21 .sifflement aïgu.

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Florian Ordonez • 13/12/2017 • 13:10

Nous voilà arrivé à Bordeaux, le concert a lieu demain.
J'ai passé ma matinée dans le tourbus à jouer à FIFA avec les gars.
J'évite au maximum Flavie qui est assise à une table dans la pièce d'à côté, elle semblait d'ailleurs très triste tout à l'heure.

- J'ai ultra faim pas vous ? Lance Wawad.

- Apparemment le repas est servi au catering. Intervient mon petit frère.

- On bouge ! Rajoute Antoine.

Ils posent tous leur manette et s'empressent de sortir du bus. Oli s'apprête à partir lorsqu'il se retourne et me fixe d'un air curieux.

- Tu ne viens pas manger ?

- Non je n'ai pas faim.

- Ok, tant pis...

Il sort et laisse la porte ouverte au passage.
J'apperçois Flavie toujours assise à côté, elle pianote sur son portable, les cheveux devant la figure sans dire un mot. Je me lève et viens m'asseoir face à elle, ses yeux se posent sur moi.

- Ça va ? Questionnais-je.

- Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Soupire t-elle en jouant avec ses manches.

- Rien, t'as raison.
Mais si tu veux te confier, je t'écouterai quand même.
Parce que t'as été ma priorité pendant quatre ans.

- En faite... J'attends mon amie, elle doit passer me prendre dans 10 minutes.

- Ok et ça m'explique pas pourquoi t'es triste ?

- Parce que je me dis que je ne te reverrais peut-être jamais.

- Tu ne déménages pas à Toulouse ?

- Oui mais t'as pas envie de me voir, je pourrai pas te forcer...

- C'est pas ça.

- Quoi « c'est pas ça » ? Tu ne supportes plus ma présence.
Oli m'avait invité à rester au concert demain soir mais je vois bien que tu es mal à l'aise à cause de moi.
Alors j'ai refusé.

- J'ai peut-être été dur, je te l'accorde.
On peut quand même essayer de rester amis...
Ta présence ne me dérange pas, je sais juste pas quoi te dire parce que notre relation s'est pas forcément terminée en bons termes. Mais si tu veux on pourra se revoir quand tu sera sur Toulouse, histoire d'arranger les choses.

Je l'aperçois peu à peu retrouver le sourire, au fond ça me fait plaisir. Je l'ai aimé trop longtemps pour pouvoir me réjouir de sa souffrance, peu importe à quel point elle m'a fait du mal je ne lui souhaiterai toujours que du bien.

- Bon, je vais aux toilettes. Déclarais-je pour briser le silence.

- Tu peux me prêter ton portable ? Il faut que j'avertisse mon amie que je vais au concert demain soir et je n'ai plus de batterie.

19:00•

< Moi à Lili 🎨
Bien arrivé à Bordeaux.
En vrai je crois que deux semaines sans te voir ça va être un peu long.

< Moi à Lili 🎨
Hey, ça va ? Tu ne réponds pas ?
Si t'as un problème n'hésite pas à m'en parler.

Je commence à m'inquiéter, je n'ai pas eu de nouvelles depuis un moment alors que d'habitude elle répond dans la minute.

- Tu viens Flo ? Toute l'équipe est en loges, si t'as le cafard ça n'est pas la meilleure solution de t'isoler. Intervient Oli dans mon dos.

- Non j'ai pas le cafard.

- Alors viens.

Je le laisse me tirer avec tout le monde sans broncher, par peur de le décevoir. Après ça, nous avons passé la soirée à jouer à divers jeux tous aussi bizarres les uns que les autres. Je n'ai toujours aucune réponse de Lise ce qui commence sérieusement à m'inquiéter.

14/12/2017 • 19:30

Oli et moi sommes juste derrière la scène.
L'intro démarre, j'entends la foule crier « Bigflo et Oli » avec entrain. Je tourne la tête et aperçois mon frère le sourire aux lèvres, j'aimerai être aussi enthousiaste que lui à l'idée de monter sur scène.

- Je sens que ça va être fou ce soir. S'enthousiasme t-il.

J'acquiesce et enfile mes ears.
L'instrumentale du premier son démarre, je suis le premier à devoir monter sur scène pour rapper.
Mon cœur bat la chamade, j'ai l'impression qu'il va me transpercer la poitrine. Je ne comprends pas pourquoi je stress autant, c'est pourtant censé être naturel pour moi de me produire devant des milliers de personnes.

- C'est bientôt ton tour, prépare toi. Lance Max en tapotant mon épaule.

Je me place devant l'entrée de la scène en attendant un signe de la régis qui ne tarde pas à m'en faire un.
Je monte les marches en fer, la salle s'étend face à moi, des centaines de visages en train d'hurler mon nom : tout mon corps est crispé, je me sens comme paralysé.
J'attends quelques secondes de plus puis commence à contre-coeur mon couplet. J'y met l'énergie que contient mon corps c'est à dire assez peu puis arrive le tour d'Oli qui en comparaison donne beaucoup plus que moi.
Pourquoi suis-je si faible en ce moment ?
Mon frère me lance des regards inquiets, il a bien remarqué que je n'étais pas comme d'habitude.

Je garde une boule dans la gorge tout le concert mais je m'efforce de donner le maximum au public. Vient le moment de « Personne », la dernière musique du concert, il est prévu dans le show que nous marchions au milieu de la foule mais rien que d'y penser mes jambes deviennent fébriles.

- Oli je ne peux pas aller dans la fosse, je ne me sens pas... Lui chuchotais-je dans l'oreille.

- On a pas le choix, ça fait partie du show, t'inquiète ça va aller. Souffle t-il en tapotant mon ventre avant de s'en aller à l'autre bout de la scène.

Je regarde la fosse en déglutissant, nos gardes du corps crient au gens de s'équarter pour que nous puissions circuler. La foule crie, se bouscule, s'écrase...
Je n'ai aucune envie d'y aller.
Romain me tends la main pour que je le rejoigne, après quelques secondes d'hésitation je me laisse glisser en dehors de la scène, il m'attrape le bas des jambes et me porte au-dessus des barrières.
Les gens tendent leurs mains pour me toucher, certains se contente de ça mais d'autres m'agrippent pour m'attirer vers eux, mon cœur bat de plus en plus vite. Mon angoisse est totalement en train de me contrôler et pas l'inverse.

- Les amis on est des êtres humains pas des animaux, laissez nous respirer ! M'agaçais-je dans le micro.

Malgré mes avertissements, la foule continue son agitation, je me sens écrasé, oppressé, compressé. Oli parle dans le micro derrière moi mais je n'arrive pas à comprends ce qu'il dit. Nous devons atteindre la plateforme au millieu de la salle, monter dessus et faire le refrain. Plus on avance, plus j'ai l'impression que les plateformes s'éloignent.
La salle tourne autour de moi, la main d'Oli se pose sur mon épaule, il me dit quelque chose mais je ne comprends pas grand chose. Ma vision se brouille petit à petit puis d'un coup mon corps vacille sur le côté.
Des cris au-dessus de moi m'assourdissent.
Je ne comprends plus rien à ce qui se passe.
Je crois reconnaître la voix de Romain et d'Oli m'hurler des choses inaudibles. Mon seul repère est le sol froid contre ma joue. Un sifflement aïgu retentit dans mes oreilles et mon coeur martelle contre ma poitrine.
Après ça je n'ai plus eu aucun souvenir.

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je t'attends à la gareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant