ?

- Quand on rentrera à Toulouse, je quitterai l'appart de Flo.

- Pardon ? Non ! Hors de question que tu te retrouves à la rue.

- Je ne peux plus rester chez lui... Il aime Flavie, elle l'aime, ils vont sûrement se remettre ensemble dans les mois qui arrivent. Je suis de trop dans sa vie désormais.

- Florian n'aime pas Flavie !

- Ce qu'il s'est passé ce midi...
Avant il aurait couru pour me consoler mais il a préféré s'occuper de Flavie et me laisser pleurer seule.
Je ne suis plus sa préoccupation, il m'a oublié.

- Lise tu crois que j'ai pas compris ? Je sais qu'entre vous c'est plus qu'ambigüe.
Et je t'assure que vu la façon dont il avait l'air de t'aimer, ça m'étonnerai qu'il t'ai oublié en deux jours.
Il doit y avoir un malentendu.

- Même si il y en avait un... Je ne suis pas prête à me mettre dans une relation, il le sait. Il ne m'attendra pas.
Il n'en est pas capable. A choisir il prendra Flavie, elle est sûrement plus saine d'esprit que moi...

- Flavie saine d'esprit ? Tu rigoles ?

- Elle au moins elle ne se braque pas dès qu'on la touche, elle n'a pas de problème d'abandon, elle n'est pas SDF...

- Mais toi tu le rends heureux !

- Audrey, Florian et moi on s'est embrassés...
Et tu sais quoi ? J'ai adoré mais pendant quelques secondes, j'ai pensé à Mathias.

Mon amie devient soudain silencieuse, son visage se tord face à cet aveux auquel elle ne peut rien ajouter.

- Tu penses qu'il a les épaules pour entendre ça ? Ça le blesserai... Et je ne veux pas le blesser...
Je l'aime tu sais ? Mais je l'aime trop pour l'utiliser comme pansement. Il pourrait sûrement soigner mes peines mais à quel prix ? Est-ce que c'est pas lui que je vais user à la longue ? Ça fait des jours que je pense à tout ça et même si ça me fait mal de le voir avec Flavie, peut-être qu'au final c'est pas plus mal. Au moins il sera heureux.
Moi je ne le rendrai pas heureux.

Audrey soupire longuement en fixant le vide.

- Je te laisse réfléchir, moi je vais dormir.
Essaye de ne pas trop tarder. Fini t-elle par déclarer avant de s'en aller.

•09:12•

Antoine m'a tiré de force jusqu'à la scène où les garçons répètent. Il m'a vu seule dans un coin et a été pris de pitié.
Dans l'idée c'est gentil mais me ramener près de Flo n'était pas l'idée du siècle pour me faire aller mieux. Tout le monde est en cercle en train de discuter : Wawad, Antoine, Oli et Flo. Je ne me compte pas dans le lot car depuis que je suis ici je n'ai pas ouvert la bouche.
Adossée contre un caisson noir, les bras croisés, j'attends patiemment que ça passe : la discussion, le concert, la tournée... Je lève les yeux et m'aperçois que Flo était en train de me fixer, je soutiens le regard par égo.
La situation me fait mal, comment avons pu nous détester à ce point alors qu'il y a peine trois jours nous étions en train de nous embrasser passionnément devant la Garonne ? Tout est si éphémère...

- Vous avez trouvé un remplaçant pour le son ? S'informe Wawad.

- Ouais, Sam nous a trouvé quelqu'un. Oh bah ! Quand on parle du loup ! Scande Oli, regardant une silhouette se rapprocher de nous.

Je n'y prête pas attention au risque de passer pour une impolie. Moi, tout ce que je veux c'est rentrer à Toulouse. Aucune envie de sympathiser avec cet ingé son.

- Yo l'équipe ! Enchanté tout le monde !

Mon coeur rate un battement, mes muscles se crispent.
Cette voix... Heureusement que je suis adossée à un caisson sinon je me serais sûrement écroulée au sol.
Mes mains tremblent de manière irrationnelle, je ne sais où les cacher. Ses deux yeux bleu croisent les miens, il n'a pas l'air surpris de me voir, au contraire.

- Bienvenue mec ! Tu t'appelle comment ? Demande Wawad.

- Je m'appelle Mathias Leroy.

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