Chapitre 9

73 14 16
                                    

Tout un apprentissage. Sortir à nouveau, se promener en ville sans frôler la crise d'angoisse, sans J.C. pour lui tenir la main. Elle avait commencé petit, telle une enfant, elle partait tôt le matin pour ramener le pain du boulanger. A mesure que les jours passaient, elle osait s'aventurer de plus en plus loin mais toujours avec cette boule au ventre. Depuis cette fameuse nuit au marché de noël, Axelonnie n'avait pas recroisé Samantha, à supposer qu'il ne s'agissait ni d'un fantôme, ni d'une hallucination. Toujours était-il que les deux dernières semaines s'apparentaient à un long fleuve tranquille. Alors elle avait rassemblé son courage et prit la décision de passer son début d'après-midi au starbuck, en plein centre de Nancy. Son macchiato caramel en taille venti et son cheesecake sur un plateau, Axelonnie s'était installée à une table lui permettant de surveiller l'entrée principale. Elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter et de craindre la subite apparition de Samantha. Alors autant assurer ses arrières. Bien qu'elle essayait de se concentrer sur ses recherches d'emplois, son esprit divaguait constamment, presque autant que son regard naviguant entre l'écran de son ordinateur et la sortie. Dans le fond, elle n'attendait que ça, l'apparition de Samantha, afin de demander aux clients s'ils la voyaient. Juste pour s'assurer qu'elle n'était pas folle. Sa recherche ne menait à rien. Rien d'intéressant en tout cas. Alors elle remballa ses affaires et partit avec sa boisson en main.

Elle enviait les passants qu'elle croisait. Elle enviait ces groupes d'adolescents, insouciant et riant aux éclats, inconscient qu'ils vivaient l'une des meilleures périodes de leur vie. Quoi que... Axelonnie se surprit à sourire. L'adolescence n'était pas la meilleure partie de sa vie mais ses trois années à l'université l'avait été. Elle se remémorait son choix de quitter Paris contre l'avis de ses parents, après le lycée. Un choix qui pouvait paraître idiot. Ses parents lui offraient la possibilité d'étudier dans les meilleures universités parisienne mais elle, elle désirait vivre dans la même ville que J.C., cet homme plein de charmes et d'humour rencontré sur un forum de discussion. Elle ne regrettait pas cette décision en dépit de la tournure des événements.

Axelonnie s'arrêta à un feu rouge. La seconde d'après, elle manqua de s'étouffer avec son macchiato en apercevant une voiture noire. Pas n'importe quel modèle de voiture, non... il s'agissait d'une mercedes de luxe, juste là, à quelques mètres d'elle. La blonde écarquilla les yeux, incrédule. Elle avisa l'hôtel devant lequel la voiture était stationnée. Un hôtel quatre étoiles, rien d'étonnant.

— Non, qu'elle murmura pour elle même.

Non... elle ne devait surtout pas s'en approcher. Elle ne devait surtout pas commencer à fouiner d'une manière ou d'une autre. Samantha possédait le même modèle et la même couleur de véhicule. Toutefois... Samantha n'était pas la seule à conduire une mercedes. Axelonnie traversa lorsque le petit bonhomme devint vert et lutta avec sa conscience. Peine perdue, au lieu de poursuivre droit devant elle, elle bifurqua sur sa gauche. Elle longea le trottoir et cessa son ascension devant un bâtiment à l'architecture d'art nouveau. Grand et imposant, cet hôtel puait le luxe et les magouilles en tout genre. Axelonnie s'approcha du véhicule afin d'examiner la plaque d'immatriculation. Elle fouillait dans sa mémoire dans l'espoir de se remémorer la plaque de Samantha mais impossible. Tout à ses réflexions, elle gonfla ses joues d'air. Devait-elle y voir là une coïncidence? Une piste? Et si sa tortionnaire se trouvait bien dans cet hôtel? Elle expira. Il n'y avait qu'une seule façon de s'en assurer! Axelonnie pénétra à l'intérieur de l'établissement.

La taille du hall d'accueil égalait l'appartement de J.C., si ce n'était bien plus. Loin d'être impressionnée par le tailleur prada de l'employée chargée du standard, Axelonnie vint à la rencontre de la secrétaire.

— Désolée madame, nous réservons les toilettes à nos clients seulement.

— Pardon?

Autant incrédule qu'offensée, Axelonnie haussa un sourcil et se permit de toiser l'employée du regard. Certe, elle ne portait aucun vêtement de grande marque mais sa famille pouvait se permettre de nager dans une piscine remplie de billets si elle le désirait.

— Je crois que nous nous sommes mal comprises. Je suis venue rejoindre une cliente pour négocier la vente d'un contrat. Samantha Ferreira. Savez-vous si elle est bien arrivée chez-vous?

L'employée semblait confuse d'une telle méprise et s'empressa de consulter sa base de données. Sa gêne s'amplifia lorsqu'elle annonça l'absence d'une Samantha Ferreira chez eux. Axelonnie s'efforça de sourire, conciliante.

— Je vois, son train doit probablement avoir du retard. Je vais l'attendre ici dans ce cas et ne vous inquiétez pas, je ne compte pas utiliser vos toilettes.

Une petite pique chargée de reproche mais elle ne l'avait pas volée. La blondinette se détourna de la standardiste pour prendre place sur un des fauteuils moelleux. Elle avait l'impression de s'installer sur un nuage cotonneux. Le paradis. Elle ne se laissa toutefois pas distraire et extirpa son ordinateur ainsi que sa clé USB de son sac. Peut-être qu'il n'y avait pas de Samantha Ferreira mais elle avait très bien pu s'enregistrer sous une fausse identité. Si Axelonnie pouvait ne serait-ce que jeter un coup d'oeil à la base de donnée, elle pourrait alors se rassurer un minimum.

La petite blondinette fit craquer ses phalanges et se lança dans son opération de piratage. La première étape étant de trouver l'adresse mail de l'hôtel. Chose simple et réalisée en à peine une minute, à partir du moment qu'elle avait partagé sa connexion 4G avec son ordinateur. Il lui suffisait d'envoyer un courriel avec une pièce-jointe infectée afin de pénétrer dans la base de donnée. On pourrait croire la manœuvre plus compliquée mais ça n'était malheureusement pas le cas. Peu de structure était convenablement équipée contre les piratages. Il lui suffisait d'attendre qu'une personne ouvre le cheval de troie.

— Qu'est-ce que...

Axelonnie fronça les sourcils. Tout ne se déroulait pas exactement comme prévu. Le mail avait bien été ouvert mais... c'était son ordi qui se trouvait infecté. Elle soupira de frustration et s'affaira aussitôt sur son ordinateur pour mettre fin à ce fiasco. Ses doigts s'activaient sur le clavier lorsque quelqu'un se racla la gorge juste derrière elle.

— Je peux vous aider?

La voix derrière elle appartenait à un homme alors elle n'y prêta pas attention. Ce n'était pas comme si c'était Samantha à ses arrières. Alors elle continuait à s'échiner mais l'homme contourna le fauteuil pour prendre place à côté d'elle. A son aise, il s'affala et la fixa. Cette fois-ci, Axelonnie comprit qu'elle avait tout intérêt à se préoccuper de la présence de l'étranger. Elle leva ses yeux vers lui. Il souriait, amusé de la situation. Si seulement elle savait pourquoi. Ce genre de comportement la stressait. Ses mains devenaient moites, d'un coup.

— Je peux savoir qui vous êtes?

La question le mit en joie comme si il n'avait attendu que ça. Il se redressa convenablement sur son siège et tendit une main en direction d'Axelonnie.

— Maxime Deschamps. C'est mon système de sécurité que vous avez tenté de déjouer.

Oh. La tuile.

Où que tu sois... je te retrouveraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant