77 .bourrasque.

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Florian Ordonez • 30/05/2018 • 10:15

J'ouvre péniblement les yeux et place mes doigts sur mes tempes. J'ai une nausée et un mal de crâne horrible.
En regardant le décor qui m'entoure je me rends vite compte que je ne suis pas chez moi mais chez Oli.
J'essaye de me concentrer sur ce qui a bien pu me mettre dans cette situation mais rien ne me vient.
Je me rappelle avoir bu deux ou trois verres de vodka mais je ne me souviens pas de la fin de soirée, même si mon état me permet d'imaginer que je ne me suis pas arrêté à trois verres.

Titubant, je sors du lit et ouvre la porte.
Ébloui par la lumière du salon, je me raccroche à l'encadrement lorsque mon frère arrive vers moi avec un Doliprane et un verre d'eau.
Reconnaissant, je le prends et l'avale.

- Je suis désolé. Déclarais-je.

- C'est plus simple de demander pardon que de faire gaffe à ce qu'on fait.

- Qu'est ce qu'il s'est passé exactement ?

- J'étais avec Antoine en train de discuter quand Lise est apparue face à moi complètement paniquée et m'a demandé de l'aide.

- Comment ça Lise ?

- Tu l'a appelé bourré. Je ne sais pas quelle bêtise t'as bien pu lui raconter mais elle s'est inquiétée.
Au point où elle s'est déplacée elle même, elle est venue en boîte pour s'occuper de toi.
T'étais dans les toilettes, ivre, en train de vomir partout.

- J'ai appelé Lise ? Bourré ?! Et elle est venue ?!

- Regarde ton journal d'appel.

J'allume mon portable et sens mon cœur s'accélérer en voyant les sept appels que j'ai lancé avant qu'elle décroche.
Elle doit me haïr désormais.

- Qu'est-ce que j'ai fait ?! Qu'est-ce qu'elle a dit ?!

- Tout ce que t'as été capable de faire c'est vomir, essayer de l'embrasser et lui hurler dessus pour savoir qui était le Monsieur qui vivait avec elle.

- Mon Dieu mais... Elle a réagi comment ?! Elle me déteste ?!

- Non, elle était juste morte d'inquiétude. Je crois que tu te rends pas bien compte de l'état dans lequel t'étais.
Je sais pas ce que t'as bu mais t'étais plus du tout toi même.

- J'ai honte...

- T'as bien raison.

- Tu m'en veux ?

- Oui, parce que tu fais n'importe quoi de ta vie, t'écoute personne, tu ne fais pas attention à ta santé et après tu t'étonnes d'être au fond du trou.

- Oli... Je suis désolé.

- Je le sais... Mais ça ne change rien.
J'attends des actions moi.

- J'essaye mais j'ai de plus en plus de mal.
Lise est plus là alors...

- Sors son prénom de ta bouche deux minutes ! C'est possible ?! Je te parles de toi ! Tu t'es mis une race hier ! T'as jamais bu d'alcool ! Tu crois que ça m'a fait plaisir de te voir comme ça ?! À dormir sur la cuvette des chiottes puant l'alcool et le vomis ?! Tu tenais à peine debout ! J'ai du te porter pour te ramener chez moi ! J'ai du t'aider à te laver ! Mais Flo t'as perdu la tête ?! Hurle t-il. Quand est-ce que tu va reprendre ta vie en main ?! Quand est-ce que tu va penser à tous tes proches encore là ?!
J'ai mal moi aussi ! J'ai mal de te voir si bas ! Normalement c'est toi mon modèle ! Je suis censé prendre exemple sur qui maintenant ?!

Mon estomac se serre, il a raison : je ne pense pas assez à lui. Je ne veux pas perdre tout le monde mais je ne sais plus quoi faire.

- Excuse moi je t'en pris. Je sais que je ne suis pas le grand frère idéal en ce moment mais je te promet que je vais me reprendre... Laisse moi juste un peu de temps.

- J'attends de voir ça. Souffle t-il. Tu peux me laisser maintenant ? Vi va passer dans dix minutes.

-Vi ?

- Violette.

- Oh... Ok, je vous laisse alors.

J'attrape ma veste et regarde mon frère une dernière fois avant de quitter l'appartement.

01/06/2018 • 01:30

J'ai passé ma journée à regarder la trilogie entière du « Seigneur des Anneaux ». J'avais besoin de me concentrer sur quelque chose pour arrêter de penser.
C'était sûrement la pire des décisions puisque désormais je suis incapable de trouver le sommeil.
Je tourne, je tourne et je tourne dans mon lit, irrité par chaque petit bruit que fait le sommier.
Désespéré, je quitte mon lit pour enfiler un tee-shirt et un pantalon. C'est tout de même une drôle d'habitude de sortir s'aérer quand on arrive pas à dormir, ça n'est sûrement pas ça qui m'aidera à diminuer mes cernes.

•01:57•

J'arrive devant le grand bâtiment qu'est la gare Matabiau.
Marchant le long du quai, je repère le petit coin dans lequel était toujours assise Lise. Je m'y installe lentement et me recroqueville comme elle le faisait toujours avant.
Mes yeux se ferment : j'ai l'impression de nous revoir tous les deux ici à discuter pendant des heures, le bruit des trains ponctuant nos phrases. C'est bizarre mais j'ai mis du temps à me rendre compte que je développais des sentiments, pourtant quand j'y repense je me suis toujours comporté comme un homme amoureux avec elle.
Sûrement que quand on est fait l'un pour l'autre, notre inconscient le sait.

Dans un soupire las, je me relève et m'avance face aux rails attendant que la lumière lointaine du prochain train se rapproche. Son bruit devient de plus en plus fort m'assourdissant au moment où il passe devant moi.
Ma casquette ne résiste pas à la bourrasque et s'envole quelques mètres plus loin.
En la cherchant des yeux, je finit par la repérer entre les mains d'une silhouette aux cheveux longs.

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