Il a la gloire et l'argent, elle n'a même pas de maison.
« -Tu n'es pas heureux ?
-Nan, je ne le suis pas plus que toi.
Et c'est pas ma montre en or qui atténue mes peines Lise.
-Je m'en doute. Mais pleurer pour une femme, pour de la fatigue ou pour...
Les bras de Florian s'enroulent délicatement derrière moi et sa tête se dépose sur mon épaule. Je ne le repousse pas, je n'en ai pas envie, c'est pourtant ce que je ferai en temps normal. Nous ne parlons pas, nous nous contentons d'observer la lune au dessus de nous. Être dehors dans la nuit me rappelle tous ces moments seule passées à la gare et sa présence me rassure comme elle me rassurait déjà avant. Sans un mot, l'Argentin sort son portable et ouvre Spotify. Une musique démarre, les premières notes se font entendre puis la voix de Jacque Brel retentit. Je me retourne face à lui et fronce les sourcils d'un air intrigué.
- Quand on n'a que l'amour ? Murmurais-je reconnaissant le titre.
- Tu aimes bien cette musique ?
- Oui, elle est jolie.
- J'ai toujours rêvé de danser dessus avec une belle femme.
- On va devoir en trouver une alors...
- Arrête de dire des bêtises... Rit-il en m'attrapant les mains pour me faire danser.
- Je ne sais pas faire. Avouais-je, amusée par la situation.
- Moi non plus.
Je m'appuie sur son épaule tandis que mon autre main s'enlace dans le sienne. Il me maintient par la taille et nous rapproche avec hésitance avant de commencer à tourner maladroitement. La nuit, complice silencieuse de cette danse, semble observer avec bienveillance notre rapprochement.
- Tu va comment Florian ? Demandais-je d'un ton soucieux.
- Bien. Depuis que tout va mieux entre nous je vais bien.
- Et physiquement ? T'es pas trop épuisé ?
- J'y pense plus quand t'es là.
Flattée, je ricane légèrement et dépose ma tête sur son torse tout en remontant mes mains sur sa nuque. Son cœur bat vite, je le sens résonner contre mon oreille. Mon nez est imprégné de son odeur réconfortante et mon visage de la chaleur qu'il émane. Je ne me suis jamais sentie aussi apaisée contre lui ; comme si toutes mes inquiétudes disparues, je réalisais enfin qu'il était l'homme qu'il me fallait.
- Toi qui détestes le contact... Je suis un peu surpris. Ricane t-il.
- Je crois que c'est pas pareil avec toi.
- Et qu'est-ce qui change ?
Mes pieds s'ancrent sur le sol stoppant notre timide valse. Nos regards se croisent dans l'obscurité et c'est comme si le monde entier avait disparu. Sans un mot, ma bouche s'approche de la sienne. Il scelle le faible espace qui nous séparait pour que nos lèvres puissent terminer la danse que nos jambes avaient commencées. Dans ce baiser se reflète notre affection, notre reconnaissance, nos rêves, notre désir d'être heureux et notre amour peut-être... Les mains délicates du rappeur caressent ma taille puis dessinent la forme de mes hanches. Je migre de sa nuque jusqu'à ses joues un peu piquantes pour l'aider à approfondir le baiser passionné que nous nous partageons. Plusieurs secondes s'écoulent avant qu'il se décide à stopper notre échange.
- Tout va bien ? Questionnais-je sans retirer mes mains de ses joues.
- Je ne veux pas qu'on fasse d'erreurs. Si t'es pas prête il vaut peut-être mieux attendre plutôt que de malmener nos sentiments.
- Flo... Les choses ont changés. Depuis que j'ai revu Mathias ça m'a débloqué pas mal de choses...
- Vraiment ? Où en sont tes sentiments pour lui ?
- La seule chose que je ressens à son égard c'est du mépris. Je m'excuse de t'avoir tant comparé à lui, de t'avoir tant repoussé par sa faute... Maintenant je réalise à quel point il n'est rien comparé à toi. À quel point il n'a jamais été à ta hauteur.
- Lise... Ricane t-il gêné par ces compliments.
- Je le pense. La façon dont tu me traites surpasse largement la façon dont il a m'a traité pendant 5 ans. T'es toujours attentif à ce que je ressens, tu veux toujours m'aider quitte à t'oublier, t'as toujours respecté mes envies, t'as jamais cherché à me manipuler... Flo avec toi je me sens en sécurité tant physiquement qu'émotionnellement. Et même si j'ai encore peur de donner ma confiance, à toi je la donne volontiers parce que je préfère souffrir que de m'interdire de t'aimer...
Ses yeux brillent. Est-ce la lune ? Est-ce des larmes ? Je préfère ne pas savoir. Je me contente de caresser son visage en souriant légèrement.
- Et tu crois en nous ? Renchérît-il.
- J'en ai envie oui...
- Tu me plais vraiment beaucoup Lise... Et encore, « plaire » n'est qu'un verbe que j'emploie pour ne pas te brusquer mais la vérité c'est que tu fais plus que de me plaire. À la base j'avais pas prévu de ressentir tout ça pour toi mais quand je te regarde je ne rêve que d'une chose c'est de t'embrasser.
- Et qu'est-ce que tu voudrais alors ?
- Ce que je voudrais ? T'aimer. T'aimer et pouvoir te le dire. Pouvoir le dire à tout le monde.
- Tu veux dire comme un couple ? Questionnais-je sans retirer ma main de sa joue.
- Ouais... Sourit-il un peu surpris. Ouais, carrément.
- Que je sois ta petite amie c'est ça ?
- Tu te sentirai prête ?
- J'ai plus envie de perdre du temps... Tu m'a déjà prouvé mille fois que t'étais capable de m'offrir le bonheur.
- Lise, tu veux qu'on forme un couple ?
- On en forme pas déjà un ? Regarde nous, on est beau l'un contre l'autre, non ? Ricanais-je tout en caressant ses cheveux.
Aussitôt, le brun enroule ses bras autour de ma taille et me décolle légèrement du sol tout en m'embrassant passionnément.
- Oulà ! Calmez vous ! Je m'en vais ! S'écrit Oli à quelques mètres.
Flo me lâche aussitôt et se retourne vers son frère posté plus loin.
- T'as pas l'impression de tout gâcher... ? S'agace t-il.
- Désolé... Vous êtes... En couple ?
- Non on est amis, ça ne se voit pas ?
Je reste silencieuse et me marre en les écoutant se chamailler. Finalement je me décide à remonter dans le bus et les laisser discuter. Mon cœur est si léger. Je sais que ce n'est qu'un moment de bonheur et que peut-être demain tout ira mal mais peu importe c'est une raison de plus pour en profiter.
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