Chapitre 17

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Axelonnie n'en croyait tout simplement pas ses yeux. Subjuguée par le reflet du miroir, elle se regardait avec fascination et nostalgie. Ses mains se promenaient sur son corps, caressant le tissus raffiné qui composait sa robe à la coupe de sirène. Ses doigts s'attardèrent volontiers sur les perles onéreuses qui ornaient le vêtement.

— Elle est magnifique.

La blondinette se détourna de son reflet afin de reporter son attention sur Stella. Cette dernière siégeait tranquillement sur une banquette, une coupe de champagne à la main.

— Je sais c'est une de mes créations.

La modestie n'étouffait pas la sirène. Elle se savait belle, intelligente et talentueuse. Pourquoi donc feindre la modestie? Axelonnie se replaça devant le miroir, admirant le travail remarquable qu'avait accomplie Stella. Non seulement elle lui avait dégoté une robe des plus somptueuse mais elle l'avait également apprêtée. Son teint de porcelaine ne souffrait d'aucune imperfection et ses yeux claires étaient mis en valeur par un maquillage charbonneux.

— Tu acceptes les crédits sur 30 ans?

Stella éclata de rire.

— Non. Tu me prends pour quoi?

Elle avala une gorgée de champagne, exaspérée par la petite blonde. Depuis des heures, elle devait supporter une multitude de questions mais Maxime lui avait donné l'ordre de ne rien révéler sur le monde occulte. D'ailleurs, elle détestait Maxime pour l'avoir laissé seule avec la serpillière.

— Mais tu n'as pas à t'inquiéter. Maxime s'occupe de tout régler.

— Comment ça?

Axelonnie se retourna, autant gênée que surprise par la révélation.

— Joue pas la fille surprise. Tu savais bien en entrant dans cette boutique que les tarifs et la qualité changeraient de tes vêtements Tati. Tout comme tu savais bien que tu n'avais pas les moyens de t'offrir ce luxe.

Il n'était pas bien difficile de deviner les soucis financier de la blondinette. La sirène ne la qualifiait pas de serpillière pour rien. Axelonnie ne portait aucuns vêtements de marque et pire que tout... elle s'était ramenée dans sa boutique avec une paire de basket bon marché aux pieds. Un comble.

— Maxime t'emmène voir le haut gratin de la ville et des environs. Il a de l'argent, toi non. La déduction logique étant que ce soit lui qui paie pour te transformer en Cendrillon le temps d'une nuit.

Elle balançait ces vérités de manière désinvolte mais au fond d'elle, elle jubilait. Elle éprouvait un plaisir malsain à démolir cette femme dont elle ne savait rien. Non pas par jalousie... mais par simple pulsion, la nuit était déjà tombée et la pleine lune approchait de plus en plus. La part la moins humaine en elle espérait la voir pleurer... pire encore, elle désirait la mettre en charpie et dévorer son coeur encore chaud et palpitant. Axelonnie haussa un sourcil, hochant faiblement la tête comme pour digérer ces atrocités alors qu'un sourire ourla ses lèvres. La blondinette ignorait totalement les pulsions meurtrières qui animaient son interlocutrice.

— Tu as raison... ce soir je vais me transformer en Cendrillon. Grâce à toi je vais être la plus belle pour aller danser au bal alors je suppose que je dois te remercier.

Son sourire angélique, sa bouille innocente et ses belles paroles cachaient en réalité une profonde envie d'hurler, de crier sa colère et de l'insulter. Toutefois... Axelonnie connaissait ce genre de femmes et elle refusait de rentrer dans son jeu. Une perte de temps et d'énergies. Au même moment, la cloche tinta et la porte s'ouvrit sur Maxime. Les deux femmes se tournèrent vers lui.

Où que tu sois... je te retrouveraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant