Chapitre 15

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Il attendait un hurlement, un déluge de questions ou pire encore. Il attendait le moment fatidique où elle prendrait la fuite, terrorisée. Rien de tout cela ne se passa. Ils restèrent une poignée de secondes immobiles, à se regarder. Les éclairs dansant dans le fond de ses yeux fascinaient tellement Axelonnie qu'elle oubliait complètement la manette enflammée. Leurs souffles se mélangeaient, ils se heurtaient tant leurs visages étaient proches. Le rouge montait aux joues de Maxime.

— Vous m'écrasez.

Il fut assez galant pour ne pas préciser qu'en cet instant précis, le genou d'Axelonnie l'émasculait. Probablement car il était déjà suffisamment dans l'embarras. L'information mit du temps à faire son chemin dans l'esprit de la blondinette.

— Oh, désolée.

Confuse, elle se redressa vivement et Maxime l'imita. Sans perdre d'avantages de temps, il attrapa un plaid sur le canapé afin d'étouffer les flammes. Axelonnie se maudissait de son manque de réactivité mais d'un autre côté, elle ne réalisait pas encore ce qu'elle avait vu. Ce qu'elle avait cru voir? La gêne persistait, palpable et étouffante. Axelonnie se mordillait la lèvre, évitant soigneusement de le fixer comme une bête curieuse. Quant à Maxime, il enfonçait ses poings dans les poches de son costume, ne sachant pas quoi en faire, ne sachant que faire de manière global.

— On ne pourra pas dire qu'entre nous, ce n'est pas électrique.

La tentative d'Axelonnie pour détendre l'atmosphère arracha un sourire à l'informaticien. Elle mentirait en prétendant ne pas avoir peur mais une part d'elle était exaltée. L'excitation dominait ses craintes et surtout, elle se sentait soulagée. Qu'importe ce qu'elle était en train de vivre, elle n'était pas folle. Elle pouvait prendre Maxime à témoin. Les ampoules, la télé, la manette... le tout ne s'était pas enflammé tout seul. Il était responsable de tout ça! Les éclairs dans les yeux, bien que disparus, existaient. Elle n'avait rien inventé!

— Vous devez sûrement avoir des questions...

— Des tonnes, qu'elle confirma.

L'euphorie avec laquelle elle répondit le déstabilisa. Il espérait ne pas être tombée sur une illuminée. Axelonnie tourna les talons pour se rendre dans la cuisine. Elle hésitait entre un bon cognac ou une tasse de thé fumante. Elle décida de se montrer raisonnable et chauffa de l'eau. L'informaticien la rejoignit et prit place sur un siège.

— Vous êtes quoi au juste? Un alien? Un démon? Ou une espèce de mutant?

Exaspéré, il leva les yeux au ciel.

— Un sorcier.

Un cri hystérique lui perça aussitôt les tympans. Axelonnie se mit à sautiller sur place, se tapant dans les mains. Un monde nouveau s'ouvrait à elle. Cela suffisait à écarter d'un coup de baguette magique ses soucis du moment.

— Comme dans Harry Potter?

— Non.

— Comme dans Charmed?

— Non plus.

— Comme dans-

— Rien du tout, qu'il coupa déjà à bout de patience.

Sans son intervention, elle aurait été capable de continuer ainsi pendant des heures. Bien qu'elle comprenait Maxime, elle n'appréciait pas le ton employé. Alors en lui servant sa tasse de thé fumante, elle s'arrangea pour le remplir à ras bord, de sorte à ce que porter la tasse jusqu'à ses lèvres devienne un véritable défi.

— Donc pas de baguette magique, vous êtes certain?

Il se contenta de la fixer, déjà blasé. Il regrettait amèrement la tournure des événements. La blondinette sucra son thé plus que de raison, pensive. Son euphorie, petit à petit, lui échappait car très vite, la réalité la rattrapa. Si les sorciers existaient alors quoi d'autres? Samantha, simple hallucination ou véritable morte-vivante? Quant à sa marque... devait-elle lui en parler? Prise par le doute, elle se dandinait sur ses deux pieds.

— Une envie pressante?

Elle ne comprit pas tout de suite la boutade de Maxime, trop absorbée par son dilemme.

— Ah. Non. Juste... je peux vous montrer un truc?

Loin d'être rassuré par une quelconque demande venant de ce phénomène de foire, Maxime hésita à répondre. Finalement, il accepta d'un hochement de tête, non sans lâcher un soupir. Axelonnie inspira profondément et se retourna. Elle tassa ses cheveux sur le côté et tira sur son col roulé pour que Maxime ait une vue imprenable sur la marque.

— C'est apparu en plein milieu de la nuit. C'est pour ça que j'ai appelé J.C. et qu'il vous a demandé de me surveiller ensuite.

— Il est au courant pour la marque?

— Non, surtout pas.

Elle se retourna si vivement que Maxime en fut surpris. Axelonnie n'avait pas réalisé qu'il avait quitté son siège pour se rapprocher d'elle. Elle leva la tête à s'en tordre le cou pour soutenir le regard du sorcier.

— Vous avez une idée de ce que c'est?

Bien que ça l'embêtait de l'admettre, il n'avait pas la moindre idée du pourquoi ou du comment et encore moins de qui. Un sombre mystère qu'il comptait bien l'aider à découvrir et cela, pour bien des raisons. La première étant son amitié envers Jean-Christopher.

— C'est la première fois que je vois ça. Par contre je sais où on peut avoir des réponses.

L'espoir se lisait soudainement sur le visage d'Axelonnie. Enfin quelqu'un pour l'aider, l'aiguiller et la conseiller. Enfin, elle n'était plus seule. Déjà qu'avec J.C. elle se sentait entourée mais là, c'était différent. Elle venait de rencontrer quelqu'un pouvant la soutenir dans ses interrogations. Elle n'avait plus à craindre d'être prise pour une folle.

— Vous êtes libre ce soir? Une fête un peu particulière nous attends.

Où que tu sois... je te retrouveraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant