Chapitre 10

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Elle ouvrit la bouche pour parler mais elle en était bien incapable. Dans certaine situation, garder le silence restait la décision la plus sage. En une seconde à peine elle pâlit, s'imaginant déjà derrière les barreaux. Ou pire encore, avec une amende dépassant les trois zéros. Sa famille possédait l'argent, elle non. Maxime continuait de la regarder, ses yeux d'un vert limpide la sondant en profondeur. Sa main toujours tendu vers Axelonnie, il patienta quelques secondes avant de la poser sur l'accoudoir de son fauteuil. Elle se maudissait intérieurement pour ce manque de savoir vivre mais l'idée de serrer la paluche au gars susceptible de ruiner sa vie... hum... ça ne la tentait pas réellement.

— Vous auriez tenté votre chance une semaine auparavant, vous n'auriez pas eu autant de soucis. Malheureusement, le patron de l'établissement a souhaité renforcer la sécurité de son hôtel. Il a donc fait appel au meilleur.

Il ne manquait ni d'aplomb ni d'assurance. En même temps il n'était pas pris en flagrant délit de hacking. Axelonnie frotta ses mains devenues moites contre son jean, détournant les yeux. Persuadée que d'une seconde à l'autre des gars baraqués allaient débouler pour l'emmener, elle avisa la sortie d'un rapide coup d'oeil. Et si elle se tapait un sprint?

— Vous pouvez fuir si vous le désirez mais à présent je détiens des informations personnelles et compromettantes sur vous. Il me serait aisé de vous retrouver et de vous traîner en justice. Je n'aimerais pas en arriver jusque là.

Axelonnie fronça les sourcils. Elle se permit pour la première fois depuis leur rencontre de le détailler. Son costume à plus de mille euros en disait long sur les finances de ce Monsieur Deschamps. Ses cheveux châtains foncés détonnaient un peu avec son élégante allure. Coiffées en brosse, sa coupe ressemblait à un balai à chiotte mais étonnamment, ça ne manquait pas de charme sur lui. Son visage ovale se terminait par une mâchoire arrondie et un menton fin. Lorsqu'il souriait, ses lèvres fines laissaient apparaître une dentition parfaite. Un sourire hollywoodien.

— Vous attendez quoi de moi, exactement?

Car à présent, il lui semblait clair qu'il ne discutait pas avec elle pour passer le temps. Tout comme aucun vigile n'allait débouler. Il voulait quelque chose d'elle. Il croisa les jambes et Axelonnie remarqua la paire de mocassin en cuir à ses pieds.

— Je dois avouer que je suis assez impressionné par votre performance.

L'incrédulité s'imprimait sur la face d'Axelonnie. Elle pencha légèrement sa tête sur le côté, se demandant bien si là, il ne se foutait pas de sa gueule.

— Vous m'avez repéré et piraté en moins de temps qu'il n'en faut à Terry Jeffords pour terminer un yaourt!

Maxime plissa les yeux, réfléchissant à la référence de la blondinette.

— Brooklyn nine nine, qu'il s'hasarda.

— Oui.

Il opina de la tête, content de miser juste, et reprit le fil de la conversation.

— Vous vous êtes confrontés au meilleur, on ne peut vous en vouloir.

Quoi? Elle hallucinait devant tant d'égo. Axelonnie se mordit la lèvre afin de ne pas lui demander comment se portaient ses chevilles. Elle garda donc le silence, écoutant la suite.

— J'ai néanmoins trouvé votre petit virus des plus distrayants. Non, c'est vrai, mon système a bien failli ne pas le détecter. Presque seulement.

Il insistait sur sa dernière phrase ce qui exaspéra Axelonnie. Elle roula des yeux et lâcha un soupir. Il tournait autour du pot là, et ça commençait à l'agacer. Si le grand méchant loup devait la dévorer, autant savoir tout de suite si il allait la dévorer en sauce kébab ou en sauce tartare. Remarquant l'impatience de son interlocutrice, Maxime se décida à en venir au fait.

— Voilà plusieurs semaines que je suis à la recherche d'un employé compétent.

Sans plus tarder il extirpa de sa poche une carte de visite qu'il déposa sur la table. La situation devenait surréaliste pour Axelonnie. Son regard naviguait entre Maxime et la carte de visite. Ce n'était tout bonnement pas possible. Si? Elle n'avait jamais étudiée dans l'informatique. Tout ce qu'elle savait, elle l'avait appris par elle-même, sur le tas. Se pouvait-il qu'après l'énorme ouragan ayant dévasté sa vie, elle apercevait enfin le beau temps?

— Vous me proposez un emploi?

— Non, seulement un entretien. Téléphonez-moi demain matin pour que l'on convienne ensemble d'un rendez-vous.

Alors qu'il quittait l'hôtel, la blonde s'empara enfin de la carte de visite. Elle n'y croyait tout simplement pas. Comment une personne saine d'esprit pouvait proposer un job à la celle ayant tenté de le hacker? La chance lui souriait enfin! 

Où que tu sois... je te retrouveraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant