7 .idiot matérialiste.

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Lise Garcia • 29/11/2017 • 07:00

La nuit ne fut pas de tout repos.
Malgré mes tentatives de m'endormir, un groupe d'hommes bourrés a rodé sur le quai ce qui m'a forcé à rester sur mes gardes. Je n'ai pas fermé un œil...
En ce moment je me sens terriblement faible et épuisée.
L'hiver dernier n'était pas si difficile à supporter, pourtant cette année je suis congelée.
Il faut aussi reconnaître que mes habits troués ne me sont pas d'une grande aide contre le froid. Je recroqueville mes jambes contre ma poitrine et essaye de me réchauffer comme je le peux. Les gens qui passent me fascinent, il y a deux catégories de personnes :
Ceux qui sont gênés ; ils n'osent pas me regarder dans les yeux, ils essayent de m'éviter pour ne pas que je leur demande de l'argent ou simplement parce que je les met mal à l'aise.
Et ceux qui au contraire me regarde avec pitié et insistance ; ils me dévisagent sans se préoccuper de ce que ça me fait de me sentir jugée ou exclue de la société.

Et puis il y a Florian qui est venu discuter sans que je ne lui ai rien demandé. Il m'intrigue beaucoup, il a l'air gentil mais j'ai appris à ne faire confiance à personne. En même temps je me demande ce que ça peut bien lui apporter de parler avec une sans-abri. Peut-être que si quelqu'un le voit cela le fera passer pour une âme charitable...
Les yeux rivés sur l'horloge de la gare, je ne sais trop ce que j'attends... Les minutes sont longues, le froid prends possession de mon corps et puis, bercée par le bruit des trains et de la foule, je m'endors la tête dans les genoux

09:30•

Mes yeux s'ouvrent, j'ai la sensation d'avoir une mitraillette dans la tête. À force d'être assise et courbée sur le béton, mon dos me fait mal et me tire à chaque mouvement.
Lorsque je tourne le regard, j'apperçois à ma droite la silhouette d'un homme assis sur le béton, le dos contre le mur, il porte une capuche et une sweat noir.
Son visage est baissé et ses jambes sont tendus.

- Qu'est ce que tu fais là Bigflo ?

Il relève vivement la tête et me regarde en souriant légèrement.

- Moi c'est Florian. Tu m'as fais comprendre que tu n'aimais pas Bigflo mais laisse une chance à Florian.

- Qu'est ce que tu fais là Florian ? Répétais-je agacée.

- Soit disant "tu ne dors jamais" donc j'attendais ton réveil pour te dire que je t'avais vu !

- Sérieusement ? T'as que ça à faire ? T'es pas rappeur normalement ? Va faire le tour de la France, va rapper mais pourquoi tu squattes la gare ?

- Je suis venu à la gare pour accueillir mon frère puisqu'il arrive à 10 heures mais comme je t'ai vu je me suis dis que j'allais l'attendre avec toi.
Ça te dérange ?

- Bah...

- Ça ne te dérange pas ! Parfait...

J'hausse les sourcils, il m'adresse un large sourire en retour ce qui me force à décrocher un léger rire, malgré moi. Lorsque je porte mon attention vers la gauche, j'aperçois une immense affiche : « BIGFLO & OLI ».
Suis-je en train de discuter avec un rappeur connu dans toute la France ? Au moins Florian n'a pas tord sur un point : je n'aime ni Bigflo ni Oli.
Leurs chansons sont si simplistes ; ils préfèrent dire que tout va bien dans le monde plutôt que de voir la triste réalité en face. Je n'aime pas leur image de gentils garçons, je trouve ça faux. Je les trouve tout bonnement simplets dans leur démarche.

- T'as l'air défoncée, ça va ? Intervient soudainement le brun.

- Non je ne suis pas défoncée.
C'est juste mon visage...
Mais ça fait toujours plaisir d'entendre ça.

je t'attends à la gareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant